Il ne faudra pas attendre longtemps avant que NNHMN atteigne le sommet de la scène darkwave. Grâce à leurs incroyables sorties et à un calendrier chargé qui les emmène dans les plus grands festivals du monde, le duo ne cesse de gagner des fans. Si vous ne les avez pas encore vus en concert, ils se produiront à Toulouse le 9 décembre dans le cadre du festival Setmana Santa.
—Au départ vous vous appeliez « Non-Human Persons », n’est-ce pas ? Pourquoi avoir changé de nom ? Vous avez sorti un album, No Fear ainsi que plusieurs singles et EP.
—Lee : Merci de nous recevoir, Violaine. Nous n’avons pas eu l’impression de changer de nom, seulement de le synthétiser. Symboliquement, NonHuman exprime de manière compacte ce que nous sommes ou peut-être ce que nous sentons que nous sommes.
—Lee, comme tu viens de le dire, NNHMN signifie NonHuman. Pourquoi ? Penses-tu que nous avons perdu notre humanité ? À moins que vous ne vous considériez vous-mêmes comme des marginaux ?
—Lee : NNHMN est l’abréviation de NonHuman. Selon moi, NonHuman c’est comme l’observation du monde sans hypocrisie. Être nu. Une mise à nue de l’humanité.
—Michal : Le nom a surtout à voir avec la connexion au monde non humain, aux débuts de la culture synthétique ainsi qu’à la connexion entre l’esprit et la nature.
—Vous êtes originaires de Pologne. Nous connaissons assez bien la scène metal de là-bas, en tant qu’habitués de l’OFF-Festival. Pouvez-vous nous décrire la scène gothique de votre pays ?
—Lee : Je parle et je lis dans 3 langues différentes, peut-être pas parfaitement, mais j’ai vécu à l’étranger pendant 7 ans, tu sais… Je ne sais même pas quel est mon pays, surtout de nos jours avec la montée généralisée du nationalisme. Je me sens Européenne ou peut-être Berlinoise pour le moment. En fonction du pays où l’on vient, chacun a ses spécificités, des caractéristiques subtiles, une langue qui est plus naturelle… Honnêtement, je ne sais plus. Ça commence à devenir très ambigu pour moi. Je m’intéresse autant aux informations du monde* entier, que celles d’Allemagne ou de Pologne. Mais je suis plutôt une patriote locale, je garde un œil sur ma ville natale, j’en suis parfois fière, parfois terrifiée. La mémoire d’un enfant est très émotionnelle.
(*) Nous avons joué deux fois à l’OFF-Festival, de très bons souvenirs.
(*) Nous avons joué au Castle Party Festival, un genre d’équivalent au WGT en Pologne. Le concert a eu lieu dans une vieille cathédrale gothique, ça a été une expérience extraordinaire. Le public est fantastique là-bas et l’accueil est excellent. C’est le plus important festival gothique/industriel polonais. En plus du Wroclaw Industrial Festival, bien sûr. Il se déroule dans un vieux château entouré du magnifique paysage de la Basse Silésie. Mais malheureusement, nous avons quitté le pays il y a quelque temps, et je n’en sais pas plus sur la scène gothique polonaise.
—À présent, vous vivez à Berlin. De nombreux artistes que nous avons interviewés vivent là-bas. Pensez-vous que cette ville possède quelque chose de spécial qui attire les artistes ?
—Lee : Berlin est vraiment un lieu particulier rempli de créatures créatives, d’architecture et de quartiers stupéfiants. Je ne peux pas m’empêcher de l’aimer lorsque je fais du vélo ou du footing à travers le Kiez’es (c’est ainsi qu’on appelle notre quartier en allemand). Mais j’aurais préféré vivre à la frontière de Berlin et de la nature environnante parce qu’elle me manque.
Je pense que c’est important, pas seulement pour un artiste, mais aussi pour l’animal humain de trouver sa tribu, une seconde famille, des individus qui pensent et se sentent semblables. À Berlin, on peut facilement trouver des créatures créatives. Cependant, pas mal de gens se sentent extrêmement seuls ici. Donc c’est également une ville trompeuse.
