On se rappellera 2020 comme une année horrible : beaucoup de gens ont perdu des êtres proches, d’autres ont perdu leur travail ou leur commerce, et tout le monde a perdu presque un an de sa vie. Beaucoup de promoteurs ont dû décaler une, deux, voire trois fois leurs concerts, et aucun festival ou presque n’a été organisé. L’hallucinante affiche du Darkmad devra attendre 2021, le W-Fest n’a pas eu lieu, tout comme le Sinners Day, l’Ombra ou encore le Wroclaw Industrial Festival annulé une semaine avant sa date. On avait même des billets pour aller voir les Misfits au Mexique, mais on a raté cette occasion unique. On a seulement pu se rendre au Liège New Wave Festival ainsi qu’aux concerts organisés par Andrés Noarbe à La Casa Encendida, qui nous ont apporté un peu de joie. Dans mon cas, ça a également été l’année où j’ai acheté le plus de CD et écouté le plus de musique. Mes compagnons du Garaje ont fait la critique de certains, mais 24 heures ne suffisent pas dans une journée. Voici notre rétrospective de l’année :
Classiques.
On n’a pas eu l’occasion de parler d’eux, mais deux groupes classiques ont démontré que l’expérience est un grade. Après 40 ans de carrière, Einstürzende Neubauten se sont de nouveau réinventés dans leur dernier disque, émotif et transgresseur, tandis qu’Esplendor Geométrico ont démontré à nouveau qu’ils sont les rois de l’indus en sortant une autre œuvre incroyable. Dirk Da Davo nous a apporté un énorme EP composé avec le mexicain Sanchez sous le nom de DD Sanchez. The Breath of Life nous ont de nouveau surpris avec 11 morceaux irrésistibles.
Jean-Marc Lederman, précédemment dans The Weathermen, a sorti trois disques en 2020, dont Letters To Gods (and Fallen Angels), qui fait sans aucun doute partie de notre top 10. Les autres disques instrumentaux qu’il a sorti sont également réalisés d’une main de maître. Je reconnais également que je n’ai pas pu écouter le dernier disque de Dive, mais étant donné qu’il existe une édition spéciale dans laquelle figurent les magnifiques photos de notre cher Patrice Hoerner, je pense que je ne tarderai pas longtemps avant de me l’approprier.
On ne se lasse pas non plus de parler de Philippe Laurent et d’Enzo Kreft. Le premier nous a proposé deux morceaux d’improvisation tandis que le second a sorti deux tubes, hors d’œuvres de son prochain album.
Modern Classics
L’une des grosses surprises de l’année nous vient de Then Comes Silence et de leur extraordinaire Machine, un pas de géant pour leur carrière. En parlant de machines, il faut également qu’on s’arrête sur l’EP de Minuit Machine que nous avons également adoré. Fatal Casualties, avec leur Lullaby for Helsinki ont également sorti l’un de nos albums préférés de l’année, tout comme Black Needle Noise et leur album de reprises This Mortal Cover.
La nouvelle obscurité.
Deux groupes nous ont permis de mieux supporter les durs mois de la pandémie : The Sea At Midnight qui a signé ma chanson préférée de 2020, « Edge of the World », et Scenius qui ont composé un autre superbe album rempli de romantisme. N’oublions pas non plus Dover Lights qui m’ont conquis avec seulement deux singles.
À noter que nous avons également adoré l’EP Lockdown d’OCD et le Nowhere de Des Âmes Libres. Le disque qui m’a le plus surpris est sans aucun doute celui des polonais xDZVONx, sans oublier les montagnes russes signées par Controversial avec leur Second Genesis.
On a également découvert des groupes comme Painted Romans qui, à part leur magnifique EP, comptent également à leur actif une longue discographique qui vaut la peine d’être écoutée. Pendant un mois, nous avons également parlé de la saga de Factheory/Unsaid/Amazing Games et de Metaphysical Machinery, qui, entre rééditions, morceaux inconnus, singles et EPs, nous ont offert une bonne poignée de chansons.
