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Jean-Marc Lederman Experience – Letters to Gods (And Fallen Angels)

par François Zappa

Sur la pochette du mythique This is Electronic Body Music (1988), outre Front 242, The Neon Judgment, à;GRUMH…, Parade Ground, The Cassandra Complex, Chris and Cosey et autres artistes, on a été nombreux à découvrir The Weathermen, duo formé par le défunt Bruce Geduldig et Jean-Marc Lederman. Il n’y a pas si longtemps, on a parlé de M. Lederman à l’occasion de la critique de l’album The Helpless Voyage of The Titanic. Avec la sortie de Letters To Gods, on en a profité pour acheter d’autres de ses travaux pour étudier plus en profondeur son œuvre très intéressante. Suivant les traces de son prédécesseur 13 Ghost Stories, cet album se distingue comme une grande collection de chansons pour lesquelles ont collaboré 22 chanteurs, qui devaient rédiger une lettre à un dieu ou à un ange déchu. Une excuse, aussi bonne qu’une autre, qui nous régale de cette profusion de créativité de 24 chansons, dans lesquelles on retrouve plusieurs artistes avec lesquels Lederman a travaillé par le passé. À noter également la production détaillée et variée de l’ensemble de l’album réalisée par les mains expertes de Lederman.

Un enregistrement d’extraterrestres qui ont trouvé des CD d’une civilisation (la nôtre) disparue sert d’introduction. L’album enchaîne ensuite sur le fantastique morceau synthpop de « All or my Life » avec Agi Taralas du duo Our Banshee, avec qui Lederman avait déjà collaboré pour 13 Ghost Stories, puis la chanson enchanteresse d’Emma Barson de Promenade Cinema. On continue de rêver avec « Demon’s Crawl Rework 2019 », qui comme son nom l’indique, est une nouvelle version d’un morceau de Ghost and Writer, un autre des projets de Lederman, avec Frank M. Spinath. Pour l’occasion, un joli travail au violoncelle et un développement minimal et assez sombre ont été ajoutés.

Notre chanson préférée porte la voix sensuelle de Mari Kattman de Helix (et aussi du projet avec Lederman, Marie et The Ghost) et nous rappelle notre bien-aimé Bel Canto. On continue la visite dans le passé de Lederman avec Jay Aston de Gene Loves Jezebel, un groupe mythique désormais séparé, dans lequel Lederman a joué, et qui nous offre un autre grand morceau de romantisme sombre. Jean-Marc semble n’avoir qu’une boîte à musique pour jouer le morceau en français, innocent et candide, « Lettre à Pélé », où il collabore avec les membres d’Atome. Christina Z (créatrice de bandes dessinées comme Witchblade et Magnesium Burn) sort des vignettes pour nous terrifier avec son spoken-word, accompagnée à l’occasion d’un jazz cinématographique et inquiétant. Le spoken-word se transforme en rap sur le morceau avec Das Vintage, où l’on retrouve une lettre à son père où les rimes sont mises en valeur. Retour à des sons plus classiques avec une autre magnifique chanson : « Heaven », avec Lucia Fairfull du quatuor Lucia. Stefan Netschio du groupe classique Beborn Beton, et déjà collaborateur sur 13 Ghost Stories, nous apporte un incroyable morceau. Parfois, sa voix rappelle un peu celle du chanteur d’And One, surtout au début. Le premier CD se termine par un extrait de Las Vegas Parano, où des effets dérangeants ressemblant à ceux du livre retentissent.

Sur le second CD, qu’on pourrait qualifier de face-B, on retrouve un grand casting d’artistes et un résultat un peu plus électronique. On commence avec une Elena Alice Fossi de Kirlian Camera (est-ce vraiment nécessaire de le dire ?) presque méconnaissable, dans un morceau plus dansant où elle chante avec une grande sensualité. Elena Alice avait par ailleurs déjà collaboré sur 13 Ghost Stories. Chanté avec intensité et accrocheur, le morceau suivant rappelle un peu Depeche Mode avec Tom Shear d’Assemblage 21 et partenaire de Mari Kattman dans Helix. On continue avec des sons industriels qui pourraient rappeler à nouveau Depeche Mode de l’époque de Construcion Time Again, tandis que c’est Mark Hockings de MESH (qui a également collaboré dans 13 Ghost Stories) qui pose sa voix sur un autre morceau puissant et accrocheur. Autre collaboratrice de cet album, Jenna Fearon nous surprend avec une formidable reprise de « Into My Arms » de Nick Cave, qui est, curieusement le premier single sur CD que je me suis acheté il y a plus de vingt ans. Cette version est profondément minimaliste, débordante de fragilité et passionnée. Certes, il est difficile de surpasser l’original, mais je qualifierais cette reprise d’égale.

La chanteuse de Chiasm, Emileigh Rohn, nous surprend avec une chanson où la production brille particulièrement, avec une mélodie moins entraînante, mais au résultat particulièrement incroyable. On continue avec Miriam Christina de 580 Miles sur un autre morceau qui nous plaît beaucoup et qui nous surprend à nouveau avec une production très originale. Ensuite, Haydn Park de The Ninth Wave nous éblouit avec une autre performance sincère.

Notre cher Rodney Orpheus de The Cassandra Complex collabore sur la jazzy « Soph Computing Evening » avec un registre très éloigné de ce à quoi il nous a habitués. On le recommande pour tout fan des auteurs de The War Against Sleep qui découvrira une autre facette de Rodney. Ensuite, Louise Fraser (collaboratrice de 13 Ghost Stories) collabore sur la chanson « I’m Falling » qui rappelle trip hop du début des années 90, mais qui se remplit immédiatement de lumière grâce à la belle voix de Louise. Le morceau avec Lis Van Den Akker de Misery est sombre et solennel et constitue autre des compositions exceptionnelles de l’album. Claus Larsen de Leæther Strip démontre son impressionnant registre dans une chanson dont l’intensité augmente au fur et à mesure. On termine avec un texte de Nietzsche dans une pièce introduite par le piano, qui se termine par des chœurs angéliques, que Tim Burton aurait sans nul doute adoré avoir dans ses films.

Deux textes complètent l’ouvrage, l’un de Philipe Genion de à;GRUMH… et l’autre de Ceratomia que l’on retrouve dans le magnifique livre édité par Wool-E Records. Dans cette édition très soignée pour une œuvre tout aussi élaborée, il est vraiment difficile de mettre en évidence un quelconque élément : tous les artistes invités interprètent superbement leurs parties et l’œuvre de Jean-Marc Lederman est proche de la perfection. Au lieu d’adorer de faux dieux d’argile, adorez plutôt cet album : vous en serez sans nul doute, bien plus récompensés.

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