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Interview : Dr. Diablo and the Rodent Show

par François Zappa

Le mélange improbable entre les Cramps, le ciné de terreur en 3D, le rock ‘n roll des années cinquante et le rock gothique d’Alien Sex Fiend s’appelle Dr Diablo and The Rodent Show. Voici notre interview d’Andy Wilson, alias Ratfink, le rongeur de ce duo original. Ils présenteront leur spectacle pour la toute première fois en Espagne à Madrid, pendant le DarkMad. Le cimetière arrive !

—Votre premier disque avec Alien Sex Fiend, Here Cum Germs, sort en 1987. Comment avez-vous intégré le groupe ?

—En 1986, je jouais de la batterie dans un groupe de rockabilly appelé The Turnpike Cruiser, qui avait très bonne réputation. Le manager, John Bentham, possédait et gérait un label vidéo, Jettisoundz, spécialisé en punk, goth et indie. L’un de ses clients était Alien Sex Fiend, et John savait que j’étais un grand fan. J’appartenais même au fan-club des Fiends. Un soir, lors d’une répétition, il nous a dit qu’il nous avait programmés en première partie de quelques-uns de leurs concerts. Imaginez un peu ma joie. Comme j’avais déjà rencontré Nik Fiend à l’occasion de concerts, il me connaissait plus ou moins. Lors d’un concert en Écosse, alors que je faisais le soundcheck de ma batterie, j’ai décidé de jouer quelques rythmes des Fiends, car j’avais un son incroyable. Je ne savais pas que Nik et Mrs Fiend m’écoutaient au fond de la salle. Après plusieurs semaines, Nik m’a appelé et m’a demandé si je voulais faire une jam avec eux à Londres… euh. Bien sûr !! Ha ha ha !! C’est comme ça que tout a commencé pour moi. Les Fiends avaient tourné avec Alice Cooper, et Nik voulait de nouveau de la batterie en live. C’était moi qu’il voulait, on s’entendait vraiment très bien, il y avait une grande alchimie entre nous. Ma visite à Londres a marqué le début d’une grande amitié et de 7 ans de collaboration avec eux. Here Cum Germs était un bon album pour entrer dans ce monde fou des Fiend, et j’ai enregistré mes parties lors de cette première visite.

—Quel est votre album préféré parmi ceux que vous avez enregistrés avec Alien Sex Fiend ?

—Je me suis vraiment bien amusé en enregistrant avec les Fiends, mais je crois que Curse était mon préféré, car il a fait évoluer les Fiends dans un monde différent de samplings et de nombreux voyages expérimentaux avaient lieu pendant ces sessions. Il leur a aussi permis de faire un retour en Amérique pour une grande tournée couronnée de succès. C’était le bon temps.

—Que ressentiez-vous à l’idée de jouer dans l’un de vos groupes préférés ? Vous avez joué avec eux pendant sept ans, n’est-ce pas ?

—Pour être honnête, je n’ai rien vu venir. J’étais un jeune punk de 19 ans qui traînait avec ses potes, qui jouait dans des groupes, qui se droguait, qui écoutait de la musique, et qui s’amusait dans une petite ville du nord de l’Angleterre appelée Lytham. Être dans un groupe avec mes héros, c’était comme vivre dans mon film d’horreur préféré où j’étais le personnage principal. C’était bizarre. J’ai dû grandir très vite, j’avais des responsabilités que je n’avais jamais eues avant, mais j’adorais ça.

—Vous avez écrit un livre, Once Upon a Fiend, qui parle du temps où vous apparteniez à Alien Sex Fiend. Comment avez-vous eu cette idée et comment avez-vous commencé à l’écrire ?

