VUDUVOX est le projet de J-C Van Thienen (anciennement dans BUZZ) et d’Olivier Thibaut, percussionniste de SA42. Leur premier disque, Vaudou Électrique, est sorti en 2014 et ils sont sur le point d’en sortir un nouveau. Ils joueront en première partie de She Past Away le 7 mars prochain à Lille, et avec Larva, également en mars, à Liège. Nous avons discuté avec J-C, le frontman du projet.
—Pouvez-vous nous en dire plus sur les débuts du groupe ? Comment tout a commencé ?
—Et bien, à vrai dire, il y a eu deux ou trois « débuts ». Pour faire court, j’ai commencé un projet solo appelé BUZZ au milieu des années 80. Avec quelques collaborateurs, j’ai sorti une cassette, qui vient d’être republiée sur vinyle par Dark Entries, et quatre 12” qui ont obtenu un certain statut indépendant, tout particulièrement « Kennedy » et « Berlin ». En concert, j’ai joué en première partie d’Anne Clark, A Split Second, The Essence, Minimal Compact, The Neon Judgement, Taxi Girl, etc. jusqu’en 1989. Après ça, je n’ai jamais arrêté de faire de la musique, mais je n’ai pas eu mon propre studio avant 2006, l’année où j’ai décidé de ressusciter le projet. À ce moment-là, le nom n’était plus du tout original et j’ai mis du temps avant d’en trouver un bon. Sur une période de quatre ans, la composition du groupe changeait tous les six mois, ou quelque chose du genre. Les collaborateurs prenaient le train en marche et quittaient le projet dès qu’ils se rendaient compte que ce devait être bien plus qu’un hobby. Malgré ça, j’ai tout de même réussi à sortir cinq CD moi-même, ainsi que de nombreux autres morceaux sur des compilations, du Brésil en Russie, ainsi que des remix de SA42, Bertrand Siffert (ingénieur des The Young Gods), David Harrow, People Theatre, Danny Briottet (anciennement membre de Renegade Soundwave) ou de Dirk Da Davo des Neon Judgement pour en citer quelques-uns. Pendant ce temps, BUZZ jouait du Portugal en Suisse, en passant par l’Allemagne, et partageait la scène avec des groupes comme Cassandra Complex, SA42, Implant. Fin 2011, le guitariste a prétendu qu’il faisait un burn-out, et est parti dix jours plus tard juste avant une série de neuf concerts en France et en Belgique. J’ai donc appelé Olivier T., que j’avais vu jouer des percussions électro en concert pour SA42. Dix jours plus tard, on était en première partie de Parade Ground, et ensuite d’Implant, Psyche, Spectra Paris, pour ne citer qu’eux. J’ai parlé du nom « VUDUVOX » à plusieurs amis et fans, du Royaume-Uni au Brésil. Après plusieurs semaines de brainstorming, ce nom a marqué une renaissance totale tout en générant une vibe et un feedback positifs. Apparemment, « VUDUVOX » était un bon choix : c’est facile à prononcer dans tous les pays, et c’est très évocateur. Ça résume ce qu’on peut attendre de nous, c’est-à-dire un mix d’énergie sombre, presque tribale aux touches de punk (pour la partie vaudou), associée à de l’électro oldschool, de l’industriel et presque de l’EBM ou du synthpop (pour vox). Comme vous l’aviez sans doute deviné, on ne peut pas nous catégoriser si facilement. Parfois, certains se plaignent qu’on est « trop modernes », d’autres qu’on n’est « pas assez post-punk » et je m’en tape. Je ne regrette rien. J’ai toujours campé sur mes positions. On n’est pas là pour proposer un déjà-vu sans originalité et on n’est pas de simples clones. Du coup, on se trouve généralement hors des sentiers battus grâce à ce qui a souvent été qualifié de son unique, homogène et immédiatement identifiable.
—Votre premier album Vaudou Électrique est sorti en 2014. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’enregistrement ? Il est a été publié par le label italien EK Product, vous travaillez encore avec eux ?
