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Interview : Psyche

par François Zappa

Pionnier de la dark wave, Psyche est l’un des groupes canadiens les plus intéressants. Surmontant tous les obstacles, ils ont réussi à sortir 11 disques où l’horreur se cache parmi les sons de synthé. Darrin Huss a accepté de répondre à nos questions sans penser que, lorsque votre groupe s’appelle Psyche, on ne peut s’attendre à une interview normale, mais plutôt à un test psychologique. Bien sûr, on pourra profiter de leur musique au W Festival.

—Votre premier album de 1985 s’appelle Insomnia Theatre. Est-ce votre Non-Stop Erotic Cabaret ? À l’époque, vous ressembliez aux Soft Cell du début, ceux qu’on entend dans des chansons comme « The Girl with the Patent Leather Face » et « Memorabilia. ».

—C’est plutôt cool, personne ne m’a jamais dit ça. On m’a déjà comparé à Soft Cell, oui, mais pas précisément leur premier album et le nôtre. Insomnia Theatre est beaucoup plus sombre, et il n’y a pas de « Tainted Love ». Par contre, on peut dire que « Brain Collapses » était peut-être le premier véritable tube en Europe. Soft Cell était bien sûr mon influence principale, tout comme Fad Gadget, Gary Numan, Visage, DAF, The Cure et Bauhaus.

—J’ai également lu que grâce à Skinny Puppy, vous avez changé votre style en plus industriel, comme on peut le voir dans votre compilation Tales from the Darkside de 1990. Ensuite, vous avez de nouveau utilisé ce son pour le projet Vanishing Heat, pas vrai ?

—Vous êtes bien informé ! Skinny Puppy et Psyche ont commencé ce style de musique au Canada en même temps. Les deux groupes ont été approchés par Nettwerk Records. Comme Skinny Puppy a fini par signer et suivre le style du label, j’ai réalisé que j’étais plutôt un chanteur. Mon frère et moi, on était plus intéressés par la synth que par le fait d’être piégé dans un mode industriel limité. On voulait développer notre son horror synth différemment. Avec Unveiling The Secret enregistré à Paris pour le label New Rose, on a commencé à tracer notre chemin depuis les labels d’EBM et d’industriel vers notre propre mélange. On a commencé Vanishing Heat juste pour s’amuser, car on aurait dit que tout le monde devait un projet parallèle, et Psyche a sorti notre œuvre d’art synth pop Mystery Hotel. J’aimais bien m’amuser avec le style de musique qu’on aurait fait si on avait gardé notre côté industriel. C’était une expérience, je me suis amusé, mais je ne l’ai jamais prise au sérieux comme je l’ai fait avec Psyche.

—Fad Gadget et Soft Cell font clairement partie de vos influences, quels autres groupes écoutiez-vous à l’époque ?

The Cure, Blancmange, Yazoo, Eurythmics, Joy Division. J’étais toujours curieux d’écouter des artistes uniques qui avaient leur propre son. The Doors m’ont clairement influencé pour Mystery Hotel. On a toujours détesté la pop qui passait à la radio. Si une chanson passait dans le top 40, alors comme la chanson « Money » de The Flying Lizards : un heureux accident de musique chaotique. Je n’ai jamais compris le concept d’enregistrer de la musique commerciale.

—Pourriez-vous décrire vos concerts dans les années 80 ? Vous étiez célèbre pour chanter nu, couvert de mousse, n’est-ce pas ? Avez-vous déjà eu des problèmes avec la loi ? Que pensait le Canada de votre musique dans les années 80 ?

—Oui, je me couvrais de mousse à raser, car j’avais vu que Fad Gadget l’avait fait lors d’un concert pour sa chanson « Lady Shave ». J’ai juste décidé de ne pas porter de sous-vêtements. J’étais bien couvert, jusqu’au jour où j’ai glissé lors d’un concert, haha. Wendy O. Williams des Plasmatics m’a aussi influencé, mais c’est évident qu’elle avait plus de problèmes avec ces facéties, car c’était une femme. On n’était pas si célèbres, donc je suppose que c’est pour ça que le public ne nous dénonçait pas. Cependant, pendant six mois on nous a bannis d’Edmonton, car on a passé un film d’horreur artistique lors d’un festival sponsorisé par la station de radio de notre université. Plusieurs personnes se sont plaintes du film, alors on a compris très tôt le prix à payer quand on est un artiste provocateur et controversé. Souvent, on était fiers que les gens partent de nos concerts. On se sentait honorés s’ils ne les supportaient pas. On était le seul groupe synth de la région. Alberta est comme le Texas du Canada. Les cowboys n’aimaient pas la new wave ou la synth. Les seules personnes qui aimaient notre travail étaient aussi des fans de musique provenant du Royaume-Uni, comme Cabaret Voltaire et Throbbing Gristle. Aussi, la partie française du Canada, Montréal et Québec, était plus progressive et c’est ce qui nous a servi de tremplin pour l’Europe.

