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Sinner’s Day Special

par François Zappa

Nos cinq jours au Sinner’s Day Special/W-Fest n’ont pas seulement été un retour aux années 80, mais aussi un retour à une époque où le Covid n’existait pas. Après avoir montré notre certificat de vaccination, nous sommes arrivés dans un monde sans masque ni distanciation sociale, qu’on croyait ne plus jamais revoir. Pour le Sinner’s Day Special, la plage d’Ostende s’était habillée de noir, comme une sorte d’avant-première de l’incroyable festival qui aura lieu le dernier week-end d’octobre.

En raison d’un embouteillage sur la route, nous avons raté The Names et Pesch. On ne s’attendait pas à autant de trafic (surtout à la sortie de Gand) et on est arrivés à notre hôtel avec une heure et demie de retard. On aura sûrement l’occasion de revoir l’intéressant projet Pesch, par contre, on ne sait pas si ce serait le cas pour The Names.  Mais l’essentiel était là : on était arrivés au festival et on avait cinq jours de musique devant nous. À notre arrivée, nous avons eu le temps de nous promener dans le festival, de jeter un coup d’œil à certains magasins de disques et de découvrir où se trouvaient les toilettes. 

the obsCURE le groupe de reprise de The Cure dirigé par Dirk Vreys, chanteur du groupe post-punk A Slice of Life a donné le premier concert auquel nous avons assisté sur le sable de la plage d’Ostende. Dirk, un Robert Smith en meilleure forme, comptait sur la présence de son jeune fils comme Simon Gallup. Ils ont commencé par « Shake Dog Shake », suivie de plusieurs classiques tels que « Primary », « Charlotte Sometimes » et « The Hanging Garden » où l’intensité est montée dangereusement. Le concert, qui s’inspire de l’album Concert (The Cure live) de 1984, a continué avec « The Walk », « One Hundred Years » (l’un de mes morceaux préférés), l’ultime « Killing an Arab » (qui avait la même énergie juvénile que l’original) et « The Forest ». Pendant la partie instrumentale de ce dernier morceau, Dirk s’est mis à embrasser tous les membres du groupe. On s’est posé la question suivante : un groupe de reprise de The Cure devrait-il aussi jouer pendant trois heures ? Impossible d’y répondre, mais les 50 minutes de the obsCURE nous ont semblé délicieuses. 

Ramkot, un groupe de hard rock souvent comparé à Royal Blood (pour vous donner une idée, bien que leur son m’est semblé plus brutal), constituait certainement un choix étrange pour la journée. Ils n’avaient pas grand-chose à voir avec le reste des groupes, ni même du point de vue esthétique, puisqu’ils sont apparus habillés en blanc. Il s’agit d’un trio belge dans lequel chantent le bassiste (qui chante la plupart des chansons) et le guitariste. Pour ma part, j’ai préféré les chansons chantées par ce dernier, car elles ont un son moins commercial. J’avoue que ça fait trop longtemps que je n’ai pas écouté ce style de musique pour pouvoir les juger objectivement. Ils ont joué avec enthousiasme, engagement et professionnalisme. Une bonne partie du public semblait s’amuser. Parmi les titres, il convient de souligner « King of the Harmless », tiré du premier EP du groupe, qui a remporté le concours belge des nouveaux talents Nieuwe Lichting.

Stijn Meuris, dont nous vous parlerons dans notre chronique du W-Fest, était le présentateur du festival qui allait nous en mettre plein la vue. Le groupe suivant, Suicide Commando a ensuite débarqué sur scène en lançant « Gates of Oblivion », avec la puissance d’un ouragan et une énergie incroyable. Ils ont ensuite enchaîné sur des classiques tels que « God is in the Rain », « Euthanasia » et « Cause of Death : suicide », dans lesquels Johan Van Roy a joué du tambour pendant un moment. Dans « Love Breeds Suicide », nous avons été émerveillés par la puissance du batteur et les visuels saisissants. Le groupe a ensuite continué sur « Hellraiser » et « Die Motherfucker Die » pour terminer. Johan Van Roy est un frontman spectaculaire, leur son était époustouflant et la setlist irréprochable. Le concert est passé à toute vitesse.

Les Belges Whispering Sons se sont beaucoup développés ces dernières années, tant sur le plan commercial que sur celui de la qualité. Il n’y a pas si longtemps, en 2018, ils ont joué dans une petite salle à Madrid. Désormais, ils sont l’une des têtes d’affiche du Darkmad. Fenne est vraiment impressionnante, tant par l’intensité avec laquelle elle chante que par le magnétisme qu’elle dégage. Et le reste du groupe l’accompagne à la perfection, avec une mention spéciale au guitariste. Dès le début, « Dead End » nous a captivés. C’est incroyable qu’ils puissent avoir une setlist aussi bonne avec seulement deux albums. « Got a light » était formidable, mais c’était aussi le cas d’« Alone » avec ses guitares nerveuses, de la puissante « Vision », « Surface » et enfin, de « Waste ». Époustouflant.

