Ces dix dernières années, The Underground Youth ont sorti 10 disques où nous retrouvons du rock psychédélique, du post-punk et du shoegaze de grande qualité. Nous avons parlé avec Craig Dyer de la carrière de son groupe, ainsi que de son nouveau disque, Montage Images of Lust and Fear. Ils présenteront ce dernier, avec Second Still en première partie, à la Sala El Sol à Madrid, ce vendredi 7 juin, lors d’une nuit sans aucun doute mémorable.
—Comment avez-vous commencé The Underground Youth ? Au début vous étiez seul n’est-ce pas ?
—C’était juste un projet pour me permettre de sortir les chansons que j’avais commencé à écrire et à enregistrer. Au début, je n’avais pas l’intention de monter un groupe ou de sortir les morceaux. Ensuite, tout est parti de là.
—Au tout début, Bob Dylan est une très grande influence pour vous. Laquelle de ses périodes préférez-vous ?
—Impossible de tout réduire à une période spécifique. Je suis même incapable de nommer un album préféré, ils sont trop nombreux à avoir cet effet sur moi.
—Comment décririez-vous la scène musicale de Manchester à l’époque ?
—On n’a jamais vraiment fait partie d’une scène à Manchester, donc je ne sais pas vraiment. Ça ne m’a jamais vraiment intéressé de m’intégrer à une scène lorsque j’ai commencé.
—Quelles étaient vos influences lorsque vous avez enregistré Morally Barren, votre premier album ?
—Ah ah. Je crois que c’est plutôt évident. C’est une collection peu originale de chansons. J’apprenais à écrire et à enregistrer en imitant ce que j’aimais. Mon propre style est né de là.
—Votre second album, Voltage, est-il sorti en 2009 ? C’est le seul que je vois listé en tant que republication dans Discogs. Vous avez sorti tous vos premiers albums vous-même, comment en avez-vous fait la publicité ?
—Morally Barren et Voltage sont tous deux sortis très tôt en 2009. Je les avais juste postés en ligne pour que les gens puissent les télécharger et les écouter gratuitement. Je n’en ai pas fait la publicité. Je crois que les bonnes personnes sont juste tombées dessus par hasard et voilà ce qui s’en est suivi.
—Étant donné que vous avez une chanson appelée F”ear and Loathing in my Own Private Memory », dans quelle mesure vos chansons sont-elles autobiographique ?
—Certaines sont très personnelles et complètement autobiographiques. D’autres sont des œuvres de fiction.
—Pour Mademoiselle, vous avez fait une reprise avec Anna Karina d’Alphaville, et vous avez aussi une chanson appelée A Band Apart. Êtes-vous aussi fan de Godard ?
—Et bien, je pense que c’est plutôt évident non ?
—Dans Mademoiselle, vous faites une reprise de “Lord Can You Hear Me?” de Spaceman’s 3. Pourquoi cette chanson ? Pensez-vous que le reste de l’album partage le même état d’esprit de la chanson ?
—Honnêtement je ne me souviens pas pourquoi j’ai choisi de faire une reprise de cette chanson. Pour moi ça me semble bizarre que Mademoiselle soit devenu si populaire. Je le considère comme un étrange mélange de chansons.
—Que voulez-vous dire avec le titre The Perfect Enemy For God, et quelle relation ce titre a-t-il avec le contenu de l’album ?
—Ce sont des paroles de la chanson « Veil » qui se trouve sur cet album. Je pense que la signification repose quelque part dans cette chanson. Je ne parle pas vraiment de mes paroles dans un sens littéraire, elles sont ouvertes à l’interprétation par celui qui les écoute.
—Sadovaya a été écrit lors ce que vous viviez en Russie. Que pouvez-vous nous dire de cette expérience ? Cet album est influencé par le post-punk russe, que pouvez-vous nous dire de plus sur cette scène ?
—En fait, je n’ai jamais vécu en Russie. Par contre j’y ai passé beaucoup de temps. D’un point de vue artistique, Saint-Pétersbourg est une ville qui inspire vraiment. Cependant, je ne dirais pas que Sadovaya comporte des influences du post-punk russe. Et puis, je suis devenu un gros fan de la scène, et plus particulièrement du groupe Kino. Mais à l’époque, il s’agissait encore d’un trésor non découvert pour moi.
—A Lo-Fi Cinematic Landscape regroupe des enregistrements instrumentaux pour un court-métrage qui n’a jamais été réalisé. Que s’est-il passé avec le projet ? Avez-vous déjà pensé à composer des bandes-son ?
—Le film ne devait jamais être réalisé. J’adorerais commencer à travailler sur des bandes-son, c’est quelque chose dont je parle depuis des années, mais j’étais si occupé à écrire et à partir en tournée. Par contre un jour oui, je le ferai…
—Pensez-vous que les influences psychédéliques de votre musique ont disparu petit à petit dans vos albums ? Par exemple, le son de Haunted est plus sombre, plus des années 80 et c’est aussi le cas de la pochette.
—Je ne pense pas à ça. En ce qui me concerne, le processus d’écriture et d’enregistrement est fluide. Je ne pense pas à la façon dont les chansons vont sonner avant que je ne commence le processus. Si mes influences ont changé au cours des années, c’est seulement parce que j’ai suivi un processus naturel. C’est 10 dernières années d’existence de The Underground Youth, ma personnalité a changé. Je pense que, pour un artiste, il est important de changer et de ne pas faire toujours la même chose.
—Pensez-vous que What Kind of Dystopian Helloholes Is This? était votre album commercial ?
—Il était commercial ? Je ne dirais pas ça.
—Le groupe vient juste de sortir son dernier album Montage Images of Lust and Fear. Pensez-vous qu’il soit plus sombre et plus brut que vos albums précédents ? Birthday Party a-t-il influencé l’enregistrement ?
—Encore une fois, je n’ai pas pensé à la façon dont les chansons sonneraient avant de commencer le processus. Leur son est le résultat de notre écriture et notre enregistrement live en tant que groupe. Nous créons un album qui représente où nous en sommes à un moment donné et comment nous sonnons en live. Je pense que c’est ça qui produit la qualité « brute ». The Birthday Party a toujours été une influence, si ça se ressent plus sur cet album, ce n’était pas à dessein.
—Pour la première fois, vous enregistrez un album studio. Que pouvez-vous nous dire de cette expérience ?
—Ce n’était pas la première fois, mais il s’agissait du studio de notre guitariste, Léo, à Berlin. On y a enregistré les deux derniers albums. On a perdu cet endroit donc ce sera aussi le dernier album qui y sera enregistré. Je trouve ça bien d’enregistrer et de changer d’environnement. L’endroit où vous enregistrer affecte vraiment la production.
—Ensuite, pour la première fois, les membres du groupe ont été impliqués dans le processus d’écriture. Était-ce difficile d’écrire des chansons avec d’autres personnes, après avoir fait tout le temps tout seul ?
—Non, j’ai vraiment apprécié cette expérience. On a écrit et enregistré l’album très rapidement et on s’est vraiment amusé. C’est génial de partager cette expérience plutôt que de tout faire tout seul.
—Vous avez enregistré un EP sous le nom de Noise Exposure avec votre femme, avez-vous l’intention de sortir autre chose sous ce nom ?
—Il ne faut jamais dire jamais, mais c’est très peu probable. Pour être honnête, j’avais complètement oublié ça. On écrit ensemble dans The Underground Youth, donc ce n’est pas vraiment nécessaire de faire revivre ce projet.