—Votre deuxième album, Unveiling the Secret, est considéré comme votre chef d’œuvre. Que pouvez-vous nous dire sur son enregistrement ?

—Je crois que les 4 premiers albums sont chacun des chefs-d’œuvre pour différentes raisons, mais oui, Unveiling The Secret est considéré comme un nouveau standard en matière de définition du son de Psyche. Sur un seul album, on avait de l’EBM, de la techno précoce et même une ballade synthpop. L’album a été enregistré à Paris, au Garage Studio près du Père-Lachaise, où repose Jim Morrison. « The Saint Became A Lush » est une combinaison de notre amour pour les bandes-sons des films d’horreur et de moi-même essayant de réciter au mieux à la façon de Ian Curtis un poème sur cette histoire épique digne de Lovecraft. On avait joué la plupart des chansons, y compris celle-ci, en concert avant de les enregistrer en studio. « Black Panther » était aussi très populaire. On a écrit « Unveiling The Secret » quand on était à Paris, et était la première nouvelle chanson de cette période dans le studio. J’ai dû enregistrer ma voix en une seule prise, car c’était le dernier jour que nous autorisait le budget de New Rose Records avant de mixer !

—Vous avez dit que « The Saint Became a Lush » sonne un peu comme « Tubular Bells ». Aimez-vous le rock progressif ? Certains de ces groupes étaient les pionniers de l’utilisation des synthés. Et vous aimiez « The Secret » le morceau de Joris Voorn qui s’inspire du vôtre ?

—De prog rock à l’époque, on ne connaissait que Goblin à cause des bandes-sons des films de Dario Argento. À moins que vous ne considériez que Tangerine Dream et The Doors font aussi partie de cette catégorie, bien que ce ne soit pas mon cas. On aimait pas trop Yes, ou Genesis, alors la comparaison avec « Tubular Bells » provient juste de l’inspiration du thème de l’Exorciste qui était un extrait du célèbre morceau de Mike Oldfield. Les notes ne sont pas exactement les mêmes, mais je sais que mon frère aimait vraiment la séquence. Joris Voorn m’a gentiment écrit pour m’informer de la composition de « The Secret ». Pour être honnête, s’il ne m’avait pas écrit, je n’aurais peut-être jamais été au courant, car cette scène musicale provient, selon moi, d’une autre planète. Je dois reconnaître qu’une fois, j’ai fait un remix de « I Don’t Know » du projet Plastikman de Richie Hawtin (Psyche’s Haunted Whisper Remix Featuring Darrin Huss), mais ces artistes sont célèbres sur une toute autre scène. Je suis content que ma musique les ait inspirés.

—Je me pose une question : bien que votre musique sonne encore de façon moderne, de nombreux groupes relativement jeunes d’EBM et de synthpop ont plus un son des années 80 ou du début des années 90. Je veux dire par là que vous avez essayé de faire quelque chose de différent, mais que ces groupes veulent juste recréer ce son. Êtes-vous d’accord ?

—Et bien, je ne voulais pas en parler, mais vous l’avez fait ! Notre but a toujours été de perfectionner ce que la synth a à offrir. Je dois dire que, lorsque nous avons composé « Sanctuary » qui nous a permis de nous intégrer à une nouvelle scène de cyber goth, la techno body music commençait à infiltrer la scène alors que les années 90 touchaient à leur fin. Un label m’a dit que même ça sonnait « trop années 80″. Si seulement ils savaient qu’il existe des artistes comme Boy Harsher ou Lebanon Hanover 20 ans plus tard ! Honnêtement, je préfère les « nouveaux » groupes à la tendance EBM d’Ibiza que j’ai dû vivre dans les années 2000. Mon problème, c’est que je crois encore que la musique électronique doit progresser et nous surprendre. Je pense qu’elle ne doit pas se contenter de ressasser les sons classiques. Par contre, je reconnais que j’adore certains synthés comme le Korg Mono/Poly ou les claquements des premières boîtes à rythmes. Certains sons ont l’air automatiquement plus passionnants que d’autres. Plus les gens utilisent les sons que j’aime, plus je suis en bonne compagnie, haha.

