Vous savez ce que vous pouvez attendre d’un groupe appelé Vomito Negro, et ils vous donneront encore bien plus. Depuis ses dans les années 80, le groupe a mélangé industriel, EBM et électro à leur on harsh caractéristique. On a parlé avec Gin Devo, qui jouera le 21 mai au W-Fest. Ne le ratez pas !
—Pourquoi avoir choisi le nom Vomito Negro ?
—“Vomito Negro” signifie « vomi noir »… C’est le dernier stade de la fièvre jaune, lorsque le patient vomit ses tripes noires. Dans les années 80, ce genre de noms était très populaire auprès des groupes.
—Quelles étaient vos influences lors que vous avez créé le groupe?
—Des groupes industriels allemands et des groupes de synth britanniques… John Fox… Cabaret Voltaire… etc.
—Il existe une édition très limitée de votre premier EP, Vomito Negro, qui comprend beaucoup de morceaux de décembre 84 à septembre 85, d’octobre 85 à mai 86 et de mai 86 à novembre 86. S’agit-il des premiers enregistrements du groupe? Les avez-vous sortis sur cassette?
—Je crois qu’on les a sortis sur cassette, oui. Et non, ce ne sont pas les premiers enregistrements du groupe, car ils datent d’avant 1984. Je travaille sur les enregistrements en ce moment, je les édite et les remixe pour les sortir cette année sur vinyle en édition limitée…
—Pour Dare (1988), le groupe a utilisé un Atari ST 1040. Dans certaines de nos interviews, des artistes nous ont expliqué que la sortie de l’Atari ST avait vraiment été importante pour eux à l’époque. Qu’en pensez-vous ? En outre, le groupe n’a pas utilisé de samples, pourquoi? Préfériez-vous créer vos propres sons?
—L’Atari ST1040 avait un très bon métronome midi. On l’a utilisé pour synchroniser, c’était plus ou moins le premier ordinateur personnel qui pouvait être utilisé en production studio. On a créé la plupart de nos propres samples, mais certaines voix qu’on utilisait venaient de films. Par contre, on n’utilisait pas de bibliothèques de samples.
—Sur votre album Shock (1989), on trouve des paroles “choquantes”, comme dans “Chicago Cave” ou “Baby needs Crack”. Où puisez-vous votre inspiration pour les écrire ?
—Certains membres du groupe étaient toxicomanes, donc pour certaines chansons, les paroles vont dans ce sens. Pendant cette période, beaucoup de décès liés à la drogue ont eu lieu à Anvers… alors oui… c’était la raison.
—Comment est née votre collaboration avec Liquid G? Vous avez sorti une cassette avec lui intitulée Musical Art Conjunct of Sound en 1989, n’est-ce pas ? Il a également travaillé sur certains de vos albums.
—Liquid G traînait toujours dans le studio à cette époque, c’était un bon ami, donc si on avait besoin de lui pour jouer des instruments supplémentaires, il était là… C’était un excellent bassiste.
—Pourquoi certains albums comme Human ont beaucoup de chansons instrumentales? Croyez-vous que votre voix n’est pas essentielle à vos morceaux ?
—La maison de disques nous a forcés à sortir plus d’albums, on a donc ajouté quelques chansons instrumentales pour aller plus vite, c’est tout.
—Le groupe reconnaît l’influence du film noir, on le remarque dans des disques comme The New Drug. Pourquoi ce genre vous intéressait-il ? Voudriez-vous composer une bande annonce pour un film ?
—Le film noir est un excellent point de départ, j’aime les films d’horreur très sombres avec seulement quelques personnages, c’est une plateforme très ouverte pour composer de la musique, oui… J’adorerais créer une musique de film ou une bande-son de film…
—La musique du groupe a été décrite comme ayant une approche minimaliste et même Wake Up est étiqueté de cette façon dans Discogs (bien que pour être honnête, ils se trompent parfois). Qu’en pensez-vous ?
—Vomito Negro n’est pas minimaliste, les chansons sont pleines de sons et d’ambiance. Elles sont parfois explosives donc oui, ils ont tort.
—Quelle est l’histoire derrière le projet parallèle Full Dynamic Range qui a sorti l’album Lost Generation en 1993?