La ville de Berlin aide aussi les artistes et beaucoup de créateurs sont dans le besoin, car dans cet environnement capitaliste dans lequel nous sommes coincés, quelqu’un peut travailler très dur et être dans l’incapacité de payer ses factures. Je connais des artistes talentueux qui arrivent à peine à joindre les deux bouts, surtout maintenant, en cette période de pandémie.
—Michal : Berlin est une ville où il fait bon vivre. Ni trop grande comme Londres ou New York et remplie de gens créatifs. Je sens aussi que c’est une ville très orientée sur la culture et le social… Et nous avons beaucoup de lapins en ville. Héhé. C’est une histoire drôle. À l’époque où Berlin était divisée par le mur (en réalité deux murs en raison de la zone interdite située entre les deux), les lapins avaient à disposition un endroit sûr où se reproduire entre les murs (pas de renards, pas d’ennemis, seulement les soldats de la DDR). Quand le mur a été abattu, toute la population de lapins a été libérée et a colonisé la ville entière. Maintenant, les lapins sont partout, tu peux en voir dans les parcs et le voisinage, les aires de jeux, etc. c’est très mignon (il y a un super documentaire sur ça actuellement).
—Quels groupes vous ont influencés ?
—Lee : Beaucoup trop… C’est pourquoi j’essayerai de diffuser quelques playlists sur Spotify pour en présenter une partie. J’ai trouvé ça amusant, j’ai déjà fait une playlist. Elle s’appelle COLD SHINING en raison de l’atmosphère, de la lune et de sa lumière qui recouvre toutes les pistes de cette playlist.
—Michal : Ouais, beaucoup trop. Nos influences s’étendent du punk aux groupes de metal, puis aux groupes de rock, à la techno avant-gardiste, à la dark disco. On n’a aucune limite, juste un vaste champ commun de sons bruts minimalistes, parfois à l’approche psychédélique. Dernièrement, je suis revenu aux sources et la semaine dernière, nous avons passé toute une soirée à écouter des groupes de punk polonais des années 80/90. Je suis toujours aussi impressionné par le groupe Siekiera et le son tellement parfait de leur album Nowa Aleksandria.
—La description du groupe sur Discogs indique que votre but est de réaliser beaucoup avec peu. Voulez-vous dire musicalement ? Pensez-vous qu’il existe une surutilisation des instruments, etc. dans la musique de nos jours ?
—Lee : Ah… On veut simplement dire que nous n’utilisons pas un monceau d’instruments et que nos moyens de production sont précis, propres et parfaitement dosés. Je veux un son qui soit minimaliste et communicatif, mais psychédélique, profond et spatialisé en même temps.
—Michal : Je pense que nous avons une approche minimaliste de la composition et du design sonore. C’est à ça qu’on fait référence.
—Lee, tu as dit une fois que la mort était ta plus grande source d’inspiration. Souhaites-tu nous en dire plus ?
—Lee : J’ai dit ça ? Je ne me rappelle plus les circonstances. Peut-être, c’est tout moi. Mon opinion est que l’esprit est une particule électrique présente dans le véhicule biomécanique. Le temps pour le rituel de la vie est limité, donc j’essaie seulement d’utiliser ça comme le font les dauphins (la vie, pas la mort).
—Lee, je vois que tu es fan d’artistes comme Throbbing Gristle, Sonic Youth ou Alessandro Cortini. Qu’est-ce que tu aimes chez ces artistes ? Qu’ont-ils en commun que tu apprécies ?
—Lee : Pour moi, ce qui les relie est la liberté de créer et d’expérimenter tout ce qu’ils veulent. C’est un modèle que je veux cultiver dans nos travaux. Bien entendu, l’ombre de la new wave que l’on appelle volontiers de nos jours le genre darkwave, plane au-dessus de nous. Cependant, j’ai le sentiment que nous étions/sommes capables d’élaborer notre propre formule sonore et mythologique.
Ces projets sont très individuels, j’aime les artistes radicaux, j’aime les anticonformistes. La musique alternative me suit depuis toujours et je suis rarement capable d’écouter de la musique pour le grand public. J’aime la poésie dans les arts, mais la pop, d’une quelconque manière ne s’intéresse pas à la poésie (du moins pas la pop moderne qui brasse pas mal d’argent).
J’aime particulièrement Kim Gordon. J’admire sa puissance et sa douce voix qu’on peut entendre sur l’enregistrement de « Black Sun », en particulier « Little Trouble Girl », sa chanson.