—Vous êtes passé à un son plus synthpop avec Mystery Hotel. Qu’est-ce qui vous a conduits à faire ce changement ?

—C’était une progression naturelle, car on continuait à perfectionner notre son et on ne voulait pas répéter ce qu’on avait déjà fait. Tous les artistes que j’admire tant, comme Blondie, The Doors, Soft Cell, Eurythmics, Fad Gadget, Grace Jones et Soft Cell m’ont montré qu’on peut innover avec la musique tout en restant soi-même. Si le chanteur est reconnaissable et la musique ne se transforme pas en un genre complètement différent, alors le groupe a toujours son son. Certains ont dit qu’on avait « changé de façon trop drastique », mais on pensait qu’on perfectionnait notre répertoire et qu’on définissait nos limites. Dans Mystery Hotel on trouvait de tout : synth funk, psychédélique, dark wave, synth pop, et même la chanson pop « Eternal », mais c’était encore du pur Psyche. Tout comme n’importe quel album des Doors. On sait que c’est eux, que ce soit avec « Light My Fire » ou « The End ».

—Bien qu’il ne fasse pas partie des trois disques initiaux, The Influence, (qui aurait dû s’appeler The Influencer), était un autre disque notable. Le ton plus sombre de l’album était-il un reflet de votre vie du moment ?

—Oui, et ironiquement, après tout ce que j’ai dit à propos de différents styles sur un album, The Influence se rapproche plus d’un son unique général. C’était le premier album que j’ai composé avec mon frère quand on a diagnostiqué sa schizophrénie. Je n’arrivais pas à décider du futur de Psyche. Tout l’album a été fait avec le sampler Casio FZ1 de David Kristian. Même si on retrouve des sons de synthé basse sur l’album, tout a été créé par lui. C’est toujours ça que je recherche. Je dis toujours que Psyche est une expérience scientifique. Je veux de nouvelles expériences, je veux écouter de nouvelles choses qui me surprennent. Il nous a fallu de la chance et du courage pour faire cet album. La liberté de ne pas savoir d’où venait notre prochain chèque, mais de créer en notre art. L’album est sombre, car, même si je n’avais que 24 ans à l’époque, je me sentais comme un vieil homme qui avait connu beaucoup de peine et de chagrin. Après l’avoir fini, j’avais la nausée en l’écoutant pour la première fois entièrement. « The Sundial » m’a fait pleurer. C’est un album très émotionnel, et c’est pour ça qu’on a atteint beaucoup de personnes. Je suis content de voir que la musique de Psyche permet aux gens de ressentir quelque chose. C’est tout ce que j’ai toujours désiré. La pop radio bruyante, c’est pas mon truc.

—Était-ce difficile de continuer sans votre frère ?

—Je suppose que vous parlez d’après sa mort ? Je continuais déjà Psyche sans lui, et il m’avait donné sa bénédiction. Son influence est toujours là, peu importe avec qui je travaille. En concert, c’était très dur. J’ai arrêté d’écrire de nouvelles chansons pendant un moment. Je préférais jouer les anciennes pour faire la promotion des nouvelles éditions des 3 premiers albums que j’avais masterisé moi-même avec des pistes spéciales et des images de nos archives. Lorsque j’ai décidé de partir vivre en Allemagne en 1994 après l’album Intimacy, j’ai hésité à recruter quelqu’un pour le remplacer jusqu’à ce que je rencontre Per-Anders et commence à écrire Strange Romance. Stephen disait que je pouvais continuer, je lui demandais son avis sur la musique que je composais. Ce n’est pas facile quand on est un duo, et la gens veulent voir les membres d’origine en tournée 30 ans plus tard. Mais comme beaucoup de choses de la carrière non planifiée de Psyche, le groupe continue, car c’est la vie que j’ai choisie, et c’est ce que je fais. 11 albums ce n’est pas mal quand on considère que je n’ai jamais vraiment défini ce qui rend Psyche unique. Je dois à Stephen la créativité d’origine.

Comment votre équipement a-t-il évolué ?

