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Interview : Gene Loves Jezebel

par François Zappa

Gene Loves Jezebel de Jay Aston a enregistré des classiques du rock gothique et est également devenu un groupe célèbre dans les années 80. Après quelques problèmes bien connus au sein de la formation, ils sont de retour. On peut apprécier ce renouveau avec leur dernier album, Dance Underwater (2017) et leurs nombreux concerts. Nous aurons l’occasion de les voir lors du Sinner’s Day qui aura lieu du 30 octobre au 1er novembre en Belgique.

—Pourquoi avoir décidé de changer le nom de Slav Aryan en Gene Loves Jezebel ? Deux des titres de votre premier single, Shaving My Neck, ont été écrits par votre premier groupe, non ?

—On venait de quitter le Pays de Galles, j’avais dégoté un concert prestigieux à l’Institut d’art contemporain. C’était un nouveau départ pour nous. C’est moi qui ai composé les deux chansons. Elles se ressemblent. On l’a finalement perfectionnée et appelée « Punch Drunk ». C’était la face B de « Bruises ».

—Quelles ont été tes premières influences en tant que musicien ? Le nom du groupe est une référence à Gene Vincent et enfant, tu aimais le glam. Autre chose ?

—Mes plus grandes influences étaient les Beach Boys, Neil Young et une tonne d’incroyables chanteurs comme Joni Mitchell et Steve Marriot.

—Votre premier album, Promise, est le plus gothique de tous. Quels souvenirs as-tu de la scène gothique des années 80 ?

—Les groupes ne s’aimaient pas vraiment. Il y avait une ambiance très compétitive, c’était souvent hilarant. Les fans avaient à peu près le même âge que nous, ils nous suivaient partout et faisaient partie intégrante de l’aventure. En général, la presse musicale nous détestait. Je dirais que l’ambiance était très tribale.

—Comment le son de GLJ a-t-il évolué avec l’ajout de James Stevenson à l’époque de Discover ?

—James a apporté beaucoup d’idées musicales. À mon avis, le groupe a gagné en confiance à tous les niveaux. On est devenus plus mainstream, mais il a également ajouté beaucoup de nouvelles textures plus complexes à notre travail.

—Beaucoup de vos fans adorent House of Dolls, mais ce n’est pas le cas de ton frère. Que penses-tu de cet album, tant d’années plus tard ?

—Nous avons travaillé très dur sur l’album. Mon frère n’avait pas fait grand-chose, pourtant il a signé de son nom plus de chansons que quiconque. Il en interprète énormément en concert. Drôle de façon de montrer son dégoût pour l’album. En gros, il préfère l’option qui lui rapportera de l’argent.

—Que s’est-il passé avec Savage Records ? Quelqu’un s’est enfui avec l’argent ?

—Je ne connais pas les détails, mais je crois que le père du propriétaire a cessé de financer le label.

Que peux-tu nous dire de ton premier album solo, Unpopular Songs ?

—J’écrivais beaucoup de chansons et James avait lancé son label (Pink Gun Records). J’avais toujours aimé composer avec des guitares acoustiques et il m’a suggéré d’écrire un album solo. Je le laisse choisir les chansons, car je ne parviens pas à être objectif avec mon propre travail. Nous avons enregistré dans le home studio de notre ami Emile Lobo, à Battersea. Emile a conçu l’album et, avec James, a joué beaucoup de guitare sur l’album. Seul un morceau comporte de la batterie, enregistrée par Robert Adams. Craig Adams (aucune relation avec Robert) joue de la basse. En y réfléchissant, je ne pense pas que nous aurions dû ajouter la batterie.  Un album 100 % acoustique aurait été parfait.

—Certaines de ces chansons ont été utilisées plus tard dans VII. Cet album a un son différent par rapport à tes disques précédents. Est-ce parce que les chansons étaient issues de ta carrière solo ou parce que tu souhaitais prendre une autre direction ?

—On en avait assez des excès des années 1980. Nous avions besoin de nous éloigner des valeurs de production de cette décennie. De présenter les chansons d’une manière plus pure et épurée. Mon travail en solo s’est déroulé sans beaucoup d’agitation ni de fanfare, et n’a suscité pratiquement aucun intérêt de la part des médias. Grâce à ça, le groupe a pu s’en donner à cœur joie.

—Que peux-tu nous dire de votre deuxième album, Jezebel ? Honnêtement, je n’ai pas réussi à trouver beaucoup d’informations.

—On avait en réserve pas mal de chansons et d’enregistrements. J’en ai enregistré une grande partie à Augusta, en Géorgie et à Los Angeles après la disparition de Savage Records. J’avais besoin d’une pause vis-à-vis de GLJ. J’ai surtout travaillé avec le guitariste français François Perez (et le claviériste James Fairey en Géorgie). Quatre des chansons ont été enregistrées par le regretté Stephen Stuart Short à Los Angeles, dont « Vampyre » (Who wants to go to Heaven), que nous jouons encore souvent en concert.

—Pourquoi avoir sorti de nouveaux titres pendant les années qui ont précédé Dance Underwater ? Vous aviez des problèmes juridiques peut-être ?

—Tu voulais dire « pourquoi n’avons-nous pas publié de nouveaux titres », non ? J’en avais juste ma claque de tout.

—Comment convaincrais-tu un vieux fan de GLJ d’écouter Dance Underwater ?

—J’espère qu’ils n’auront pas besoin d’être convaincus et qu’ils sauront se montrer curieux. « How do you say goodbye to someone you love’ » devrait quand même susciter certaines émotions. C’est souvent la dernière chanson de notre set live. Peu nombreux sont les groupes possédant des ballades suffisamment émouvantes leur permettant de clôturer le spectacle.