Throbbing Gristle allait dans l’inconnu ou plutôt nous allons dans l’inconnu avec leur musique, en prenant part à une sorte de rituel. Une performance ritualiste.
J’apprécie également le travail de Larissa Iceglass, de Camella Lobo et de Nico ; ces 3 dames ont quelque chose en commun, peut-être une pureté spéciale, peut-être une église en leur for intérieur. J’adore ce genre de choses.
—Michal, je vois que tu aimes Óscar Mulero. Nous sommes de grands fans de son travail au Garage. A-t-il une influence sur votre son ?
—Michal : J’adore la manière dont il est capable de parvenir à un très haut niveau d’énergie avec des compositions très sobres, de simples outils et des résonnances brillantes qui vont droit au but. C’est sûr qu’il inspire mes productions. En fait, si une partie de ça entre dans notre musique, ce serait une très bonne chose. Ses œuvres sont brillantes.
—Gebrüder Teichmann ont remixé votre titre « Saturn Melancholia ». Pourquoi avez-vous choisi ce groupe pour remixer votre chanson ? Projetez-vous de faire d’autres remixes ?
—Lee : On ne les a pas choisis. Nous dînions ensemble en écoutant de la musique et nous avons joué cette piste pour eux et ils ont dit : « oh, ouah, c’est comme si Nico avait pris de la MDMA ». Ils ont donc voulu le remixer et à mon avis, c’est une réussite Le vinyle est gravé à la main par la femme d’Andi, Brenda. Et croyez-moi, je n’ai jamais vu un si beau vinyle.
—Vous avez dit que votre chanson « Love is Dead », de l’album Second Castle (2019), est une berceuse funeste sur la perte et sur le fait de dire adieu pour toujours. Quelle est l’histoire derrière cette chanson ?
—Lee : L’histoire sous-jacente est qu’il y a quelque temps, je pensais et me sentais comme si l’amour ainsi que la lumière en moi et pour moi étaient morts. Le sombre moment de ma vie, la frontière entre être une fille et devenir une femme. Cette étrange prise de conscience, comme si vous saviez que vous ne recevriez plus aucun amour au cours de votre vie.
Un jour, j’ai joué sur le synthétiseur Persian Xenophone en utilisant beaucoup de séquences de delay. J’ai joué jusqu’à ce que j’entende un océan de vagues semblable à ce que produit Cortini. Ensuite, j’ai allumé mon micro à condensateur et j’ai imaginé que j’étais Nico. Le texte « Love is Dead » est né tout de suite, comme s’il vivait en moi à ce moment précis. Je l’ai chanté et c’est la fin de l’histoire. Plus tard, Michal a ajouté ce beat assez lent et quelques petites éditions de fréquences sur la piste, mais en gros, c’est surtout une improvisation solo de mon cru. Un moment de purification organique. J’aimerais le jouer en live un jour.
—Vous avez dit que « Church of No Religion (2019) est un recueil de poèmes et de lamentations du purgatoire. Selon vous, c’est aussi une sorte d’expérience avec de l’ambient techno et des voix. Pensez-vous que cette ambient techno est la musique idéale pour le purgatoire ?
—Lee : Honnêtement, je n’en ai pas la moindre idée. Cette techno prétendument hypnotique était pour moi très méditative et ritualiste. Elle a été présente vraiment peu de temps en tant que sous-genre, mais je l’ai adorée ; quelque chose s’est produit dans mon subconscient. Ce genre est très narcotique et onirique, comme je l’aime. Il y a quelques années, nous avons beaucoup écouté les propositions du label Hypnus, celles d’artistes comme Dino Sabatini (« Shaman’s Path »), des œuvres de Donato Dozzy et celle que je préfère, « Planet Utérus » de Prince of Denmark.
—Dans l’édition vinyle de « Shadow in the Dark » (2019), une peinture d’Aleksandra Waliszewska figure sur la pochette. Selon vous, dans quelle mesure son travail correspond-il à votre musique ?
—Lee : J’ai été fan du travail d’Aleksandra aussi longtemps que je me souvienne. J’ai toujours rêvé de collaborer avec elle, ce fut donc un honneur pour moi quand elle a accepté.
