Disposant d’une grande discographie où se reflète leur constante évolution, Inertia est un groupe qu’on rêve de voir en concert. Nous avons interviewé Reza Udhin, fondateur du groupe que nous aurons le plaisir d’écouter le vendredi au W-Fest. Même s’ils s’appellent de cette ne les écoutez pas par inertie et laissez-vous transporter par vos sentiments.
—Black Metal Jesus et Mutagenic sont les premières incarnations d’Inertia. Que pouvez-vous nous dire sur ces groupes ?
—Quand j’ai commencé Black Metal Jesus, j’avais pour idée d’en faire ce que je voulais créer musicalement. J’ai posé des annonces dans NME pour pouvoir faire l’audition de membres. On a sorti quelques cassettes avec les deux groupes et donné quelques concerts. Par la suite, les autres membres du groupe ont commencé à prendre des directions différentes de la mienne. Ils voulaient monter un groupe de techno. Du coup, j’ai quitté ce projet. Ils ont changé leur nom en Omni et moi, en Inertia. Je crois qu’Omni a sorti un disque puis s’est séparé. Quelques mois après avoir créé Inertia, j’ai signé mon premier accord pour un disque avec Celtic Circle Productions en Allemagne.
—Quels groupes industriels vous ont influencé ? Aimez-vous Portion Control ? Ils joueront également au W-Fest.
—Ouais, j’adore Portion Control ! C’est un super groupe. En général, je suis influencé par le début de l’ère industrielle : Cabaret Voltaire, DAF, Nitzer Ebb, Depeche Mode etc..
—Infiltrator est votre premier EP, sorti en 1995. Comment l’avez-vous enregistré ? Quel équipement utilisiez-vous à l’époque ?
—Je l’ai enregistré sur une table de mixage Seck avec un magnétophone 8 pistes. J’avais aussi un synthé Roland SH101, un Yamaha SY22, un Yamaha CS5 et un sampler Cheetah !
—Quelques années plus tard sort votre premier album, Programmed to Respond. Quelle musique électronique écoutiez-vous alors ? On entend des influences acid, electro et EBM dans le disque.
—À l’époque, j’écoutais principalement Front Line Assembly, Die Krupps et aussi de la musique se rapprochant plus de la dance, comme ce que sortait le label Fax, Prodigy, Information Society, un groupe américain, etc. J’assistais aussi aux soirées de Goa trance, et m’en servait aussi d’inspiration.
—L’année suivante, le groupe sort un album de remix, Demagnetized/Remagnetized. Quels sont vos remix préférés ?
—Sur cet album, mes remix préférés étaient ceux de New Mind et de Das Ich.
—Sorti en 1999, Negative Prime est, selon moi, un meilleur album, si on le compare au premier. Sentiez-vous que vous aviez progressé en tant que compositeur ? « Angel » est assez complexe, et vous vous êtes également essayé à des chansons comme « Believer ».
—Oui, j’avais passé beaucoup plus de temps en studio et commencé à apprendre de nouvelles choses en tant que compositeur. J’essayais de nouvelles idées et je me débrouillais vraiment bien avec les samplers. J’enregistrais pas mal de groupes de drum and bass dans mon studio. Je m’en suis inspiré également. On avait aussi tourné deux fois aux États-Unis, donc on commençait à avoir de l’expérience !
—L’album de remix de cet album s’appelle Positive Angel. On y retrouve un remix de Psyche. Comment l’avez-vous connu ?
—C’est une drôle d’histoire. J’ai rencontré Darrin dans la discothèque Zwischenfall, à Bochum, en Allemagne. On enregistrait quelques morceaux pour Programmed to Respond dans un studio à Geldern. On est donc sorti dans cette discothèque, et c’est là qu’on a entendu pour la première fois une reprise de la chanson « Goodbye Horses » par Q Lazzurus. Mon guitariste de l’époque, Mark Barrett, faisait partie de Q Lazzurus et avait participé à l’écriture de la chanson. On a demandé au DJ pourquoi il avait passé la chanson, et il nous a répondu : « eh bien, le gars de Psyche est ici ce soir ! » Il nous a présentés et depuis, on est amis. Il a également payé Mark en main propre pour les royalties de la chanson, haha.
—Dans Advanced Revelation, on retrouve beaucoup de morceaux courts, fonctionnant comme des interludes, résultant en un album assez long de 18 pistes. Pensez-vous que ces interludes donnent un genre d’unité à l’album, ou avaient-ils une autre fonction ?
—Avec cet album, je voulais réaliser un genre d’unité décousue ! Ce n’est pas un album traditionnel, il est un peu différent par rapport à la norme, d’où les interludes.
—En 2004, le groupe a sorti Black Ice Impact. Comment avez-vous eu l’idée de faire la reprise d’une chanson d’une comédie musicale de Bollywood ? Et la reprise des Cure ?
—On a réalisé la reprise des Cure pour un album en honneur aux Cure qui sortait aux États-Unis sous le label Cleopatra. On a commencé à la jouer en live et elle était très bien reçue. C’est pourquoi on l’a ajoutée à l’album. Pour ce qui est du Bollywood, Alexys B et moi-même étions très portés sur cette scène pendant un moment, que ce soit de la production à la danse. Elle nous a fortement influencés. On a repris la chanson « Shakalaka Baby » de la comédie musicale Bombay Dreams. Elle a également été très bien reçue, tout particulièrement dans nos live !
