Des cendres électroniques de Cuartilla y Muto et des croyants de la religion techno est né World To Zero, un duo de promoteurs de l’action radicale, armé de synthés mortels. Nous aurons la possibilité d’écouter leur dernier EP pour la première fois au DarkMad à Madrid, le 25 octobre. Le monde part en vrille, mais on a toujours la musique, la musique de World To Zero.
—Votre projet antérieur s’appelait Cuartilla y Muto. Pourquoi avez-vous abandonné cet alias ?
—Le projet est plus ou moins le même, on a juste décidé de changer le nom. On a commencé à travailler plusieurs morceaux de WTZ sous le nom de Cuartilla y Muto. On avait même joué certains de ces morceaux en concert, mais on a décidé de les éditer sous le nom de WTZ. Cuartilla y Muto se composait de Victor et Javier, World To Zero est Cuartilla y Muto.
—World To Zero est la traduction du nom de votre disque Mundo a Zero sorti sous le nom de Cuartilla y Muto. Vous avez utilisé le même nom comme signe de continuité entre les deux projets ?
—Exact. On pourrait dire que c’est l’évolution entre les deux projets.
—Quels artistes inspirent le son de Word To Zero ?
—Eh bien, si on commence à citer des artistes, on n’en finira jamais. On a des goûts et une vision de l’art assez semblables. On aime tous les deux des centaines de groupe et d’artistes, mais je ne pense pas qu’ils soient une source d’inspiration.
—Javier, vous avez travaillé sous le nom de Logical Disorder. Votre son se situait entre l’IDM et le dark ambient (bien que chaque disque soit différent). Que pouvez-vous nous raconter sur ce projet ?
—Depuis 2006, j’utilise ce projet pour m’exorciser. Je l’utilise comme thérapie pour ne pas devenir fou, même si dernièrement, je l’ai un peu abandonné. J’aime mélanger la lumière et l’obscurité, étant donné que la vie n’est pas rose.
—Vous avez également sorti des singles comme Muto. Était-ce vos débuts ?
—Plus ou moins, Muto est postérieur à Logical Disorder. Cet alias servait à séparer les deux styles, juste après la fin du premier projet appelé Crashcats.
—Votre premier disque, Solidarity Between Machines est sorti l’année dernière. Comment a-t-il été reçu ?
—À dire vrai, il a été bien mieux reçu que ce à quoi on s’attendait. On l’a présenté dans la salle Razzmatazz, ce qui est déjà beaucoup pour nous. On a décidé de le sortir uniquement en numérique, et aujourd’hui, on le vend encore. C’est le disque qu’on a le plus vendu et qui a été le plus téléchargé jusqu’à présent.
—Cette année, en mai, vous avez sorti Futur Negre, votre deuxième référence. Comment décririez-vous ce disque ?
—C’est la continuité de Solidarity Between Machines, avec un son plus pur et expérimental. Il y a peu, nous l’avons présenté à Barcelone et il a été bien reçu.
—L’influence de l’acid est évidente dans vos morceaux comme « UFO ». Pensez-vous qu’il existe un nouvel intérêt pour ce genre ces dernières années ?
—Depuis l’arrivée de la 303 au début/milieu des années 80, l’acid a toujours été présent, dans la house, la techno, l’electro… dans la musique électronique en général. Possible que maintenant, ce soit un genre qui s’écoute plus, mais ça nous est égal.
—Pensez-vous que la musique électronique doit transmettre un message ?
—Bien sûr… tout type d’expression artistique doit transmettre un message. Sinon, ce n’est pas de l’art.
—Pensez-vous être des personnes négatives ou est-ce le monde qui part en vrille ?
—Ha ha ha, c’est plutôt la deuxième réponse. Le monde, littéralement, part en vrille à cause des humains.
—Sentez-vous que vous faites partie de la scène catalane de techno ? D’ailleurs, y a-t-il une scène de techno là-bas ?
—Oui, il y a toujours eu une scène et il y en aura toujours une. La « scène » qu’ils nous vendent… mieux vaut qu’elle ne connaisse pas notre existence.
—Êtes-vous toujours intéressé par le clubbing ?
—Qu’on le veuille ou non, la musique électronique va toujours être liée au clubbing. Ce que nous connaissons comme le clubbing a cessé d’exister il y a de nombreuses années. Il est aussi vrai que maintenant, on n’a plus la tête à ça. En tout cas, on est contents, car 85 % de nos représentations ont été programmées en dehors de l’horaire de clubbing. Comme public, on a raté beaucoup de concerts simplement parce qu’ils les programment très tard, et pour y assister, il faut voir toute la merde qu’ils programment avant.
—Parmi les principaux festivals d’électronique d’Espagne, le Sonar, le LEV, le MIRA, avec lequel vous identifiez-vous ?
—World To Zero pourrait parfaitement faire partie de l’affiche de ces trois festivals.
—Sous votre alias antérieur, vous avez joué à Dakar avec plusieurs artistes qui vont jouer au DarkMad. Plus tard, vous avez collaboré avec Fakeba. Pensez-vous que cette expérience ait créé un sentiment de communauté entre les artistes avec qui vous l’avez partagée ?
—On a partagé nos aventures à Dakar avec Flash Zero, Fakeba, JLA Form et Kirlian Kamera. Ça a été une expérience fantastique. C’était le premier festival de musique électronique, jusqu’à présent, aucun semblable n’avait été organisé au Sénégal. Ça nous faisait plaisir à tous de jouer à ce festival, et ça se voyait. Comme vous dites, ça a créé un sentiment de communauté entre nous. Beaucoup de choses se sont passé ce week-end-là. Effectivement, on a collaboré pour un remix avec Fakeba. C’est une belle personne.
—Que pouvez-vous nous dire de votre prestation au DarkMad ? Sera-t-elle basée sur de l’improvisation ou allez-vous jouer des morceaux de votre dernier disque ?
—Ça va être génial !