—Waouh, ouais, c’était il y a 19 ans. Un de mes amis, Pete Mckenna, m’a contacté pour que je lui raconte mes souvenirs avec les Fiends. Il venait de sortir un livre, Nightshift, qui parlait de la scène de la Northern soul dans les années 1970. Un soir, il est venu chez moi avec du vin et un enregistreur, et il m’a interviewé, en me posant des questions similaires aux vôtres, haha. Environ un mois plus tard, je recevais une grosse enveloppe qui m’était adressée et sur laquelle était écrit LIS-MOI !!! C’était un script sur ma vie avec Alien Sex Fiend. J’ai finalement réussi à le publier après 6 mois de négociations avec les éditeurs. Once Upon a Fiend est pas mal, mais avec le recul, j’aurais parlé de certaines choses bien différemment. Je crois que Pete essayait de me faire dire de choses pour lesquelles je me sentais mal à l’aise et ça m’a permis de vider mon sac. Je suis vraiment heureux d’avoir eu la possibilité de raconter mon histoire, même si, avec le recul, ça me fait un peu honte maintenant.

—Après Alien Sex Fiend, vous avez fait partie d’un groupe appelé United States of Mind. Que pouvez-vous nous dire sur ce groupe plutôt méconnu ?

—Effectivement, c’était un groupe local que personne ne connaissait. Je l’ai monté avec l’un de mes amis, Alan Pill. USOM était un groupe psychédélique qu’on a monté juste pour s’amuser. On a donné quelques concerts et on a fait quelques enregistrements cool, mais c’était tout. C’était comme si Captain Beefheart et Hawkwind sous acide s’étaient associés.

—Que pouvez-vous nous raconter des débuts d’Uncle Fester ?

Uncle Fester était un groupe de punk rock dans lequel j’ai joué pendant dix ans après United States of Mind. Il est né peu après que j’aie été dans le groupe Dog Food de Blackpool, où je jouais des trucs à la Iggy Pop and the Stooges. On a fait une tournée au Royaume-Uni et on a sorti 5 albums. On avait de bonnes chansons, mais le groupe a fini par disparaître aux alentours de 2011. On a changé le nom en UFX en 2006, car on n’arrêtait pas de nous confondre avec un groupe de metal stupide des États-Unis, et ça nous énervait tous, haha.

—Comment a été inventé le terme « junk rock » ? Pensez-vous que c’était la meilleure façon de décrire votre musique ?

—Ouais, carrément, du punk rock vulgaire et agressif !!!! À l’époque, j’avais aussi créé un site Web appelé Junkrock.com. J’ai interviewé beaucoup de groupes qui selon moi, appartenaient au genre : Backyard Babies, Hellacopters, Gluecifer, Turbonegro, Nashville Pussy, Stooges, Dead Boys, Mc5, entre autre. Vous voyez ce que je veux dire !

—Comment est né le Vince Ripper and the Rodent Show ? Au début, il s’agissait d’un projet basé sur le garage des années 50-60, non ?

—Vince était un DJ très populaire il y a quelques années, et on a créé un spectacle live basé sur le programme de radio de Mad Daddy (Pete Myers) de la fin des années 50, début des années 60. Un genre de truc Ghoulardi et Screaming Lord Sutch. Vince lançait les morceaux et j’étais le mec bizarre qui présentait les chansons. Quand tout a commencé, c’était une folie. On a donné notre premier spectacle dans notre ville natale dans un pub local. Il était tellement plein à craquer que certaines personnes ne pouvaient pas rentrer et écoutaient le show depuis la rue. Comme le projet a grandi, et qu’on donnait de plus en plus de spectacles, les gens ont commencé à suggérer qu’on devrait jouer des chansons en live. On a pensé que c’était une bonne idée. On a enregistré en studio avec l’un de mes amis, et fabuleux guitariste, Simon Dunbar Delmar quelques pistes d’accompagnement comme « New Kind of Kick » des Cramps, « Strychnine » des Sonics et « Smells Like » des Alien Sex Fiends. La réaction du public a dépassé nos espérances. On faisait quelque chose de nouveau et de différent, et c’est ça que les gens voulaient. Ça a si bien marché que maintenant, pour le spectacle en live, Dr Diablo and the Rodent Show est se base presque uniquement sur des pistes d’accompagnement avec moi et le Dr

—Le groupe a sorti trois albums complets de Boneyard Go-Go!!! à Planet Shockorama en
2017. Lequel est votre préféré ou pour lequel avez-vous pris plus de plaisir lors de l’enregistrement ?