—Vers 1993, la scène électro en Belgique s’effondrait, les DJs accéléraient les BPM… beaucoup de groupes devaient monter d’autres projets pour survivre… FDR est né de ça. On ne peut pas changer de style musical d’un groupe dans un album. On a donc utilisé FDR pour tester d’autres directions.
—Pourquoi le groupe a-t-il fait une pause en 2002? Vous n’étiez pas satisfait du résultat de Fireball, non?
—La scène électro était morte, et Fireball un très mauvais album. Du coup, le groupe s’est soudainement arrêté…
—Au cours de cette interruption, vous avez formé Pressure Control et n’avez sorti qu’un seul disque en 2004. Considérez-vous ce projet comme une continuation de Vomito Negro?
—Non, Pressure Control était un projet comme FDR, juste quelque chose qui a pris vie grâce aux idées. Rien à voir avec Vomito Negro.
—Comment s’est passée la composition de Skull and Bones, l’album qui signe votre retour?
—On s’est bien amusés, ça nous a ouvert des portes et prouvé que l’ancienne formule de Vomito Negro fonctionnait toujours.
—L’album comportait également un CD de remixes: The 2K10 Remakes. Vouliez-vous savoir comment vos vieux morceaux pouvaient sonner avec la nouvelle technologie/équipement ou pensiez-vous que le son d’origine était un peu désuet ?
—Mon intention était de remettre au goût du jour les vieilles chansons et de prouver que même sans tout le matériel que j’avais utilisé, j’étais capable de reconstruire chaque chanson et chaque détail.
—Fall of an Empire est le premier album avec Sven Kadanza, qui devient le deuxième membre du groupe. Qu’a-t-il apporté au son de Vomito Negro?
—Sven est un batteur fantastique qui me guide toujours dans une certaine direction, il a une vision critique de ce que j’enregistre. Il fait donc partie de la machine à musique derrière Vomito Negro.
—Vous avez retardé la sortie de Black Plague (2017) de quelques mois pour réenregistrer certaines chansons afin de conserver le son typique de Vomito Negro. Comment décririez-vous ce son typique de Vomito Negro?
—Je suis une personne très critique, donc si je ne suis pas satisfait du résultat, je refais tout ou certaines parties. Je pense que Black Plague a ce son typique de Vomito Negro… personne ne peut le copier.
—J’ai lu que vous préférez travailler avec des équipements analogiques plutôt que de dépendre de programmes informatiques. Quels sont les avantages que vous trouvez en analogique ?
—Les boutons… l’interaction avec les vieilles machines, les ordinateurs sont ennuyeux, j’ai juste besoin d’un synthé vintage, d’un séquenceur analogique, d’une boîte à rythmes et d’un magnétophone pour faire mes trucs. Je n’utilise les ordinateurs que pour le mastering, c’est tout.
—Gin Devo, vous avez sorti vous-même trois albums, le premier Errata (2012), Surface (pour l’exposition d’art d’Anvers) et Electrotheque (2017). Que pouvez-vous nous en dire ?
—Les projets solos de Gin Devo sont purement électroniques, en 2020, un autre, du nom de The Garden of Evil, sortira.
—J’ai lu que vous aviez un projet avec Sandy Nys appelé Størung.
—L’album Størung avec Sandy Nys est prêt et sortira en 2020.
—En 2020, le groupe a prévu de sortir un nouvel album. Pouvez-vous nous donner quelques détails sur ce nouvel album?
—Le nouvel album de Vomito Negro s’appellera Two Kings, et sortira en 2020. Le son de cet album nous ramènera à la période de Save the World.
—Que peuvent attendre vos fans de votre concert au W-Fest ? Ce sera votre deuxième fois au festival, quels sont vos souvenirs de votre première fois ?
—Au premier W-Fest, on a joué après The Human League… étrange timing, haha. Je pense que cette année, ce sera mieux, et que la programmation du W-Fest s’améliore chaque année. Vomito Negro jouera quelques chansons du dernier album Two Kings et quelques chansons du début des années 80 qu’on n’a encore jamais jouées. Ne ratez pas notre concert !
Photos : Patrice Hoerner