Le groupe portugais IAMTHESHADOW a été l’une des surprises de la dernière édition du Sinner’s Day festival, qui a eu lieu la semaine dernière en Belgique. Le groupe, qui fait partie du label Cold Transmission, a déjà sorti quatre superbes albums qu’on vous recommande chaudement. Nous avons interviewé Pedro Code, quelques jours avant son concert au festival belge, de mettre en lumière son monde fait d’obscurité.
—Quand as-tu créé IAMTHESHADOW ? Voulais-tu monter un groupe qui changeait de tes précédents ?
—J’ai créé IAMTHESHADOW en 2015.
Je composais pour The Dream Collision et l’une de mes chansons semblait si sombre et différente de ce projet que j’ai décidé d’en créer un nouveau, appelé IAMTHESHADOW.
—C’est toi qui as enregistré entièrement ton premier album, non ?
—Oui. Par contre, mes invités pour cet album ont écrit leurs textes et enregistré leurs voix.
—Dans ton premier album, on retrouve une reprise de The Sound. Que penses-tu de cette chanson et de ce groupe ?
—Ce groupe est très spécial à mes yeux, et je voulais faire une reprise de « Winning » pour leur rendre hommage.
—Pourquoi avoir réenregistré une version plus courte de Everything In This Nothingness ? Tu voulais savoir quel son aurait eu l’album avec un groupe ?
—Je l’ai fait spécialement parce que beaucoup de gens voulaient avoir cet album sur un vinyle, or il ne tenait pas entièrement. On a donc décidé de retirer la dernière chanson “Distante Melodia”, la version de The Sound et les chansons avec les invités.
Cependant, on voulait donner un extra à nos fans avec la nouvelle chanson “On Winter Leaves Embrace” qui était une démo en 2016, et bien sûr nous avons enregistré une basse électrique et quelques synthés qui n’étaient pas présents dans la première et la deuxième édition de Everything in this Nothingness. Pour nous, cet album méritait une meilleure production et je crois que nous y sommes parvenus.
—Vitor et Herr G ont rejoint le groupe pour le concert au WGT et tu les as invités à devenir des membres permanents. J’aimerais savoir quels sont tes souvenirs de ce concert. Ils doivent être particulièrement spéciaux.
—Ils m’ont rejoint pour le tout premier concert de IAMTHESHADOW à Porto dans le club Cave 45 avec Kirlian Camera. C’est là que je les ai invités, sur scène, à faire partie du projet. Oui, c’était un moment très spécial pour nous tous, je crois.
On était très stressés au début, mais dès qu’on a commencé à jouer et qu’on a été témoins de la réaction de la foule, c’était génial… un moment spécial et inoubliable.
À propos du WGT… ce que j’ai ressenti ce jour-là est indescriptible. Je suis submergé par les souvenirs de ce concert. Et c’est à cette époque que nous avons rencontré pour la première fois Suzy et Andreas.
—All of our demons, le difficile deuxième album était encore plus sombre que le premier. Que penses-tu de cet album aujourd’hui ?
—Il me semble encore aujourd’hui qu’il représente l’étape naturelle après le premier album… il est très sombre et intense, mais aussi dansant… c’est pour moi un album très spécial (comme tous les albums que j’ai enregistrés avec IAMTHESHADOW. On avait un label pour la première fois (Northshadows Records), Rui et Vitor apportaient leur contribution pour la première fois. On était plus que satisfaits du résultat.
—Dans l’un des titres de Embracing the Fall Karl Morten Dahl d’Antipole joue de la guitare. Au Garaje, on a suivi ce musicien. Comment l’as-tu contacté ?
—Je l’ai rencontré sur Facebook, et on est devenus de très bons amis. On a remixé nos groupes, puis je l’ai invité à jouer sur notre chanson et comme invité spécial pour certains de nos concerts. Nous avons déjà joué ensemble en Allemagne, en Angleterre et en Belgique.
—Dans cet album, deux titres ont pour paroles des extraits du poète allemand classique Friedrich Hölderlin Hölderlin. Essaies-tu de créer un lien entre l’album et son œuvre ?
—Non pas exactement… mais il est évident que je ressens un lien personnel avec son travail et celui d’autres poètes du même genre. À ce moment-là, ces poèmes m’ont inspiré pour composer Embracing the Fall.
—Dans certaines interviews, tu parles de ton amour pour la poésie. Es-tu influencé par certains poètes portugais ? Peut-être Pessoa ?
—Je suis influencé dans mon écriture par Fernando Pessoa et Mário de Sá-Carneiro (surtout ce dernier).