—D’après toi, l’influence de Peter Rizzo fait la grande différence de cet album. Comment la décrirais-tu ?

—Pete (« Bugg ») et moi avons beaucoup travaillé ensemble sous le nom de « Ugly Buggs ». Il avait beaucoup de musique et de douleur à exprimer, et est devenu un excellent auteur-compositeur et chanteur pendant la période d’enregistrement et d’écriture à York (où il vit et où Ugly Buggs travaille). Il a beaucoup contribué à l’ensemble de Dance Underwater.

—La chanson « Who Wants to Go to Heaven » de ton premier album solo a été écrite pour le film Entretien avec un vampire (1994), n’est-ce pas ? Mais c’est finalement la reprise de « Sympathy for the Devil » de Guns N’ Roses qui a été choisie pour le film. Tu peux nous en dire un peu plus ?

—Anne Rice a aimé « Kiss of Life », un film était en cours de tournage. Je n’avais jamais écrit de chanson pour quoi que ce soit auparavant (bien que différentes chansons soient apparues à quelques reprises à la télévision et au cinéma) et je me suis senti inspiré. À mon avis, le fait qu’on ait quitté Geffen n’a pas aidé.

—Dans une interview, tu as révélé avoir perdu ta voix par le passé et mis deux ans à la récupérer. Tu peux nous en dire un peu plus ?

—Je fumais 40 cigarettes Marlboro par jour. Je buvais trop de vin, je criais trop. J’étais très malheureux. J’étais à Manhattan et une chanson de Sinead O’Connor est passée à la radio. Une chanson que je chantais sans effort auparavant. J’ai fini par me dire qu’il fallait que je me reprenne. Ma voix est ce qui me distingue. C’est un don. J’ai traversé un long processus pour réapprendre à chanter. Arrêter de fumer a été une véritable épreuve. C’était beaucoup plus facile d’arrêter de fumer après ce test. Si on force trop sur la voix, on doit se reposer et attendre de la récupérer. Ça m’a demandé beaucoup de discipline, or j’en avais pas vraiment.

—Avez-vous perdu du matériel important lors de l’incendie des studios Universal ?

—Je ne suis pas certain. J’espère que non. « Heavenly Bodies » y était probablement stocké. À mon avis, c’est notre meilleur album. Et de loin.

—Que peux-tu nous dire du groupe appelé The Ugly Buggs ? Il est composé de toi-même et de Peter Rizzo, non ?

J’avais prévu de créer ce groupe avec Peter après House of Dolls. On en avait assez de mon frère et on avait prévu de dissoudre GLJ. Mon frère est parti, on a continué. Peter devait s’occuper de sa famille, on a mis une vie entière avant de pouvoir travailler ensemble. The Ugly Buggs est délibérément plus sombre et plus théâtral. Nous portons du maquillage et des perruques en concert (jusqu’à présent, on en a donné deux, fantastiques dans les deux cas).

—Jean-Marc Lederman a fait partie du groupe dans les années 80. Quels sont tes souvenirs de lui ? As-tu suivi sa carrière prolifique ? Je suppose que vous êtes toujours en bonne relation puisque vous avez collaboré dans deux de ses albums ?

—Nous sommes toujours très amis et c’est grâce à lui que j’ai recommencé à enregistrer. Il a pris contact et m’a demandé de chanter sur « Moonlight Mile », qui se trouvait être l’une de mes chansons préférées. Je me suis réveillé.

—À cette même époque, Julianne Regan faisait partie du groupe. Elle est par la suite devenue célèbre avec All About Eve. As-tu suivi sa carrière ?

—Absolument, Julianne est fantastique. Elle possède une voix incroyablement pure et une grande compréhension de l’harmonie complexe. C’est aussi une personne merveilleuse qui s’intéresse à tout. Elle a chanté avec moi sur plusieurs morceaux. Julianne, Jean Marc et moi sommes les membres originaux de GLJ. Je viens de remarquer que nous avons tous l’initiale « J ».

—Comment la pandémie t’a-t-elle affecté ? Je suppose que beaucoup de vos concerts ont été annulés.

—Le groupe faisait partie de la tournée de The Mission, annulée juste avant le Covid. Nous allons reprendre et terminer cette tournée avec nos amis de The Mission dès que possible. On a dû annuler plusieurs tournées. L’année 2022 semble prometteuse. Je ne m’attendais pas à être pris au piège au Royaume-Uni. Ça me dérange pas d’être seul, mais même moi, j’ai trouvé cette période parfois très difficile et éprouvante. Heureusement, j’ai une guitare. Elle m’a sauvé la vie. J’ai apprécié l’air pur et l’absence de foule. C’était un point positif inattendu. À présent, on recommence à détruire la planète, malheureusement.

—Un nouvel album de Gene Loves Jezebel est-il prévu à l’avenir ? Quels sont les projets du groupe pour le reste de l’année ?

—On joue au Sinner’s Day en novembre, bien sûr, et je donne deux concerts en solo dans le magnifique Lake District en novembre aussi. Je viens de faire mon premier spectacle depuis la fin du confinement. Deux avec Fischer Z, un avec Spear of Destiny et un avec Mark Burgess. C’était surréaliste. J’ai adoré. Un nouvel album de GLJ n’est pas exclu. Il faut juste un peu d’organisation.

—Allez-vous enfin pouvoir tourner en Amérique du Nord ? J’ai vu que vous alliez jouer au Cruel World Fest.

—Nous sommes vraiment impatients de donner un gros concert. On prévoit également une tournée du même genre. J’espère que ce sera une grande tournée.

—Que peut-on attendre du concert du groupe au Sinner’s Day ?

On va vous en mettre plein la vue, on est doués pour ça.

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