—On n’a plus les vieux synthés qu’on utilisait, mais grâce aux nouveaux programmes de musique sur ordinateur, on peut utiliser les sons du Korg Mono/Poly et des échantillons de certaines de nos boîtes à rythmes préférées. Les trois premiers albums ont principalement été faits avec les mêmes synthés qu’on avait commencé à collectionner. Pour Mystery Hotel, le redoutable Yamaha DX7 était aussi de la partie ainsi que le Fairlight qui se trouvait dans le studio de Dan Lacksman (Telex) pour cette session. Dans les années 90, j’ai enregistré avec Per-Anders Kurenbach. Il avait un mix d’instruments numériques et de plug-ins. Cependant, on utilisait aussi un djembé, un harmonica et des effets acoustiques à l’occasion. De 2001 à 2005, avec Remi Szyszka, on n’avait que des programmes d’ordinateur avec un synthé midi et Virus.

—J’ai lu que votre musique était décrite comme horror electronic. Aimez-vous les films ou la littérature d’horreur ? Certaines de vos chansons sont inspirées de plusieurs livres et films.

—Au début, on était principalement inspirés par l’horreur. L’atmosphère et la musique des films de George Romero, John Carpenter, David Cronenberg, Dario Argento, et Lucio Fulci. Je lisais beaucoup H.P. Lovecraft, « The Saint Became A Lush » était inspiré par The Case Of Charles Dexter Ward, et « The Outsider » par la nouvelle du même nom. On a même dédié l’album Unveiling The Secret à Lovecraft et Cronenberg. Stephen était très inspiré par les trucs d’horreurs des années 70 et 80. Je préfère l’atmosphère des éléments supernaturels aux films d’horreur violents. D’autres auteurs comme Ramsey Campbell m’ont inspiré pour « Nocturnal Passenger », et « The Influence ». Ensuite, on a Shirley Jackson pour « The Sundial » et « Haunted ». Stephen King était également une source d’inspiration.

—Après votre album le plus célèbre, on a Daydream Avenue, en 1991 et Intimacy en 1994. Comment recommanderiez-vous ces albums à quelqu’un qui vous a seulement écoutés jusqu’à The Influence ?

—Et bien, Intimacy comporte certains éléments de The Influence, comme dans « Broken Heart » et « Love Is A Winter », mais il est un peu plus étrange, car il y a des éléments de style de salon et de relaxation, mélangés à des morceaux d’horreur comme « Freaks ». C’est comme une suite étrange composée par mon frère en opposition à The Influence de David Kristian. J’adore « Blind » et « The Cathedral ». Daydream Avenue dispose de quelques bons morceaux, comme « Angel Lies Sleeping », un mélange du son de l’album Twitch de Ministry et d’un son techno plus pop qui commençait à se développer au début des années 90. Au centre des expérimentations avec différents styles de musique, il y a toujours la chanson sombre mélancolique, comme c’est le cas avec « Ghost » et « Destiny ». En raison des paroles et de la voix, ça sonne toujours comme du Psyche, même si une partie de l’instrumentation change. Même le son hip-hop bizarre de « What Sorrow Cannot Say » n’enlève pas le caractère sombre de la chanson.

—Dans Strange Romance, vous incluez votre reprise de « Goodbye Horses », qui a connu un grand succès. Pourquoi avoir choisi de faire cette chanson ?

—Il s’agit d’un accident plutôt étrange dans lequel était impliqué un gars qui voulait manager Psyche à l’époque. Pers-Anders Kurenbach et moi-même avions tout juste commencé à faire des démos, et on nous a dit que cette chanson serait un bon départ. Lorsque j’ai vu le film Le Silence des Agneaux, j’ai aussi pensé que « Goodbye Horses » sonnait un peu à la manière de Psyche, d’une certaine façon, bien que j’étais occupé à enregistrer la chanson « Heaven in Pain » comme piste solo, car je pensais que ça pourrait être un tube. Au lieu de ça, elle a fini sur Intimacy. D’un coup, c’est 1995 et j’avais complètement oublié « Goodbye Horses » jusqu’à ce que ce gars me le rappelle. Per-Anders et moi, on avait une copie du single 7″ à étudier. J’ai décidé de chanter comme si la chanson était écrite par nous, et la musique a été composée pour sonner comme dans le film : elle résonne dans les halls du sous-sol. On l’a enregistrée sur la face B de notre single You Ran Away, et elle a connu un succès énorme dans tous les clubs gothiques en Europe, donc c’était évident qu’on devait aussi l’inclure dans l’album. Je me suis trompé au niveau des paroles. J’ai chanté « Lying over you » au lieu de « Flying over you ». C’était les débuts d’Internet à l’époque, et ma version du texte se trouvait sur tous les sites de paroles qui ont été créées. Ensuite, j’ai corrigé les paroles quand j’ai reçu un e-mail du compositeur, William Garvey, qui m’a expliqué de quoi parlait la chanson et comment il l’avait créée. Le nouvel enregistrement fait 10 ans plus tard est maintenant le morceau de Psyche le plus célèbre sur les services de streaming. Beaucoup de gens pensent que c’est notre version qui se trouve dans le film et on ne les corrige pas, mais si vous écoutez notre morceau et l’original ensemble, on entend vraiment la différence. Récemment, d’autres ont commencé à en faire des reprises, mais je nous considère encore comme les meilleurs ambassadeurs de la chanson. Bien sûr, maintenant on peut même voir la vidéo de l’enregistrement original de Q Lazzarus sur YouTube. J’ai créé une liste de lecture appelée « All The Goodbye Horses » où on retrouve environ 40 reprises différentes de la chanson sur ma chaîne de Psyche. Suivez-nous et profitez-en !