—Oui, on travaille toujours avec EK Product, et avec plaisir. C’est un jeune label prometteur, comme le montre leur récente compilation de deux CD Complicity Content. Après avoir réglé notre problème de nom, on s’est mis d’accord sur le fait qu’Olivier devait passer des percussions électro à la guitare, et j’ai tout réarrangé pour l’album suivant, Vaudou électrique. Il a été pré-produit par Dirk Da Davo, finalisé par moi-même et masterisé par Len Lemeire d’Implant, que j’avais rencontré grâce à Anne Clark et qui avait masterisé tous les albums de BUZZ ensuite. À l’époque, Amedeo, qui gère EK Product et qui s’est occupé de la distribution de BUZZ en Italie, nous a proposé de signer avec eux illico sans même avoir écouté une seule démo de VUDUVOX. C’était une question de confiance. Vaudou électrique est sorti chez EKP en novembre 2014. Les années suivantes, on a été très occupés. L’année dernière, on a joué à Northampton, Liège et Lille avec Attrition, à Milton Keynes ou encore Rome. Le point culminant fut notre participation aux festivals NCN et E-Only à Leipzig avec Suicide Commando, Ash Code et Apoptygma Bezerk. On a également travaillé dur sur Fétiche, notre prochain album, qui a été retardé de plus d’un an maintenant, car j’ai décidé de retravailler quelques bricoles suite au mastering d’Implant Plant qu’au final je suis le seul à entendre ! Désolé d’avoir pris du retard, mais c’est pour le mieux, et on touche au but…
—Vos concerts ont l’air très intenses, à en juger par les vidéos que j’ai vues. Comment les décririez-vous ?
—Ce sont des événements plutôt intenses en effet, comme vous avez dû le voir sur YouTube. On adore le live et convaincre de nouveaux publics, à fortiori l’étranger… J’ai toujours insisté sur le fait de combiner le son et le visuel. Sur notre DVD live, chaque vidéo est synchronisée à la musique et est fortement liée aux paroles. Elles sont en général projetées directement sur nous et donnent à chaque concert une atmosphère sombre. En toute honnêteté, on n’aime pas trop les éclairages de scène. On n’est pas les Pink Floyd ! Nos concerts sont joués à fond : guitares, voix et machines, le DVD que je viens de mentionner et mon crâne de taureau fétiche comme pied de micro. En plus, on utilise le même kit de son d’un morceau à l’autre, un peu à la façon des Ramones. Punk un jour, punk toujours ! On est bien conscients que soit on aime, soit on déteste, mais on n’est pas des putes et et on n’a pas forcément envie de caresser le public dans le sens du poil : No compromise, no surrender !
—Vous avez fait un remix pour Zwaremachine. On les a interviewés il y a quelques semaines. Comment avez-vous commencé cette collaboration ?
—Depuis ce remix pour Zwaremachine le mois dernier, je viens d’envoyer un titre inédit pour la compilation Orphans du label North Shadows Records, en soutien aux pompiers de Monchique au sud du Portugal, une région ravagée par les incendies de forêts encore l’an dernier : l’intégralité des sommes des téléchargements leur est reversée. Ces trois dernières années, on en a enregistré quelques-uns pour Implant, Llumen, Rhesus Factor (feat. Leaether Strip), Tragic Error, etc. ainsi que des reprises de Front 242, Indochine, etc. pour plusieurs albums et compilations. Tout ça, sans mentionner mes collaborations à la voix pour Synthetik Form et Code Six. Et, on a déjà commencé à travailler sur le troisième album. J’ai aussi environ 200 morceaux inédits, et j’en compose de nouveaux régulièrement. Pour le dernier, qui date d’hier, j’ai fait appel au claviériste de I Am The Shadow, Vitor J. Moreira pour peaufiner ensemble la mélodie au piano. Heureusement, Internet facilite tout et nous fait ressentir notre appartenance à une scène, alors qu’au niveau local on n’a que très peu d’aide et de contacts, à l’exception de l’émission de radio Sampler et Sans Reproches, qui promeut ce type de musique depuis 20 ans et qui est toujours à la pointe de ce style.
Pour ce qui est de Zwaremachine, c’est notre ami commun, Severin 24, qui m’a présenté Mach Fox (de Minneapolis) il y a douze ans. Mach a conçu un logo et un remix sous ce nom pour BUZZ et m’a récemment proposé de remixer son superbe nouveau projet qui rappelle le Front 242 des débuts en plus sombre encore. Je peux vous dire que c’était amusant, mais remixer les compositions des autres est toujours plus difficile que lorsqu’on travaille sur ses propres morceaux : stress, quand tu nous tiens… Je crois que Mach a été plutôt satisfait du résultat et on va jouer ensemble en septembre, au New Wave Festival déjà près de Liège, avec Whispering Sons, et à quelques autres endroits.
—Vous devez sortir votre deuxième album cette année et vous avez déjà des concerts de prévus. Cette année sera chargée pour VUDUVOX, non ? Vous prévoyez de venir en Espagne ?
—Oui, comme je vous l’ai dit plus tôt, Fétiche sortira pour bientôt. Une nouvelle année chargée pour VUDUVOX, mais on ne s’en plaint pas, loin de là… Je n’ai joué qu’une seule fois en Espagne, dans le club indie Ya’sta de Madrid, sous le nom de BUZZ, lorsque la Movida battait son plein… Une soirée d’anthologie ! Avec VUDUVOX, on n’a pas prévu de passer en Espagne pour l’instant, mais joder ! ça serait vraiment de putamadre, hombre/guapa et on étudiera avec plaisir toute proposition ! Alors, allez-y !
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