—Je dirais le dernier, Planet Shockorama. Il était très marrant, car c’était un genre d’album racontant l’histoire d’une autre planète où tout le monde passait du bon temps et se fichait de tout. Cette Terre sur laquelle on vit est tellement étouffée par l’avarice et la haine, par les humains qui y vivent. On a aussi choisi de faire des reprises, l’une de mes préférées était « Scary Monsters » de David Bowie. L’album a été très bien reçu et a eu de bonnes critiques.

—Dans cet album, vous avez fait des reprises de groupes comme B52’s (pour la science-fiction) et de Love ? Comment choisissez-vous une chanson avant de lui faire subir le traitement du Rodent Show ?

On discutait tout simplement avec Vince de ce sur quoi on voulait travailler ou pas. On avait déjà les idées du thème. Souvent, on aimait choisir nos artistes préférés et faire nos propres reprises, le tout, avec une bonne dose de rires.

—Que ce soit au niveau de la pochette ou du titre, Boneyard Hits, votre EP de 2017, rend hommage aux Cramps. Comment avez-vous connu leur travail et pourquoi ont-ils été une aussi grande influence pour vous ?

—Tout l’EP est un hommage complet. J’ai toujours adoré les Cramps, depuis 1981. Je les ai vus pour la première fois en concert à Manchester, à l’Hacienda, en 1984. Tout le show était et est toujours dédié aux Cramps, et au monde fou de Lux Interiors. C’est aussi un gros clin d’œil à mon ancien groupe Alien Sex Fiend, bien sûr.

—Que pouvez-vous nous dire de Dr Diablo ? Il était dans Section 25, pas vrai ? Que me recommanderiez-vous d’écouter de ce groupe ?

—Le Dr a rejoint le show en novembre 2018. Vince voulait faire autre chose. Ça faisait longtemps que je connaissais Stuart (Dr Diablo) et j’avais déjà joué avec lui dans des groupes. Il est technicien, expert et très drôle. Il est très différent de Vince, et apporte une nouvelle touche au show. Section 25 produisait Switzerland, le vieux groupe du Dr dans les années 1983. Il a enregistré et coécrit Nature + Degree, Retrofit et Dark Light. Il a tourné dans toute l’Europe et dans le Royaume-Uni. Il est comme moi, il aime sa famille, le Blackpool FC et l’humour très… gras ! On écrit notre propre matériel pour le moment, c’est passionnant ! Avec un peu de chance, on sortira quelque chose bientôt.

—Au Garaje, on est de grands fans du ciné de terreur. Quels sont vos films préférés de la Hammer ? Vous êtes aussi intéressé par les films d’Amicus. Quels films nous recommanderiez-vous ?

—Oui, absolument j’adore ce que fait la Hammer depuis que je suis gosse. Je me faufilais dans le salon de mes parents sur la pointe des pieds, et regardait « La Femme reptile » avec Jacqueline Pearce. J’ai longtemps été terrorisé par ce film, mais je l’adorais. Mes préférés étaient les films de Dracula, car j’adore Christopher Lee. « Dracula 73″ est un film tellement exagéré que je l’adore. J’aime aussi « L’Invasion des morts-vivants » et « Le Retour de Frankenstein ». Peter Cushing est juste fabuleux. Je vous recommanderais « Les Contes de la crypte » et « Asylum ». Et il y en a encore plus, comme « Frissons d’outre-tombe ». J’adore tous ces films et leurs histoires.

