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Interview : Holygram

par François Zappa

Photo d’en-tête : Andy Deane 

Certains d’entre nous n’ont pour culte que la musique. Dans ce triste XXIe siècle, c’est l’une des choses qui sont sacrées pour moi. Holygram, l’un des groupes de post-punk/shoegaze les plus prometteurs du moment, nous parle de cultes modernes et de morceaux sacrés. Ils joueront au W-Fest au mois de mai.

Photo : Fernando del Río

—Vous dites qu’il existe une connexion spéciale entre Holygram et la ville de Cologne. Nous avons visité la ville il y a quelques années. Comment décririez-vous cette connexion ?

—La connexion qu’il existe entre Holygram, nous, et la ville où on vit, c’est qu’on se laisse influencer et inspirer par ce qui nous entoure. Pour nous, c’est plus authentique que d’imiter un genre de musique dont les racines se trouveraient dans une autre région du monde. La ville où nous vivons, les choses que nous vivons tous les jours, les choses qui nous occupent et qui influencent notre travail musical.

—Que signifie le nom du groupe ?

—C’est et ça restera un secret.

—Comment définiriez-vous le groupe du point de vue de la musique ? Imaginez que quelqu’un vous demande ce que joue Holygram.

—C’est un mélange de post-punk, new wave, shoegaze, krautrock et tout ce qu’on aime au moment où on compose nos morceaux. On est un groupe avec des personnalités et des goûts musicaux différents. On essaie de combiner tout ça. Parfois c’est facile, parfois c’est difficile d’unir toutes ces humeurs et influences. Mais chaque conflit nous permet de grandir.

—Que pouvez-vous nous dire sur l’enregistrement de votre premier EP en 2016 ? Aviez-vous déjà travaillé en studio ?

—Oui, on avait tous travaillé en studio. Pour l’EP, c’était la première fois qu’on faisait tout nous-mêmes, car on avait besoin de créer les sons qu’on avait en tête. C’est impossible en studio, car on ne peut pas s’enfermer pendant trois mois et travailler sur des sons, à moins d’être millionnaires. À cette époque, on a appris énormément sur l’enregistrement et sur la façon d’intégrer entièrement la production à notre composition. C’était amusant, mais aussi épuisant. On a fixé la date limite au début de la tournée, car on voulait offrir quelque chose à notre public.

Votre premier EP est sorti chez un label espagnol, Oráculo. Comment sont-ils entrés en contact avec vous ?

—Ils nous ont écrit lorsqu’on était à Prague. On était vraiment contents, car l’EP n’était sorti que depuis quelques jours. On a immédiatement trouvé le label intéressant à cause de ses publications et de sa philosophie. On n’y a pas pensé à deux fois. C’était le bon moment.

—L’EP est cher sur Discogs. Allez-vous le republier ?

—Il s’agissait d’une édition limitée. Il ne sera pas publié à nouveau.

Photo: Genevieve Munroe co.

—La version CD de l’EP contient des remix. Comment avez-vous sélectionné les artistes qui ont fait vos remix ? Box and the Twins sont également de Cologne et Blind Delon travaille avec le même label espagnol.

—On avait déjà sorti l’EP sur cassette et le vinyle, et on voulait avoir du contenu bonus pour le CD. De là, l’idée des remix. Les artistes étaient des gens qu’on connaissait ou avec lesquels on était connectés via d’autres gens.

—Pour en revenir à Cologne et au krautrock, l’une de vos influences, du moins pour votre batteur et votre bassiste, deux groupes importants sont originaires de votre ville : Can, qui pour moi, est le meilleur groupe krautrock qui soit, et Floh. Quel est son degré de popularité en Allemagne ?

—Bizarrement, le krautrock est plus un genre spécialisé en Allemagne. Je me souviens d’une interview de David Bowie pour une émission allemande, où il expliquait qu’il adorait le groupe Neu!. Il a été horrifié de voir que personne ne connaissait le groupe, et l’a recommandé.

