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Interview : Isolated Youth

par François Zappa

Avec seulement deux EP distribués dans le monde, Isolated Youth est devenu l’une des promesses de la scène post-punk. On devait les voir en live au W-Fest, mais à cause de la crise du Covid-19, on a uniquement pu assister à un streaming. On a parlé avec les quatre membres du groupe : William et Axel Mårdberg, Egon Westberg Larsson and Andreas Geidemar, qui font partie d’une jeunesse qui n’a jamais été aussi isolée.

—D’où vient le nom du groupe ? C’est devenu quelque chose de trop réel, vous ne croyez pas ?

William : Il pourrait être encore plus intéressant de savoir à quoi ressemblera le nom à l’avenir. L’impact de notre nom s’est certainement intensifié juste au cours de ces trois années. Et même s’il est très pertinent pour le moment, il l’était tout autant avant, même si c’était moins évident, si vous voulez mon avis. Le sens de «Isolated Youth» (jeunesse isolée) est clair, les raisons sous-jacentes sont nombreuses et plus complexes.

—Le groupe a débuté en 2017, comment se sont passées les premières années d’Isolated Youth jusqu’à l’enregistrement du premier EP ?

—Egon : Pendant les premières années du groupe, on a juste essayé de donner autant de concerts que possible. Surtout à Stockholm et ailleurs en Suède. Je pense que notre son s’est amélioré grâce à ça. C’était aussi un bon moyen d’établir des contacts.

—La première année, vous avez sorti une édition sur cassette très limitée appelée Isolated Youth. Que pouvez-vous nous dire de la composition et de l’enregistrement de ce matériel ?

—Andreas : La cassette est notre première référence, avant qu’on signe chez Fabrika. Elle se composait de trois chansons originales enregistrées dans le même bâtiment où on répète. Elle nous a permis de nous faire un nom.

—Vous êtes tous amis depuis longtemps. Pensez-vous que cette amitié vous aide à mieux comprendre le groupe, qu’elle facilite le travail en commun ?

—Axel : Oui, contrairement à tant d’autres groupes, on s’adore vraiment, on a vraiment de la chance de s’être rencontrés. Tout devient plus facile lorsque tu apprécies la compagnie de chacun.

—Vous citez toujours Arvo Pärt comme influence. Selon vous, comment la musique du compositeur classique a influencé votre façon de faire de la musique ? Qu’aimez-vous de lui ?

—William : Pour moi, Arvo Pärt a dépassé le simple fait d’influencer ma musique, il a influencé la façon dont je perçois mon environnement. La musique résonne au-delà de la musique ordinaire et devient quelque chose de spirituel. Vous n’avez peut-être pas encore ressenti à quel point il nous influence, mais sa façon de composer et sa relation entre les notes joueront un rôle important plus tard.

—Axel : On adore sa façon de traiter le son et de ne dire que l’essence absolue, et par là, laisser l’auditeur trouver des indices et découvrir le reste lui-même. On essaie de faire de même, de toujours laisser de l’espace dans la chanson, en nourrissant uniquement le cœur de la chanson. C’est de cette façon qu’Arvo Pärt peut transmettre une vie d’émotions en cinq minutes.

—Le groupe a également cité David Bowie comme influence. Quelle époque du duc blanc vous intéresse ?

Axel : Je suis intéressé par tout ce qu’il a fait, mais presque tout ce qu’il a réalisé vers le milieu des années 70 est complètement époustouflant. Je me souviens d’avoir écouté Low quand j’étais seul à la maison quand j’étais enfant et que je me sentais complètement désorienté. C’était comme si j’avais perdu contact avec le monde. C’est toujours mon album préféré de Bowie.

—Grâce à Lebanon Hanover, vous avez signé chez Fabrika Records, pouvez-vous nous en dire plus ? William (sous son surnom Qual) a également fait un remix de votre chanson «Safety», non ?

—Egon : On a fait la connaissance de LH lorsqu’on a joué avec eux à Stockholm en 2017. Ils ont aimé notre son et on s’est bien entendu, ce qui les a amenés à nous recommander à Fabrika. C’était très tôt dans notre carrière, donc c’était super pour nous. Depuis, on a donné d’autres concerts ensemble en Allemagne et au Danemark. On les adore vraiment et on est devenus de bons amis. William a fait le remix de « Safety » quand il était à Stockholm pour y jouer en tant que Qual.

—Le premier EP s’appelait Warfare. Vous avez dit qu’il s’agissait « d’un appel spirituel aux armes ». Que vouliez-vous dire par là ?