—En 2007 et pour votre album Inertia, le son du groupe a beaucoup changé. On y retrouve encore des morceaux rappelant vos anciens, comme « Repent », mais on ressent un côté plus rock dans l’album, particulièrement dans des chansons comme « The Preacher ». Pourquoi avoir pris cette direction ?
—Je sentais que je m’améliorais en composition, et les chansons hurlantes et dures commençaient à m’ennuyer ! Je voulais ajouter plus de mélodies et du vrai chant aux chansons. J’ai donc écrit l’album en suivant cette progression naturelle. J’ai suivi mes sentiments et mes pensées. Depuis, on a continué à faire évoluer ce son pour arriver à ce qu’on fait aujourd’hui.
—Le groupe a enregistré un album de reprises, Kloned. Comment avez-vous choisi les chansons que vous souhaitiez reprendre ? Y a-t-il d’autres chansons que vous souhaitez reprendre ?
—Il s’agissait de chansons qu’on aimait, d’artistes comme, Depeche Mode, les Beatles, Elvis ou encore Jesus Christ Superstar. C’est un album amusant, vraiment. Notre reprise de « Children of the Revolution » de T-Rex est encore très populaire lors de nos concerts !
—Dans votre œuvre de 2010, Deworlded, certaines paroles parlent de marcher au-delà du monde. Où trouvez-vous l’inspiration pour vos paroles ?
—Cet album en particulier se concentrait sur le fait de sortir de sa coquille et de voir la vie sous un angle différent. Faire voyager votre esprit au-delà du monde pour voir les choses sous un meilleur jour.
—En 2012, le groupe a sorti Universal Blood, et votre ancienne batteuse, Alexys B, a été attaqué par des femmes de l’assistance, en raison de son look alternatif. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet incident ? Plus tard, vous avez modifié les paroles de « Lies » pour en parler, n’est-ce pas ?
—Oui, c’est vrai. Tristement, elle a été attaquée à la sortie d’un pub où elle jouait en tant que DJ par un gang de 8 filles, seulement en raison de son look alternatif. Elle avait des cheveux roses, etc. C’était un horrible incident, et toutes les grosses chaînes de TV et stations de radios en ont parlé, y compris la BBC. L’enregistrement de son attaque se trouve dans le clip qu’on a tourné par la suite. C’est passé sur la télévision nationale, mais personne n’a été arrêté pour ce crime.
—Existential est-il le premier album sans Alexys B ? Pourquoi a-t-elle quitté le groupe ? Était-ce difficile de continuer sans elle ?
—Alexys a quitté le groupe pour se concentrer sur son groupe de rockabilly, Lady Luck Lexy & The Riverside Boys. En outre, on était mariés et on s’est séparés à l’époque. On n’éprouve pas de ressentiments, de fait, parfois elle nous rejoint sur scène comme au bon vieux temps !
—Dans certaines chansons de Dream Machine, et dans certaines de votre album précédent, comme « Only Law », on sent une influence de Depeche Mode. Quand avez-vous commencé à écouter ce groupe et comment vous ont-ils influencé ?
—J’écoute Depeche Mode depuis le milieu des années 80. J’adorais leurs vieilles chansons et oui, ils ont été d’une grande influence sur moi. D’ailleurs, j’ai récemment rejoint le groupe de reprise de Depeche Mode numéro 1 au Royaume-Uni, The Devout !
—Vous avez joué avec Killing Joke pendant 11 ans. Pouvez-vous nous décrire cette expérience ? Pourquoi avoir arrêté de jouer avec eux ?
—Oui, c’est exact. J’ai joué pendant 11 ans à leurs concerts et enregistré 4 albums avec eux. La rupture s’est faite naturellement, et j’avais besoin de temps pour me concentrer sur mes propres projets, Inertia et Black Volition. En tout cas, j’ai vraiment passé du bon temps avec eux !
—Que s’est-il passé avec votre label Cryonica Music ? Avez-nous sorti des albums que vous nous recommanderiez ?
—Oui, les albums de Black Volition sont sortis sous ce label, et je pense que je commencerai de nouveau à sortir plus de matos très prochainement.
—Avez-vous réussi à sortir vos disques en vinyles ?
—C’est toujours en cours, haha !
—Un prochain album est-il prévu ? Ou tournée ?
—Ouais, on écrit un nouvel album qui devrait sortir début 2020. Ensuite, on repartira en tournée, certainement, au Royaume-Uni, aux USA et en Europe, là où on voudra nous voir !
—Parlez-nous un peu plus de Black Volition…
—Black Volition progresse bien. C’est un projet au son vraiment différent. Il est plus influencé par les atmosphères de David Lynch et de Twin Peaks. Western spaghetti vampirique, delta blues et électro sombre !
—Que pouvez-vous nous avancer de votre concert au W-Fest ?
—On va se donner à fond. Ça fait longtemps qu’on n’a pas joué en Belgique, alors on est impatients !