—De nombreux groupes tirent leur inspiration des années 80. Qu’est-ce qui vous attire de cette décennie ?

—Il existait beaucoup d’incertitude à cause du conflit entre l’Est et l’Ouest, et personne ne savait comment il allait se terminer. On ne savait pas ce qu’il allait advenir de la planète en général ni comment savoir gérer tout ça en tant qu’individu. La musique de l’époque reflète tout ça, parfois avec tristesse, parfois avec humour. Les sons synthétiques de l’époque contrastent avec l’esprit des années 70. C’est difficile de dire ce que j’aime le plus des années 80. Je crois que j’aime la façon simple de penser des groupes, le fait que tout était réduit à l’essentiel et les sons qui en découlaient.

Modern Cults (2018) est votre premier album. Comment avez-vous composé les chansons ? L’un de vous se charge-t-il principalement de la composition, ou composez-vous en groupe ?

—En général, c’est un mélange des deux. Souvent, l’un de nous présente un riff de guitare ou de basse, et on essaie de composer une chanson à partir de ça. Parfois, on travaille à deux et on donne une structure approximative, que le groupe retravaille ensuite. On n’a pas vraiment de formule, mis à part qu’on se concentre vraiment sur le son.

—Le groupe a dit que le nom de l’album est basé sur le fait de se retrouver dans une after-party, où tout le monde regarde le DJ. C’est un culte moderne, quels sont les autres cultes modernes, selon vous ? Facebook ou Instagram ?

—Facebook et Instagram sont certainement des cultes modernes, affectés de façon négative. On imagine plutôt une église, sauf que dans ce cas, l’église est la discothèque et le prêtre est le DJ. 

—L’illustration de l’album présente une personne flottant dans les airs. Voulez-vous donner une unité à vos publications ? Ou un genre de concept ?

—C’est un aperçu plus détaillé et proche de ce qu’on a fait dans l’EP. On voulait grossir le son, le rendre plus détaillé. Aussi, l’album montre une plus grande partie de nos facettes, c’est ce qu’on voulait représenter avec l’illustration.

Photo: Daniela Vorndran

—Le groupe a travaillé avec un producteur italien, Maurizio Baggio, car vous avez aimé son travail avec The Soft Moon, c’est ça ? Il a également travaillé avec le groupe italien Ninos Du Brasil, dont le son n’a rien à voir avec celui d’Holygram.

—Oui Maurizio a travaillé avec d’autres artistes avant. On a tous adoré ce qu’il a fait avec The Soft Moon. C’était la personne parfaite pour l’album. Il est aussi très sympa, et on adore travailler ensemble.

Comment s’est passée votre tournée en Europe et en Amérique du Nord avec VNV Nation ? En 2019, le groupe a moins joué, mais est de retour sur les scènes en ce moment même. Est-ce difficile de tourner autant ?

—C’était merveilleux et intéressant de connaître toutes les villes et tous les gens, mais aussi épuisant. On travaille tous et on doit aussi écrire, enregistrer et répéter. Parfois ça nous pose problème, mais jusqu’à présent, on a toujours réussi à s’en sortir.

—Des nouveaux groupes qui vous intéressent et que vous écoutez ?

No_4mat (“1992”), Levin goes Lightly (“Rote Lippen”), Parquet Courts (“Freebird II”).

—Quand allez-vous sortir votre prochain album ?

—On est en train de trier le matériel qu’on a et on entrera plus dans les détails pour la prochaine étape. On ne peut pas vous donner de date, mais l’album sera sans doute terminé pour cette année.

—Que pouvez-vous nous avancer sur votre concert au W-Fest ?

Trisome 21, Light Asylum, Underground Youth, KVB, Actors, Visage, Stranglers. Ça pourrait être une liste de lecture de notre tour bus… le line-up du W-Fest est fantastique et on est contents de pouvoir assister aux concerts et peut-être de faire la connaissance des autres groupes.

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