—William : Kafka a déclaré : «Car nous sommes comme les troncs d’arbres dans la neige. On dirait qu’ils reposent bien à plat et que d’une petite poussée on devrait pouvoir les faire bouger de là. Et non, on n’y arrive pas, car ils sont solidement arrimés au sol. Mais voilà, même ça n’est qu’une apparence. ». Bref, j’essaie de faire bouger les choses.

—Axel, certains journalistes disent que ta voix est très féminine. Elle rappelle parfois Brian Molko, aimes-tu sa façon de chanter ? Et aussi celle de Gordon Gano de Violent Femmes. Par contre, Fenne, de Whispering Sons, a une voix qui sonne vraiment masculine. Aimes-tu leur musique ?

—Axel : Je n’ai d’opinion sur aucune de ces personnes, car je n’ai jamais écouté leur musique.

—Votre nouvel EP, Iris, a été enregistré à Athènes, non ? Comment s’est passée l’expérience ?

—Egon : Ça a vraiment été une super expérience d’enregistrer le nouvel EP à Athènes. On a été invités par Fabrika pour enregistrer l’EP et donner un concert. On a fini par y rester pendant près de deux semaines. L’enregistrement s’est très bien déroulé. Doruk de She Past Away nous a aidés dans le studio qui a produit nos deux EP. On a adoré Athènes et on aimerait y retourner. On a aussi pu rencontrer les personnes travaillant pour Fabrika pour la première fois pendant notre séjour.

—La pochette représente une photo d’un membre de la famille d’Axel et de William Mårdberg, pourquoi avez-vous choisi cette photo ? Pensez-vous qu’elle correspond à votre musique ?

—William : Je l’ai trouvée en nettoyant l’appartement de ma grand-mère. Et l’aura du portrait m’a fait forte impression, j’ai aussi vu qu’elle avait les mêmes cercles bleus que moi autour des yeux. Fondamentalement, l’ambiance générale et l’aura correspondaient bien à la musique, et j’ai toujours aimé quand un portrait ou une photographie, ou une personne peut incarner la musique et devenir quelque chose de plus, quelque chose d’autre.

—Dans vos interviews, vous parlez d’être honnête avec votre chant et votre musique. Pensez-vous que l’honnêteté est une valeur commune dans la musique moderne ?

—Andreas : Je ne suis pas sûr que l’honnêteté soit quelque chose de spécifique à la musique moderne mais à l’art en général. Je pense que la plupart des gens, en particulier les débutants, souhaitent exprimer autant d’honnêteté que possible dans leur travail.

—William : L’honnêteté n’est peut-être pas si courante dans la musique commerciale répandue.

—La chanson « 1984 » fait référence au livre classique de George Orwell. Pensez-vous que notre société évolue vers ce qui est décrit dans ce livre ? Quels autres livres ont inspiré vos paroles ?

—William : Eh bien, les événements du livre se sont produit certaines parties du monde il y a des années. Cependant, en général, les structures sociétales orwelliennes, où les mots et les phrases sont tordus et modifiés pour manipuler et asservir, sont présentes partout. La vérité est liquide et la surveillance est ferme. Alors oui, non seulement on s’en approche, mais dans une certaine mesure, «1984» a vu juste. Mais bien sûr, il y a encore beaucoup de rayons de lumière dans notre société. Évidemment, beaucoup de livres m’ont façonné, donc je ne peux pas tous les nommer. Mais certains livres que je pourrais recommander seraient : Tomas Tranströmer – Complete Works, Roberto Bolaño – 2666, Jack Kerouac – On the Road.

—Pourquoi « Voodoo » n’était pas incluse dans le dernier EP ?

—Andreas : On a choisi d’enregistrer plus de chansons à Athènes qu’on en avait l’intention sur l’EP. On a estimé que cette chanson était plus appropriée en tant que single numérique seul.

—Je sais qu’il semble difficile prévoir l’avenir de nos jours, mais que pouvons-nous attendre d’Isolated Youth à l’avenir ?

—Andreas : On continuera à travailler sur de nouvelles musiques comme on le fait habituellement, à essayer d’atteindre nos auditeurs par d’autres moyens maintenant que nous ne pouvons pas les voir en personne …

—Comment le Coronavirus affecte-t-il le groupe ?

—Egon : Le virus nous a beaucoup affectés depuis que nous avons annulé notre tournée européenne pour la promotion d’Iris. On essaie de faire autant que possible avec le temps dont nous disposons maintenant, comme répéter et travailler sur du nouveau matériel. Tout le monde est touché, on n’a pas d’autre choix que d’essayer de continuer. J’espère que quelque chose de génial en sortira.

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