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Depuis la publication de Push! en 1986, The Invincible Spirit est devenu l’une des références pour tous les amateurs d’EBM. L’année prochaine, nous aurons enfin droit au nouvel album tant attendu. En attendant, nous avons parlé avec Thomas Lüdke de comment il a su dépasser ses limites grâce à son esprit invincible. Nous pourrons le voir en live au W-Fest, où il jouera le 22 mai.
—Avec votre premier groupe, Invisible Limits, vous avez enregistré uniquement les deux premiers 12″, Love is a Kind of Mystery et Devil Dance. Que pouvez-vous nous dire sur les débuts du groupe ? C’est vous qui composiez tout, n’est-ce pas ?
—Oui, j’ai fondé le projet Invisible Limits en 1984, et c’était un projet solo. À l’époque, j’avais déjà terminé la composition de « Love is a Kind of Mystery » et « Devil Dance ». J’avais également commencé quelques chansons comme « Thoughts », « Shadows » et « For You ». Après avoir signé un accord avec Last Chance Records, j’ai décidé de fonder un groupe afin de pouvoir répondre aux demandes et jouer en live. On était trois, au début : Thomas (voix et synthés), Ralf (basse) et Andreas (batterie). Après quelques mois, j’ai demandé à Marion de rejoindre le groupe comme deuxième chanteuse. Ensemble, on a composé les chansons « Five Hours », « Lonely Heart », « The Window » et « Masquerade » (non publiée), en fonction des mélodies que j’avais préparées.
—Vous avez quitté le groupe, car il prenait une autre direction. Je suppose qu’ils étaient plus intéressés par la synthpop, et que vous vouliez déjà vous lancer dans l’EBM/musique industrielle, je me trompe ?
—En fait, je n’ai jamais vraiment quitté le groupe. C’est une rumeur qui s’est propagée au fil du temps, malheureusement. Il n’y a jamais eu de dispute non plus sur la direction que prenait la musique, comme le prétendent certaines interviews au groupe. J’ai juste fait une pause, car je voulais me consacrer à mon deuxième projet The Invincible Limit (renommé plus tard The Invincible Spirit) et je n’avais pas forcément le temps d’être très actif. Les années suivantes, on a travaillé ensemble pour du matériel non publié, et on a donné quelques concerts. En 2005, Marion a annoncé lors d’un concert au Zwischenfall, à Bochum, la fin du groupe. En ce moment, il existe de fausses biographies du groupe sur Internet qui dissimulent la fin du groupe. Mais c’est à l’avocat de s’en charger, et je ne vais pas rentrer dans les détails maintenant. 😀
—Avec votre projet suivant, The Invincible Limit, vous avez sorti deux singles, Push ! (1986) et Locate a Stranger. Avez-vous tout fait tout seul ? Les deux singles ont été bien reçus à l’époque, non ? Pourquoi le nom était-il aussi semblable à celui de votre groupe précédent ? Vouliez-vous garder une certaine continuité ?
—J’ai lancé les trois projets Invisible Limits, The Invincible Limit et The Invincible Spirit en solo. Les projets The Invincible Limit et The Invincible Spirit sont toujours restés mes projets solo. De temps en temps, je travaille avec des musiciens invités pour des performances live. La similarité des noms est censée indiquer que tout provient de la même personne. 😀
—Current News est votre premier album en tant qu’Invincible Spirit. J’ai lu que vous n’étiez pas content du résultat, car il a été fait à la va-vite, et que vous n’étiez pas satisfait de la production. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ?
—Je n’aimais pas le son. J’imaginais un son complètement différent de celui qu’on entend dans les grosses productions. Malheureusement, ça n’avait pas de succès à l’époque. Peut-être que j’en demandais trop. Encore aujourd’hui, j’ai tendance à mixer des morceaux pendant des heures, voire des jours. Aussi, je n’étais pas satisfait de mon chant. Je ne suis pas un bon chanteur. 😀
—Vous avez enregistré une partie de votre matériel dans votre propre studio. Quand l’avez-vous ouvert ? Pourriez-vous nous en dire plus ? Vous en avez ouvert un autre l’année dernière, non ?
—Le prétendu studio s’est agrandi au fur et à mesure. Au début, je n’avais que deux magnétocassettes sur lesquels j’ai enregistré Love is a Kind of Mystery et Devil Dance. J’ai tout enregistré à la main, sans séquenceur. Ensuite, j’ai acheté un enregistreur 4 pistes, une petite table de mixage et le CASIO CZ-5000 avec séquenceur intégré (Push!). Pour Rollercoaster Revolution, j’avais déjà un enregistreur à 16 pistes et une table de mixage Allen & Heath. Bien sûr, la majeure partie de ce que je fais aujourd’hui est numérique, mais j’avais besoin de plus d’espace pour tout mon matériel. L’année dernière, j’ai rénové et agrandi la salle. Mais bon, ce n’est pas vraiment un studio.