El Garaje est ce qu’il est aujourd’hui en raison d’une série de circonstances qui ont commencé par un concert dans un festival italien des Young Gods. C’est là que nous avons acheté le billet pour le premier W-Fest auquel nous avons assisté, ce qui nous a poussés à nous consacrer corps et âme à la scène gothique. Maintenant que nous sommes un magazine reconnu dans la presse de la musique dark, les voir au W-Fest était, en quelque sorte, une façon de boucler la boucle. Cette fois, le set comprenait plusieurs chansons de leur dernier album, Data Mirage Tangram. Ils n’ont pas eu le temps de jouer tous leurs classiques. Le concert était bien, surtout pour ceux d’entre nous qui les avaient déjà vus plusieurs fois et qui préféraient assister à quelque chose de nouveau. Après la première chanson « Comme c’était la dernière fois » (avec Cesare Pizzi et Franz Treichler uniquement), ils ont joué trois titres du nouvel album les uns après les autres : « Figure sans nom » (où le batteur les accompagnait déjà), la puissante « Tear the Red Sky » (une chanson pour laquelle U2 tuerait) et « All my Skin Standing » (avec un début plus atmosphérique qui nous préparait à décharge électrique qui allait suivre.) Sans aucun doute l’une des meilleures chansons du concert, qui avait déjà duré trente-cinq bonnes minutes. Ils ont enchaîné avec « About Time », une reprise de « September Song » de Kurt Weill, l’intense « Envoyé », la puissante « Night Dance » et la formidable « Kissing the sun ». Un concert inoubliable.

C’était le tour de VNV Nation, où nous avons vécu les moments les plus émouvants de la soirée. Le groupe a beaucoup de tubes, de sorte qu’un set d’une heure semblera toujours trop court : du solennel « Legion » au puissant « Chrome », en passant par « Further Star », le légendaire « Illusion », « What’s the future ? », un long et dansant « Immersed », « Control », « Nova » et « All or sins ». Ronan Harris a chanté mieux que jamais et, avec une telle setlist, il est difficile de ne pas donner un grand concert. Nous venions d’assister à une série de quatre concerts extraordinaires et il en restait encore deux, particulièrement spéciaux.

 Tout le monde était impatient de voir Front 242, car on savait qu’ils allaient jouer certaines de leurs nouvelles chansons en direct. À mon sens, le groupe légendaire d’EBM a réalisé l’impossible et a donné le meilleur concert de la soirée. Dès la première minute, Richard 23 et Jean-Luc De Meyer ont fait preuve d’une énergie incroyable. Ils ont commencé par « First in/First out », puis « Take One », « Don’t Crush », « Funkahdafi ». À ce moment-là nous avons aperçu Ronan Harris près de nous en train d’enregistrer une vidéo. Ils ont ensuite joué l’une de leurs nouvelles chansons, suivie par d’autres classiques comme « Quite Unusual », « Soul Manager », « Commando Mix » ou « U-Men ». Richard a ensuite chanté une nouveauté, qui présentait un son que l’on pourrait qualifier de 100 % Front 242. La folie est arrivée avec « Headhunter », mais aussi quelques gouttes de pluie qui ont rendu ce moment encore plus spécial. Après « Moldavia », où la foule a dansé comme une folle, nous sommes arrivés à la fin avec « Welcome to Paradise ». Impressionnant. 

Et comme tout ne peut pas être parfait dans la vie, le concert The Neon Judgement n’a pas été à la hauteur de nos attentes. Cependant, on avait placé la barre très haut. On a apprécié, c’est vrai, mais pour une raison ou une autre, ils n’ont pas donné un concert légendaire. Ils ont commencé avec « Factory Walk », où Dirk s’occupait de la partie électronique et TB à la guitare. Le morceau a sonné avec sa puissance industrielle classique. TB a chanté « Sue Sister » puis l’incroyable « Too Cold To Breathe ». Les problèmes techniques ont commencé avec « Fashion Party », qui aurait dû être l’un des moments forts du concert, gâché parce que la guitare de TB ne fonctionnait pas. La chanson a continué et ce n’est qu’à la fin que le guitariste a pu reprendre et réciter une partie des paroles. Ils ont continué avec « The Man » et « Awful Day », la dansante « Tomorrow In the Papers », et « Miss Brown » sur lequel le fils de TB a joué de la guitare, et qui a eu un son du tonnerre. Le reste du concert s’est déroulé entre les guitares de « Voodoo Nippefield » et des morceaux plus électroniques comme « Concrete », pour finir avec deux tubes : « Chinese Black » et « TV Treated ». Nous espérons les revoir à l’avenir, car, comme le chantait Leonard Cohen : « Hey, that’s no way of saying goodbye. »

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