Ce que j’aime dans son travail, c’est la pureté mêlée à une imagination cruellement perverse. Elle a une incroyable capacité à dire beaucoup en utilisant des méthodes simples ce qui est également nôtre/mon mode d’expression.
—Pour votre vidéo de « Special », le personnage principal est inspiré de Nico, du film de Philippe Garrel, La cicatrice intérieure. Vous avez fait la vidéo vous-mêmes, non ? Le cinéma est-il aussi une influence pour vous ? Aimeriez-vous réaliser la bande sonore d’un film ?
—Lee : Nous avons tourné et produit le film nous-mêmes, nous adorons le travail du vidéoclip et nous sommes cinéphiles ; il ne se passe pas un jour sans que l’on regarde un film. Je prendrais volontiers un vidéoclip ou une bande sonore comme commande.
—Michal : C’est vrai que nous sommes accros au cinéma. J’adore les films néo-noirs et leurs bandes-son. L’une de nos préférées est la musique de « Thief » de Michael Mann, enregistrée par Tangerine Dream. Elle est vraiment parfaite. En fait, je n’ai jamais pensé à écrire une bande-son, mais avoir la possibilité de travailler en étroite collaboration avec un réalisateur qui comprend votre vision de la musique et la façon dont elle pourrait influencer le film, oui, ça pourrait être une grande aventure.
—Je suis carrément fan de votre nouveau disque « Deception Island Part 1 ». Le changement de son est vraiment impressionnant. Comment le définiriez-vous ?
—Lee : Je dirai que c’est une musique électronique sombre et ondulée, techno-dansante avec un synthé onirique.
—Michal : J’aimerais ajouter : minimaliste et psychédélique.
—J’ai également remarqué que la façon dont vous chantez est bien plus sensuelle et moins froide qu’avant. Dans « The River of Fire », la voix et la musique sont parfois presque disco. Je peux même entendre la présence d’une partie qui flirte presque avec l’acid, à moins que ce ne soit moi qui entende de l’acid partout. Pourquoi avoir décidé de prendre cette direction et de composer de la musique plus dansante ?
—Michal : Pour moi, c’est une direction intéressante et appréciée. J’ai été DJ pendant des années et j’adore particulièrement quand les gens dansent sur notre musique. Je pense que nous allons davantage explorer cette direction pour nos prochains morceaux.
—Lee : Dans ce titre particulier, je chante avec douceur, car la personne pour qui j’ai écrit et chanté cette chanson se sentait vraiment déprimée. C’est pour ça que la chanson présente cette étiquette de fragilité, car le moment l’exigeait.
—Lee, où trouves-tu l’inspiration pour les paroles ? J’ai lu que vous aviez mis en musique un vieux conte islandais, l’Edda dans « Der Unweise ». Pourquoi avoir choisi ce conte en particulier ? Tu aimes la mythologie nordique ?
—Lee : J’aime lire et la mythologie nordique imprègne une grande partie de la culture et des traditions européennes, mais ce n’est pas le sujet ici. Parfois, nous commençons à improviser et je commence à être obsédée par des mots simples comme “héros, héros” par exemple, mais je n’ai pas les phrases en moi. Alors je fais des recherches en ligne et je trouve beaucoup de choses, stupides, sentimentales ou inappropriées… Et puis je trouve ce que je cherche, et je suis prête.
—Dans cette chanson et dans « Nachtang », vous semblez chanter en allemand. Comment décidez-vous dans quelle langue une chanson sera écrite ?
—Lee : Je ne décide pas, c’est la décision qui m’attend là-bas. J’aime les deux langues. Je pourrais chanter dans toutes les langues ou sans une en particulier comme dans « Church of no Religion » à la façon de la glossolalie. J’adore les langues et je trouve la façon dont elles changent et s’influencent l’une l’autre intéressante.
—Vous avez votre propre label, K-Dream Records. L’avez-vous créé car vous ne trouviez pas de label pour sortir votre musique ou pour obtenir une indépendance totale ? Prévoyez-vous de promouvoir d’autres groupes que le vôtre avec votre label ?
—Lee : C’est notre label pour nos sorties numériques et nos cassettes. On adore ce format. Pour les vinyles, nous coopérons avec le fantastique Oráculo Records et pour les CD, nous coopérons avec l’expérimental Zoharum. Ce modèle est très flexible et confortable et les parties sont heureuses (je l’espère !).