Passons au terrain plus électronique, dans lequel nous devons parler de NNHMN et de leurs deux EPs ahurissants, du dernier album de True Zebra, ainsi que des deux puissants EP de nos amis de Zwaremachine. Hexadiode, que ce soit avec leur disque ou leurs remix (que nous devons encore critiquer) ont également été un véritable rayon de soleil dans l’obscurité. Autre habitué du Garaje, le musicien français Spiryt nous a offert deux fantastiques disques instrumentaux. Bien qu’il fut publié en décembre 2019, l’Animal Shadows de Echoic Memory a également sa place ici.
Le meilleur disque en live, et certainement le meilleur concert qu’on a vu cette année, revient au We Can Play In A Living Room de Dear Deer.
J’ajoute également Seven Federations pour ses intéressants singles d’un album dont on vous parlera bientôt.
Nos paris pour 2021.
Il y a tellement d’artistes qui ont publié de bon matos cette année qu’il nous a été difficile de tout suivre. Voici donc une liste de ceux qu’on aimerait mettre en avant : –ii–, In A Darkened Room, Elle Noir, Julien Shah-Taylor, Black Angel, Handsome Abomination, [needle], Poisoned Hestia, Thrillsville y Lefki Symphonia.
Nos labels.
Deux labels ont été très présents dans el Garaje et sur nos reproducteurs : Unknown Pleasures (et son sous-label +Closer2) et Other Voice Records. Le premier a sorti du matériel très intéressant comme Vanishing Smile de Follow Me Not, le nouvel album de Chris Shape, de La Main et le merveilleux disque en hommage à Death In June. En outre, Chemical Waves a sorti pas moins de deux disques cette année, dont le phénoménal Even When We Fall Apart. Quant au label russe, il a publié Fritch, Colossalist de Vukovar, et du matos qu’on a adoré, comme They/Live, Tristan B ou Korine.
Délices turcs.
L’un de nos lecteurs nous commentait qu’il était surpris par la quantité de groupes en provenance de Turquie. Il est vrai qu’on leur a dédié un espace particulier, mais il est vrai que des artistes comme Aux Animaux (résidente en Suède) nous a conquis depuis le début et son EP Stockolm Syndrome nous a enchantés. On a même inauguré notre section de vidéos avec elle. En outre, grâce à son interview, nous avons connu Affet Robot, qui nous a apporté un magnifique EP, et Rain To Dust, l’un des favoris de nos lecteurs.
Pendant ce temps, en Espagne…
Nous avons commenté en long en large et en travers le fabuleux disque de Paranormales, autre chef-d’œuvre de l’année. En outre, deux groupes que nous avons vus en live cette année, Dilk et Sindicato Vertical, ont publié de très bons albums. On a également adoré Es una Bestia de Wladyslaw Trejo qu’on va acheter en vinyle. On a également adoré le travail Mandelbrot et on attend son deuxième album avec impatience. Sans oublier SERCH, qui ont sorti un album, des singles, des remix, des EP, des collaborations… D’autre part, les singles de Ramos Dual y Yul Navarro nous ont conquis. Pour les fans de la dark electro, Vein Cramp ont également sorti un EP.
Mention spéciale pour le disque de Lume, sorti à la fin de l’année dernière et qui nous a accompagnés pendant les premiers mois de l’année.
Dansez, dansez.
À notre retour à Madrid nous avons été surpris de la quantité de labels de musique électronique qu’on a connus et qui sortent du matériel de qualité : Industrias Mekanicas (phénoménal mini LP de Mova et Antikhrist Visions Vol. 2,), Femur (Cold Color), Frigio Records (All Stars Vol.3) et Barro (Amato 2 in 1 + remixes) ont sonné sur nos platines et rendu moins tristes nos danses dans le salon.
Voici enfin une petite liste d’EP hautement recommandés : The Way of the Penitent d’Arabian Panther vous fera voyager un peu avec ses sonorités arabisantes. Cause of Chaos de Unhuman et Petra Flurr réunit indus, EBM et dark electro, tout ce qu’on aime au Garaje. L’acid de l’Insurrección de Komando Terrorismo Sónico, une collaboration de Tensal et Reeko, apportera un peu de folie pour votre réveillon du Nouvel An. Enfin, la beauté de Morning For Loss de Depressor fera ressurgir des larmes refoulées depuis trop longtemps, véritable thérapie pour la fin tant attendue de cette horrible année.