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Interview : Affet Robot

par François Zappa

Affet Robot est l’un des artistes turcs qu’on a découverts grâce à notre interview avec aux animaux. On avait d’ailleurs déjà commenté son dernier EP. Originaire d’Istanbul, l’une de nos villes préférées, ce projet de darkwave/dark synthpop connaîtra, du moins on l’espère, un bel avenir et sortira victorieux de ces temps incertains que nous vivons. Vous pouvez écouter et acheter sa musique sur Bandcamp

—Quelle est la signification exacte d’Affet Robot : un robot qui pardonne, ou demandes-tu à un robot de te pardonner ? Quel est le concept qui se cache derrière ce nom ? Dans une interview, tu as parlé de dégénération provoquée par la technologie et de l’espace occupé par le monde virtuel.

Robot est une sorte de métaphore faisant référence à chaque chose malveillante créée par l’être humain. Et c’est insensé de dire « pardonnez-moi » aux maux sans pitié que l’on a nous-mêmes créés. Le nom Affet Robot (le Robot qui pardonne) vient de là. L’aliénation de notre nature ou la construction d’identités virtuelles (à cause de la technologie) ne sont que certains de ces maux. Donc oui, on devra probablement demander pardon à la fin.

Voici le manifeste d’Affet Robot :

« Celui qui crée toute catastrophe de sa main s’y trouvera piégé. Quand le jour viendra, il sera fou de chercher le pardon dans les maux sans pitié créés par cette même main. »

—J’ai lu que tu avais participé à d’autres projets musicaux auparavant. Voudrais-tu parler de quelque chose en particulier ?

—J’ai joué dans plusieurs projets musicaux avant Affet Robot, et je crois que chacun d’entre eux m’a aidé à comprendre ce que j’aime vraiment faire autant que ce que je ne veux pas. 😊

—On avait déjà posé des questions à She Past Away et aux animaux à propos de la scène goth en Turquie, mais ils ne vivent plus là-bas. Peux-tu nous en en dire un peu plus ?

Je crois que c’est difficile de la définir en tant que scène, car on est un tout petit groupe de musiciens ici et le public de ce style musical est très peu nombreux. À cause de cela, peu d’endroits ouvrent leur scène à ce genre. Cependant, de nouveaux projets naissent jour après jour et la popularité de la darkwave, de la coldwave et de la dark synth-pop augmente peu à peu.

—As-tu déjà eu des problèmes en Turquie à cause de ta musique ?

—J’ai un problème avec la vie chaotique en Turquie, cependant c’est aussi ça qui me nourrit et me permet de créer. C’est un piège duquel tu ne t’échappes pas. Parfois je pense à comment ma créativité serait affectée si je vivais dans un autre pays. C’est un grand mystère pour moi.

—Quelles sont tes influences ? Un groupe turc ?

—Le son à base de synthé des films et séries télé turques des années 80 et 90 a un impact sur celui d’Affet Robot. New Order, Joy Division, Depeche Mode, Blancmange, Tears for Fears et plein d’autres m’ont beaucoup influencé. Et bien entendu, She Past Away est également dans la liste. En plus de la musique, le cinéma indépendant, la peinture, la mythologie et la littérature turque sont d’autres sources d’inspiration pour moi.

—Lors d’une interview avec She Past Away, Volkan a déclaré que ses écrivains turcs favoris étaient les suivants : Tezer Özlü, Küçük İskender, İhsan Oktay Anar, Can Yücel, Sabahattin Ali, Nazım Hikmet. L’un d’entre eux (ou plusieurs) t’a-t-il influencé ?

Tous ces noms sont tellement précieux pour la littérature turque. On peut ajouter Yusuf Atilgan et Oruç Aruoba à la liste.

—J’ai également lu que tu avais fait des études de psychologie. Est-ce que ça influence ta façon d’écrire des chansons ? Est-il arrivé que tu écrives à propos d’un cas que tu as étudié dans le cadre de ton travail ?

Effectivement, j’ai étudié la psychologie et la psychologie clinique, et je peux dire que la psychologie humaine est le domaine dont je m’inspire le plus pour créer. Écouter différentes histoires, explorer leur monde intérieur me fait sentir plus sentimental et profond. Je ne pourrais pas écrire intentionnellement à propos d’un cas, mais je crois que toutes ces histoires fuient vers ma réserve d’émotions et se révèlent en paroles ou en mélodie lorsque le moment est venu.

—Comment a été enregistré ton premier album, Röntgen ? J’ai lu qu’il avait été réalisé chez toi, c’est vrai ?

Oui, Röntgen a été produit dans ma chambre et j’ai produit, mixé et masterisé l’album entier. Toutes les pistes ont été produites et enregistrées en 3 mois. Röntgen était une sorte de catharsis pour moi. C’est quelque chose qu’il me fallait révéler afin de pouvoir me sentir libre. C’est pour cette raison que je n’ai pas trop réfléchi à la production, je l’ai simplement enregistré et publié. Ça sonne brut, distordu et négligé.

—Ton nouvel EP, Huzursuz Seyirler, a été enregistré dans les Studios Red Bull à Amsterdam. Comment était l’expérience ? Comment t’ont-ils contacté ? Penses-tu qu’ils ont aidé ta carrière à décoller ?

Affet Robot a été invité à se joindre aux séries « Red Bull Warm Up », qui soutiennent les musiciens locaux en Turquie, et le clip de Röntgen a également été réalisé avec le soutien de Red Bull. Ensuite ils m’ont proposé d’enregistrer une chanson dans leur Studio Red Bull à Amsterdam et Huzursuz Seyirler a été enregistrée en deux jours. Je suis très reconnaissant envers Red Bull pour toutes ces opportunités qu’ils m’ont offertes.

—Pourquoi as-tu choisi de terminer ton nouvel EP avec une réédition de « Ihtimal » ?

Je voulais faire les arrangements de la chanson sous une perspective différente de celle de l’originale. Transformer les chansons que j’ai produites avec une compréhension différente est très stimulant.

—Récemment, tu as sorti un EP de remix avec (je crois) certains artistes turcs. Comment les as-tu choisis et que peux-tu nous dire à leur sujet ?

—J’ai eu l’idée d’un possible album de remix, et l’ai partagée avec mon ami Ilker qui avait mixé et masterisé l’EP de Huzursuz Seyirler. Il a remixé la chanson « Firtina » avec Men with a Plan (le projet musical de Ilker et Can). Ensuite Mind Shifter, Astrofella et Hanzo&Yaman ont remixé les autres chansons. Tous ces artistes sont mes amis et j’apprécie leur soutien.

—Comment le line-up du groupe a-t-il changé avec les années ? Je sais que tu es le membre principal, mais au début un autre gars jouait avec toi, et maintenant tu es accompagné d’une fille, non ?

—Tu as raison. Au début, Eser jouait de la guitare basse sur scène, mais le line-up a changé. Dorénavant, c’est Zeynep et moi sur scène, et elle joue du synthé.

—Quels sont les projets du groupe pour le futur ? Un concert en Europe ?

2019 a été une année bien remplie : 1 EP, 1 EP de remix, trois clips et les concerts. Je crois que 2020 sera encore plus intense. Je suis en train de travailler sur le second album studio qui sortira courant de l’été. En parallèle, on va jouer lors du Klang (à Rome, Italie) le 14 Mai, au Kalabalik Festival (à Alvesta, Suède) le 20 Août, et lors du Klubb DÖD au Snotty Seaside (à Stockholm, Suède) le 28 Août. D’autres dates seront bientôt annoncées. Je suis vraiment enthousiaste pour 2020.

Traduction : Emmanuelle Ambert

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