—J’étais un grand fan de drum & bass à la fin des années 90. Comment avez-vous inclus ce son dans Love Among the Ruined ? J’entends aussi un peu de Nine Inch Nails ?

—C’est Per-Anders le responsable. Avec Psyche, on tend à absorber tout ce qui se fait en musique électronique et à filtrer ça avec notre propre style. Love Among The Ruined a des influences de NIN, Björk, et même de Prodigy, mais c’est toujours notre création. On y retrouve encore la mélancolie habituelle, et la composition synthpop qui nous a rendus célèbres. Ma chanson préférée de cet album est « Exhale », car c’était un mélange d’électronique expérimentale, blues, and drum & bass.

—En quelle façon travailler avec Remi Szyszka a changé Psyche ? Il a d’abord travaillé sur Sanctuary, était-ce difficile d’avoir un nouveau musicien ?

—J’essaie d’éviter de parler des changements de membre de Psyche dernièrement, car je n’aime pas trop expliquer ce qui rend le son de Psyche si spécifique. Madonna travaille avec de nombreuses personnes, mais ça reste Madonna. Parfois, les choses changent alors que ce n’est pas prévu. Ça peut arriver pour des raisons personnelles ou autre. Remi est arrivé au bon moment. Sanctuary était pour nous ce qu’ils appellent un reboot pour les films. Les albums The Hiding Place et Babylon Deluxe étaient nécessaires au XXIe siècle. J’ai été très chanceux de créer toutes ces chansons au sein du royaume de Psyche avec des musiciens qui ont fait leurs ajouts à notre son. Je suis très capricieux, donc je n’enregistre pas tant que je ne sens pas la bonne impression. La chanson « Looking Glass » était, selon Remi, ce qui pourrait être une chanson typique de Psyche.

—Dans Endangered Species, par exemple, on trouve des remix. Aimez-vous remixer ? Comment vous sentez-vous lorsque vous entendez un remix de l’une de vos chansons ?

—J’ai une relation d’amour et de haine avec les remix. Je préfère les mix comme ils étaient faits dans les années 80. À l’occasion, cependant, un remix recrée complètement la chanson au point que quelque chose de nouveau en sort. Ces remix peuvent vraiment être bons. Je n’aime pas trop ceux qui essaient juste d’ajouter un rythme différent qui ne me plaît pas en premier lieu. C’est pour ça qu’on aime remixer nous-même. J’ai fait l’expérience de différentes versions pour le 20e anniversaire de Unveiling The Secret en 2006 avec Unveiling The Secret 2.0. J’aimais tellement le mix de Christian Piotrowski que je l’ai ajouté à certaines compilations et que je l’ai joué en concert. Par contre, certaines chansons sont si puissantes sous leur forme d’origine, que ça n’a pas de sens de les changer. « The Saint Became A Lush » du mix de Radical G est plutôt passionnant. JE crois qu’il reprend tous les bons éléments de l’original, mais en fait une version alternative, comme un reboot. Ça revient à réécrire la chanson, garder l’atmosphère et le style, mais à en changer la vision. Une version d’un univers parallèle.

—Êtes-vous conscient de la musique du moment lorsque vous composez un album ? Diriez-vous que Babylon Deluxe est un produit de son temps ?

—Pas vraiment, seule la chanson « Sanctuary » était un produit de son temps. Babylon Deluxe est un mélange de sons dont certains étaient populaires sur la scène, comme la séquence techno au milieu de « Gods And Monsters ». On y trouvait aussi de nombreux autres classiques de Psyche, comme « The Quickening » et « Equinoxe ». « Snow Garden » n’était pas vraiment inspirée des années 90. On avait déjà choisi notre voie en 2003. JE crois que tout l’album est brillant, à l’exception de « Final Destination », et « Nobody Superstar », bien que les paroles soient toujours d’actualité.

