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Trento : rien que de la pop

par François Zappa

Sergio Aguilar, en plus de représenter la moitié de Trento, fait partie du peu de personnes que j’aime appeler mes amis. Vous pouvez écouter les chansons de sa nouvelle aventure musicale sur https://trento.bandcamp.com/ et lire ses sages paroles dans l’interview ci-dessous. 

–Trento est aussi le nom en italien de la ville de Trente, où l’on parle allemand, et vous êtes un groupe espagnol qui habite en Angleterre. Penses-tu que ces problèmes d’identité se reflètent dans votre musique ?

–Hahahaha… L’identité se forme quand on se confronte à l’autre. Vivre à l’étranger te fait te poser des questions constamment, mais je ne pense pas que cela se reflète sur la musique que nous faisons. Rien que de la pop ! 

–Pourquoi le changement de Decultuanimae à Trento ? 

–Studio 182 était le nom d’origine du groupe. C’était le nom des studios où l’on répétait à Brighton. Le premier et unique batteur qu’a eu Decultuanimae (le culte de l’âme en latin). Je crois que c’est le pire nom que j’ai jamais entendu de ma vie. Quand nous avons sorti le premier EP, j’ai décidé de changer le nom en TRENTO, un mot à la sonorité puissante. Ensuite, nous parlons du schisme d’occident, de la consolidation de la rancœur en Espagne, etc., et nous utilisons cela pour nous donner un air intellectuel qu’en réalité nous n’avons pas.

–Vous n’avez jamais joué en Angleterre. Pensez-vous que ce soit plus difficile de jouer là-bas sachant que vous chantez en castillan ? Pensez-vous que le grand public anglais est ouvert à l’écoute de musique dans d’autres langues ? 

–En général, le public anglais ne prête pas attention aux musiques dans d’autres langues et je dirais même que les groupes non plus ne font pas beaucoup attention lorsqu’ils écrivent les paroles. Je crois qu’ils les utilisent plus comme une chose pour chanter au lieu de chanter pour dire quelque chose. C’est le cas aussi en Espagne. Comme je crois que les Anglais ne veulent pas écouter de musiques dans d’autres langues, pourquoi diable jouer ici ? 

–Quelles sont vos influences ? Je pense à Los Planetas, un peu de OMD (dans Brillante Estategia), au shoegaze ou encore à un peu d’Hidrogenesse. 

–Les Planetas, ça, c’est sûr, surtout pour notre premier EP ¿Hay alguien ahí? Quand Javi a rejoint le groupe, il a apporté ces sons des années 1980 ou de groupes comme Family. Je crois que les influences viennent des chansons anglo-saxonnes que faisaient les groupes indies espagnols dans les années 1990. Aujourd’hui, j’adore les Ganglios ou Ciclos Iturgaiz.

–Que pensez-vous de la scène espagnole actuelle ? On dirait qu’il y a plus de groupes que jamais. Sentez-vous que vous faites partie d’une scène en particulier ? 

–J’ai l’impression qu’on essaie de créer une scène en Espagne semblable à celle que possède le Royaume-Uni depuis que les Beatles sont nés. Ça me semble être une bonne idée, mais c’est une scène basée sur l’état de bien-être et sur un certain libéralisme illustré, vide de contenu, qui tend à amuser et à faire gagner de l’argent à quelques-uns. Personne n’écoute TRENTO. On n’est nulle part, on ne fait partie de rien. 

–Pensez-vous qu’Internet facilite les choses pour les nouveaux groupes ? Qu’en est-il de votre expérience ? 

–On laisse des chansons sur Spotify ou Bandcamp et on poste des trucs sur Facebook. Voici l’expérience qu’on a avec Internet. Le fait qu’on puisse laisser la musique sur la toile ne veut pas dire que les gens l’écouteront ou t’appellent pour t’inviter à jouer par ici ou par là. Nous faisons des chansons pour passer du bon temps ou pour exprimer nos problèmes. Moi, personnellement, ça m’est égal qu’on m’écoute ou non. 

–Vous continuez de croire aux maisons de disques ou vous pensez que l’auto-édition est suffisante ? 

–Je suis passionné par les petites maisons de disques montées par quelqu’un tout simplement parce qu’il ou elle aime la musique. L’auto-édition est suffisante pour ce à quoi on prétend, nous qui n’avons pas d’attente particulière, d’espoir ou de talent. 

–Dans une de vos chansons, vous utilisez un sample de Rajoy. Pensez-vous que le musicien doit être impliqué dans la politique ? L’indie espagnol a été beaucoup critiqué en raison de sa position politique.

–Je crois qu’il est nécessaire de prendre une position politique. Il y a une chanson de notre premier EP, ¿Hay alguien ahí? intitulée « Imposturas Indies » qui, avec ses paroles introspectives façon Pumuky, Planetas et McEnroe, prétend se moquer de cette imposture de mec sans véritable problème et qui a beaucoup de temps libre pour écrire des bêtises tourmentées. Je veux dire, ils expulsent ton voisin, mais toi tu écris sur l’abîme existentiel. C’est très bien, mais c’est comme apporter des Bibles en Afrique pour combattre la faim. Ceux qui ne disent rien sont ceux qui sont de l’autre côté, comme Fangoria

–En tant que parolier, quels artistes ou écrivains t’influencent ?

Sr. Chinarro, El Último de la Fila. J’aime aussi beaucoup GG Quintanilla et les paroles d’Ornamento et de Delito. Plus tard, je veux être comme lui. 

–Vos chansons sont assez différentes les unes des autres. Pensez-vous qu’un groupe doit se concentrer sur un seul genre ou qu’ils doivent se laisser porter en fonction du thème ? 

–L’un de mes groupes préférés a toujours été Dwomo. Deux types qui font n’importe quel type de chanson dans n’importe quelle langue, depuis le latin, en passant par le catalan et en terminant par le japonais. On n’a pas à se catégoriser. C’est vrai que les trois EP sonnent de façon très différente, mais ça a à voir avec les changements qui se sont produits dans le groupe ces dernières années et avec les moyens dont on disposait pour enregistrer chaque EP.

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