—Le deuxième album, Rollercoaster Revolution, est moins agressif et plus synthpop. Pourquoi ce changement pour ce LP ?
—Eh bien, j’ai toujours aimé produire une grande variété de musique. On peut l’entendre sur les chansons d’Invisible Limits « For You », « Five Hours », ou sur la chanson « Oxydize » de Current News. À l’époque de Rollercoaster Revolution, j’étais aussi dans ma phase psychédélique. J’écoutais beaucoup Spacemen 3, Loop et Velvet Underground. Ça a en quelque sorte influencé l’album. 😀
—Pour le troisième album, Can Sex be Sin, vous avez presque inclus dans le groupe Dietmar Schlichting (il avait aussi travaillé sur votre album précédent et sur des singles) et Kaba. Ils jouent également avec vous pour vos enregistrements live.
—Dietmar et Kaba étaient principalement des musiciens live pour The Invicible Spirit. À un moment, Dietmar est devenu DJ de la scène Goa Trance. Malheureusement, je n’ai pas de nouvelles de lui aujourd’hui. Kaba a décidé de faire un travail décent. Il est ingénieur du son et aussi instructeur de parachutisme. 😀
—Comme je suis Espagnol, je dois vous poser la question sur votre chanson « Bacalao ». Que pouvez-vous nous en dire ? Saviez-vous qu’il existait une scène à Valence, appelée la Ruta del Bakalao, où vos chansons étaient très célèbres ?
—Dans les années 90, on a fait une tournée de trois semaines en Espagne. À chaque concert, c’était la fête, et les Espagnols criaient tout le temps « Bacalao » dès qu’ils adoraient une chanson. On m’a donné la traduction de « Bacalao ». C’était un poisson, mais les gens l’utilisaient pour dire « faire la fête ». C’est de là que vient le nom de la chanson. Malheureusement, je ne savais rien de la scène Ruta del Bakalao jusqu’alors.
—On a interviewé Praga Khan, et il a également commencé avec l’Atari ST, comme vous. Vous avez aussi expliqué que le Yamaha TX 802 était votre synthé préféré. Utilisez-vous encore ces synthés classiques pour composer vos chansons, ou préférez-vous de nouvelles méthodes ?
—J’ai encore tout mon ancien matériel en ma possession, comme le TX802 et le Casio CZ5000, mais j’ai transféré certains de leurs sons sur mon PC, en tant que samples ou autres instruments virtuels, comme les FM7/FM8 de Native Instruments. Dans les dernières productions, j’utilise uniquement des instruments VST.
—De 1994 (Showdown) à 2000 (Faster Life), The Invincible Spirit a été plutôt calme, que s’est-il passé ?
—J’avais l’impression que ma musique n’était plus à la mode. La plupart des gens préféraient écouter de la musique avec de grosses guitares, comme le grunge. J’ai continué à jouer en live, mais je n’ai pas sorti mes nouvelles compositions.
—Votre split, The Invincible Sex, avec The Fair Sex, où vous jouez ensemble, est très curieux. Comment avez-vous eu l’idée de cette collaboration ?
—The Invincible Sex était, depuis le début, un projet pour l’amusement. Lorsque j’ai créé la compilation Anthology avec Endless Records, je travaillais plus souvent avec Myk de Fair Sex. C’est là qu’on a composé l’EP.
—Votre dernier album s’appelle Anyway (2015). Vous semblez mixer de l’EBM traditionnel avec des chansons qui auraient pu sortir sur l’album Rollecoaster Revolution. Est-ce parce que vous avez composé ces chansons à différentes périodes de votre vie ou bien parce que vous vouliez faire quelque chose de varié ?
—Les deux. Sur Anyway, j’ai sorti certaines compositions écrites entre 1994 et 2000. Il y avait aussi de nouvelles chansons, comme « Hate you ». Comme je l’ai dit, j’aime la diversité. Mes chansons dépendent toujours de mon humeur. Parfois, les fans qui veulent juste écouter de l’EBM n’aiment pas. Mais qu’est-ce que je peux y faire ? C’est The Invincible Spirit. 😀
—Récemment, vous avez sorti trois nouvelles chansons : « Nein », « Falling Upside Down » et « Coming Home ». Feront-elles partie du nouvel album ? Quand va-t-il sortir et que pouvez-vous nous en dire ?