—Dans le dernier véritable album, Pitchblack, vous avez travaillé avec bien plus de guitares et de matos analogique.
—Oui. Je voulais une sensation plus organique à cette époque, beaucoup plus de guitares, de synthés analogiques et de batterie.
—On vous a volé votre matériel, c’est bien ça ? Que s’est-il passé ? Tu as perdu ton ordinateur portable avec l’album ?
—Ce n’est pas un bon souvenir pour moi, mais oui. Mon MacBook a été volé, ainsi que les fichiers de Pitchblack tous mes documents, mes clés et de l’argent.
J’ai dû réenregistrer de nombreuses parties des chansons et j’ai perdu environ trois mois de travail.
—Dans le dernier album, on retrouve quelques collaborations vraiment intéressantes. En dehors de The Frozen Autumn, qui est assez populaire, je pense, nous aimerions parler de Bedless Bones et Vaselyne. Pourquoi avoir choisi ces artistes pour chanter avec vous ? Comment s’est passée la collaboration ?
—Tout d’abord, ce sont des chanteuses incroyables. J’ai eu la possibilité de leur proposer la collaboration, et je suis vraiment content de leur contribution…
Tout s’est passé comme sur des roulettes. Elles sont très professionnelles.
—Le dernier album a été publié par Cold Transmission Records. Peux-tu nous décrire votre relation ? Quel autre groupe du label apprécies-tu ?
—Cold Transmission a sorti nos deux derniers albums. Tout ce que je peux dire, c’est que nous sommes de très bons amis, que ce sont des passionnés et des professionnels. Nous sommes très heureux de faire partie de Cold Transmission.
J’aime beaucoup de groupes du label, on est très amis avec plusieurs d’entre eux.
—Cette année, le groupe a sorti un album de remixes avec d’autres artistes, comme Antipole et Kill Shelter. Que peux-tu nous dire de la sélection de remixeurs ? Et pourquoi avoir choisi de remixer votre premier album plutôt que le dernier ?
—La sélection a été faite par Cold Transmission et IAMTHESHADOW, ça a été très facile de choisir les artistes. On est tous amis, et on apprécie tous le travail des autres, alors… c’était génial de travailler avec tout le monde…
La nouvelle édition de Everything in This Nothingness est composée de deux parties essentielles :
Le Vinyle et le CD de remixes. Cette décision a été prise dès le début avec CT.
Je pense que tôt ou tard, nous aurons des remixes pour Pitchblack…
—Pedro, tu fais également partie de The Dream Collision et Rainy Days Factory, que peux-tu nous dire de ces deux groupes ?
—The Dream Collision est mon projet très spécial… le projet qui a créé IAMTHESHADOW. C’est mon endroit spécial.
RDF représente une grande expérience à mes yeux. Ce groupe est très différent, et les musiciens qui le composent sont très talentueux. J’ai toujours aimé jouer avec eux, mais il est maintenant en “mode veille”.
—Comment considères-tu la scène dark portugaise du moment ? Beaucoup de groupes deviennent célèbres, comme She Pleasures HerSelf, Velvet Kills ou le tien.
—La scène dark portugaise est plutôt petite, et les salles de concert qui y sont consacrées sont peu nombreuses, mais comme tu le dis, on a de très bons groupes, et aussi de nombreux fans.
—Tu as révélé que tu voulais composer des bandes-son. Quels genres de films aimerais-tu mettre en musique ? Quelle est ta bande-son préférée ?
—Oui, c’est mon “rêve” de pouvoir composer des bandes-son sans avoir de genre particulier à l’esprit… ce serait formidable, mais c’est un marché très fermé et mes possibilités sont très limitées.
—Comment la pandémie a-t-elle affecté le groupe ?
—Elle ne nous a pas affectés en termes créatifs, mais nous a empêchés de jouer. On a lancé Pitchblack et on avait hâte de le jouer en live en 2020/21. Comme beaucoup de groupes, on a dû annuler de nombreux concerts. C’est très triste, vraiment…. cette pandémie a mis fin à tous nos plans. Voyons ce que l’avenir nous réserve.
—Quels sont vos projets pour l’avenir ? Peut-être un nouvel album ?
—Pour l’instant, on veut jouer Pitchblack… On pense que cet album mérite d’être joué en live… après cela, bien sûr, on enregistrera un nouvel album de IAMTHESHADOW.
—Que peut-on attendre de votre concert au Sinner’s Day ?
—Après presque 2 ans sans jouer, on a la chance de nous produire dans un festival très spécial aux côtés d’incroyables groupes. On se donne toujours à fond dans nos concerts…