—Peut-on dire que Brave New Waves Session est un genre de Peel Session canadienne ? Quelle est la période qui y est représentée ?

—Oui, Brave New Waves a été un gros événement au Canada et a inspiré plus d’un musicien, car on pouvait écouter de la musique alternative du monde entier. C’est là que j’ai entendu Anne Clark, Ministry, Tuxedomoon, etc. pour la première fois. Une fois encore, la trajectoire de Psyche n’a jamais été planifiée. Mon frère et moi on venait juste de jouer en live à Montréal pour la dernière fois. Depuis qu’on lui avait diagnostiqué sa schizophrénie, c’était devenu trop stressant pour lui de jouer en concert. On a eu un troisième membre, Eric Klaver, qui a joué deux fois avec moi quand mon frère est rentré chez nous. Malheureusement, c’est à cette époque qu’on a eu la possibilité de faire cette session d’enregistrement spéciale à la radio. À part « Unveiling The Secret », toutes les chansons ont été écrites et improvisées par Eric Klaver et moi-même, avec la participation de Kevin Komoda (Rational Youth). Ça va donc au-delà d’une John Peel Session où les chansons provenaient habituellement d’albums sortis avant ou après. Dans ce cas, ce qu’on peut écouter sur Brave New Waves a seulement été enregistré pour cette session et montre une gamme d’idées représentant un intermède musical dans le répertoire de Psyche.

The 11th Hour est, pour le moment, votre dernier album. Nous n’avons pas encore parlé des paroles, comment les écrivez-vous ? Pensez-vous que cet album est spécial en ce sens ?

—J’ai mentionné mes paroles de certaines de mes chansons préférées dans d’autres questions. Je pense que The 11th Hour est extrêmement prophétique, car je l’écrivais depuis un endroit sombre où tout parvenait à sa fin. Je parle de vieillir, de ne pas trouver d’appartenance, de regarder le monde mourir, de se sentir maudit et d’essayer d’accepter la situation afin de pouvoir continuer. Je ne sais pas si les paroles sont plus spéciales que les autres. Je crois que les titres « Bloodcurse » et « September Moon » sont assez cool, mais mes paroles préférées se trouvent dans tous les albums de Psyche. J’aime les paroles de « The Hiding Place » tout comme celles de « The Outsider » ou de « The Saint Became A Lush ». Au début, j’étais inspiré par des histoires que je lisais et par des problèmes sociaux. Les paroles de ma période centrale sont plus personnelles et parfois romantiques. Plus tard, j’ai aussi parlé de la façon dont l’humanité gère les avancées technologiques et les problèmes mondiaux auxquels on est confrontés.

—Quand sortira le nouvel album si longtemps promis ?

—Je ne sais pas encore. Je voulais le sortir en 2018, 13 ans après The 11th Hour. On a au moins réussi à sortir un nouveau single avec « Youth Of Tomorrow » et « Truth Or Consequence », qui étaient les premières chansons qu’on a écrites en dix ans. Pour le moment, je maintiens le titre de l’album comme « Light Before Day ». J’ai fait le test de plusieurs pochettes, mais je crois que je dois composer environ 10 ou 12 chansons qui expliquent ce que nous sommes maintenant. Je crois que les deux nouvelles chansons sont pertinentes, mais quand on aura avancé sur le prochain album, elles finiront peut-être par être indépendantes et mener vers une nouvelle ère de Psyche.

Que pouvez-vous nous dire de Psyche Enterprises ? Vous avez sorti des albums solos et des albums de votre frère. Des recommandations à nous faire ?

—Il s’agit juste d’un label que j’ai créé pour mes distributions numériques pour couvrir tout travail associé à Psyche. Juste pour conserver l’héritage familial. Je ne fais signer personne.

—Votre nom vient d’une chanson de Killing Joke. Ils joueront aussi au W Festival, le même jour. Allez-vous les voir ?

—Je préfère les Killing Joke du début des années 80. Je les ai vus en 2003, où ils ont joué quelques chansons des deux premiers albums. En fait, c’est plutôt le fait qu’on va jouer sur la même scène que Lene Lovich, l’un de mes artistes préférés depuis toujours, et The Human League qui me rend nerveux. Rational Youth, nos héros canadiens, jouera aussi sur cette scène. J’ai organisé une troisième mini-tournée avec eux en Allemagne.

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