—Le nouvel album devrait déjà être terminé. Mais dans la vie de tous les jours, il y a toujours quelque chose pour vous mettre des bâtons dans les roues :-D. Il va me falloir encore du temps. Dans tous les cas, il sortira l’année prochaine. Je pense que certaines chansons mentionnées y figureront, mais je ne sais pas encore lesquelles.
—Cette année, vous avez fait deux remakes de vos plus vieilles chansons, « Devil Dance » et « Love is a Kind of Mystery ». Que ressentiez-vous en travaillant sur votre premier matériel ? Qu’avez-vous fait pour lui donner un son moderne ?
—Tout comme Current News, je n’aimais pas le vieux son. Les bruits des enregistrements m’ont toujours rendu fou. J’ai réenregistré les chansons purement par satisfaction. Je pense que la plupart des gens préfèrent les anciennes versions.
—Que pouvez-vous nous dire de votre récente tournée avec Apoptygma Berzerk ? Stephan Groth a confessé être l’un de vos fans, non ? Vous avez également remixé l’une de leurs chansons, pas vrai ?
—Travailler avec APOP a été une superbe expérience. D’abord, Per Aksel Lundgreen m’a écrit, puis m’a mis en contact avec Stephan. J’étais surpris d’entendre que Stephan est fan d’Invincible Spirit, et qu’il avait commencé a faire de la musique grâce à moi. Jamais je n’aurais pensé ça. Ils prévoyaient un nouvel album, et il m’a demandé si je voulais faire un remix. J’ai immédiatement accepté, et j’ai choisi « Backdraft ». Lors de la tournée, j’ai uniquement rencontré des gens sympas. Ça n’arrive pas souvent dans la vie !
—On voudrait que vous nous parliez de deux vos projets parallèles : God Is LSD, avec lequel vous avez enregistré un LP en 1993 (plus métal) et The Mao Tse Tung Experience, avec lequel vous avez enregistré deux albums en 1991 et 1994.
—God is LSD est né de l’idée de mixer des guitares de heavy métal avec de l’électronique. Malheureusement à cette époque, je ne connaissais pas Ministry, qui se débrouillaient beaucoup mieux que moi. Lorsque je les ai écoutés pour la première fois, j’ai mis instantanément fin au projet 😀
The Mao Tse Tung Experience était un projet que j’ai créé avec mon ancien tour manager, Wilfried. On a fondé le Label Sevenstar Records, dont la première publication a été Mao Tse Tung. Malheureusement, il y a quelques années, il est mort. Je prévois un petit revival du projet avec quelques autres musiciens, pour lui rendre hommage. Ça fait aussi un moment que je joue « Irregular Times » pendant les concerts de The Invincible Spirit ».
—Vous avez créé le label Invincible Spirit Media pour sortir votre dernier album. Dernièrement, le label a publié six références, la dernière date de quelques mois en arrière, il s’agit d’un album de Paralyzzer. Auriez-vous des recommandations à nous faire ou prévoyez-vous de sortir de futurs albums ?
—Avant l’album de Paralyzzer, j’ai sorti un album de Menschliche Energie. C’est un projet de Michael Stalzer, qui joue aussi dans le groupe Reizstrom. Je recommande vraiment l’album Cut. Michael a vraiment une très belle voix. Un autre album est déjà prêt et sortira bientôt. En outre, un nouvel album d’Insect Plasma est en préparation.
—Vous jouez avec votre femme, tout se passe bien ?
—C’est la meilleure expérience que j’ai jamais eue ! Qu’est-ce que je peux dire d’autre… Elle est assise juste à côté de moi ! Blague à part, on forme vraiment une belle équipe. En comparaison avec d’autres musiciens, qui finissent par avoir la grosse tête, je peux vraiment compter sur elle. Que voulez-vous de plus ?
—Quels sont vos plans pour l’avenir, mis à part le nouvel album ?
—Vieillir et me parer de rides en toute dignité (bon, pour ce qui est des rides, j’en suis pas loin). Je voudrais autant que possible continuer à composer ma musique et à faire des lives.
—Que pouvez-vous nous avancer de votre concert au W-Fest ?
—Malheureusement, je ne suis pas devin, mais j’espère que les gens aimeront ce que j’ai à leur proposer, et qu’on laissera une bonne impression. On présentera un bon mélange de matériel classique et nouveau. On a vraiment hâte d’y être !