—Michal : Nous avons créé ce label pour sortir uniquement notre musique et on ne prévoyait pas de sortir la musique d’autres artistes. Pour l’instant, ça nous convient à merveille, mais peut-être à l’avenir ? Qui sait…
—J’ai vu que vous avez joué dans un festival à Séoul, en Corée du Sud (Zandari Festa, 2014). Quelles expériences avez-vous vécues là-bas ?
—Michal : Séoul était une belle ville, et c’était sympa d’avoir la chance de présenter notre musique à un nouveau public. Je dois aussi ajouter que manger des insectes au lieu de chips était une expérience très cool.
—Lee : C’était vraiment exotique ; l’Asie et la scène immense ; un sentiment assez étrange, pour nous qui sommes un groupe underground. Mais les gens étaient extrêmement sympathiques et la lumière asiatique était si différente, vraiment magique.
—J’ai lu qu’Instagram avait censuré une photo de vous deux où vous tenez un livre sur lequel on distingue la photo d’une femme nue. Qu’en pensez-vous ? Était-ce la première fois que vous avez été censurés ?
—Lee : C’est des conneries, bien sûr. On est environné par des discours haineux, la pornographie et soudain, un mamelon apparaît et on en fait tout un plat. Tout le monde sait de quoi je parle ici, c’est juste de l’hypocrisie pure (et de la pruderie). C’est le système qui ressemble de plus en plus au Château de F. Kafka.
—Trouvez-vous l’immortalité attirante ? Pourquoi ?
—Michal : Le monde serait différent si nous étions tous éternels comme des vampires. Je pense que la mortalité détermine notre être. Elle nous définit et nous pousse à être plus rapides. Enfin, je dirais qu’être plus rapide est un effet secondaire, ha.
—Lee : Je la trouve attirante. Parfois j’ai l’impression… que tout ce que je fais est inutile parce que je suis sur le point de mourir.
—La COVID-19 a rendu l’avenir très incertain. Comment la pandémie a-t-elle affecté votre vie ? Avez-vous des plans dont vous aimeriez nous faire part ?
—Lee : J’ai été très déprimée. Après presque 2 ans passés à repenser et à reconstruire notre studio, après 2 ans d’enregistrement, de sortie de musique et de vidéos, nous étions prêts à faire une tournée européenne, une dizaine de concerts dans les capitales européennes. Tout a été annulé. Nous avions également entamé des négociations pour des tournées aux États-Unis et au Royaume-Uni, mais bien sûr, tout avait été annulé également. Alors oui, j’ai été grandement attristée. Mais au moins, nous avions notre musique et une rivière d’idées infinie. J’ajouterais aussi que la relation avec notre public, très, très chaleureuse, a permis d’ajouter beaucoup de positivité à ce qui se passait.
—Michal : C’est fantastique de pouvoir à nouveau en live, mais à la place, on avait pris l’habitude de voir nos shows annulés. Je ne compte pas le nombre. Le sentiment qu’on éprouve en transmettant l’énergie en live avec le public est précieux. Nous devons attendre des jours meilleurs, mais au moins, nous pouvons composer et enregistrer de nouvelles musiques.
—“Maserati”, la dernière chanson de votre EP Tomorrow’s Heroin tire son inspiration de DAF, comme vous l’avez commenté sur Facebook. Depuis la mort de Gabi Delgado, en guise d’hommage, nous avons demandé à quelques artistes comment ce duo les avait influencés. Alors, quand avez-vous commencé à écouter DAF et en quoi leur travail a-t-il influencé votre musique ?
—Michal : Oui, DAF était à l’époque un pionnier de la musique électronique new wave. Avec leur approche punk ils représentaient la férocité et la liberté mais aussi le progrès.
La première chanson de DAF que j’ai entendue était “Der Mussolini”. Au début, elle m’a fait penser à Suicide, mais le chant était radicalement différent, et la musique si claire… rien à avoir avec l’approche de Suicide. “Maserati” a été construit sur ce schéma : section new wave classique pulsée, texte relativement simple, beaucoup de plaisir è l’état pur et une pincée de rébellion.
Traduction : Rémi Sauze