—Dans vos spectacles, l’utilisation de la 3D est un hommage au cinéma des années 50, pas vrai ? Depuis un peu plus de dix ans, les films 3D sont de nouveau populaires, mais on ne peut pas dire que beaucoup de films d’horreur en aient profité.

—On a eu cette idée d’utiliser une vieille 3D pour notre show pour impliquer le public. Ça donne toujours une touche à la William Castle, un directeur de ciné des années 60. La participation du public est un élément clé dans notre show, on donne nous-même les lunettes 3D au public. C’est aussi un hommage à Lux Interior, car la section 3D principale de notre show présente un film appelé « The Mask », réalisé par Julian Roffman en 1961. Il est vraiment tripant et rend super bien sûr un grand écran Lux. Ivy a également eu l’idée d’en faire un remake dans les années 1990, mais au final, rien n’en est sorti. Je crois qu’ils devraient de nouveau utiliser la 3D dans les films d’horreur modernes. Ça renforce l’expérience au cinéma.

—Vous avez joué Dracula dans le spectacle de terreur interactif espagnol Pasaje del Horror à Blackpool. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

—Je me suis vraiment amusé, j’adorais être habillé comme Christopher Lee et faire peur aux gens toute la journée. Et le comble, c’est que j’étais payé ! Le meilleur boulot qui soit ! J’ai rencontré des personnes très spéciales. Je ne l’ai fait que pendant une saison. Quand je suis parti, les organisateurs n’arrêtaient pas de dire qu’ils n’arrivaient pas à trouver un Dracula aussi convaincant que moi. Ils me disaient de revenir et que je serais payé le double, haha. Malheureusement, j’avais un nouveau travail.

—Vous avez grandi à proximité de Blackpool. Après avoir regardé la série TV du même nom avec David Tennant, j’ai été surpris de cette espèce de Las Vegas anglais. En outre, le plus gros festival de punk, le Rebellion, a lieu là-bas. Comment est l’atmosphère de la ville ? 

—Oui, je suis né pas très loin, juste sur la côte, à Lytham. J’ai vécu de façon intermittente à Blackpool pendant 30 ans à peu près. Blackpool a vraiment sa propre identité, avec le The Pleasure Beach, où se trouvent des montagnes russes et le plus vieux train fantôme connu dans l’histoire, la Golden Mile où tu peux manger de la barbe à papa, boire de la bière à bon prix et acheter des chapeaux sordides. Sur les trois jetées, toute la famille peut s’amuser. On y trouve aussi la tour de Blackpool de 158 mètres, et cet air marin !! Aussi, chaque année en automne, on a un spectacle de lumière, toute la promenade est éclairée de millions d’ampoules colorées et des trucs bizarres sont parsemés tout le long. Ça ressemble plus à Coney Island sous acide qu’à Las Vegas !!! Lorsque les punks arrivent pour le Rebellion, c’est la meilleure période de l’année. Tout le monde est de bonne humeur et l’ambiance est électrique. À part l’événement principal qui a lieu dans le Winter Gardens, de nombreux autres événements sont organisés dans toute la ville. C’est un endroit génial.

—On retrouve un élément important des années 50 dans votre musique. Qu’est-ce qui vous intéresse dans cette décennie ?

—Ce qui me fascine, c’est le danger, le rock « n’ roll et l’allure cool que tout le monde avait. J’aime penser qu’il existe ces éléments dans notre show, un danger de fou, mais avec une touche de froideur pourrie et surtout, un grand sens de l’humour.

—Pensez-vous sortir un nouvel album avec le nouveau line up ? 

—Oui, on écrit de nouvelles chansons en ce moment, et on pense sortir quelque chose pour 2020, l’année du cimetière !

—Que pouvez-vous nous avancer de votre concert au DarkMad ?

—On est impatients de jouer au DarkMad. C’est notre première performance en dehors du Royaume-Uni, mais le Dr et moi-même, on va vous épater ! PRÉPARE-TOI MADRID… LE CIMETIÈRE ARRIVE !!

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