Extreme Unspoken Tension, la dernière œuvre d’ELM’s last work, est l’un des albums que l’on passe régulièrement sur notre contrôleur. Les 13 morceaux sont parfaits pour n’importe quel set énergique. On voulait en savoir plus sur ces morceaux, et on a donc interviewé Peter Elm, musicien suédois qui vit désormais à Bruxelles, qui, d’abord avec Restricted Area et maintenant avec ELM, a réussi à ravir les oreilles des amoureux de l’EBM.
—Avec Restricted Area, tu as sorti 4 albums et un EP. Le premier single date de 1994. Tu peux nous en dire plus sur ton premier groupe ? Pourquoi avoir arrêté de faire de la musique sous ce nom ?
—Eh bien, je faisais de la musique depuis le début de mon adolescence, et Restricted Area est le premier projet qui a sorti des publications. Le line-up a changé au fil des ans, mais je suis resté le compositeur et le moteur du projet. Au final, j’ai ressenti le besoin de changer, d’avoir un projet au son plus agressif en permanence et à la meilleure production.
—La musique de Restricted Area passait de la synthpop à l’EBM. Quand as-tu commencé à t’intéresser à l’EBM ?
—Au milieu de mon adolescence, après avoir vu Front 242 en première partie de Depeche Mode en 1987, à Paris.
—Que s’est-il passé après la fin de Restricted Area jusqu’à la création d’ELM ? Tu composais toujours ?
—Oui. Différentes choses se sont produites dans ma vie… J’ai déménagé à Paris, puis à Bruxelles. Mais je n’ai jamais arrêté de faire de la musique.
—Penses-tu que la Belgique est l’endroit idéal pour ta musique ?
—Je ne crois pas que l’endroit où on vit ait vraiment d’importance, du moment qu’on y est heureux. Pour l’instant, vivre à Bruxelles me convient.
—Tu as tourné avec Gabi Delgado et tu le connaissais. Que peux-tu nous dire sur ta relation avec lui ? Comment l’as-tu rencontré ?
—La rencontre a été organisée par notre label de l’époque. On est partis en mini tournée en Scandinavie avec le projet DAF DOS en 1997. DAF DOS était composé de Gabi et de Wotan Wilke Möhring. On était jeunes et impressionnables. Gabi et Wotan étaient comme nos grands frères, ou un truc du genre. On a passé de bons moments dans le minivan et lors de nos séjours dans de petits hôtels. J’ai des vinyles plutôt rares que Gabi et Wotan nous ont donnés, qui datent de cette période. Après la mini tournée, je suis resté en contact avec Gabi et je lui ai rendu visite plusieurs fois à Berlin. Même si on n’était pas des amis proches, on avait toujours des conversations intéressantes. J’adorais son attitude envers la vie : vis intensément et fais ce que tu veux ! Il mettait en pratique ce qu’il prêchait. Il me manque.
—ELM pourrait être un acronyme, par exemple : « Electronic Lust Music » ou… Quel acronyme choisirais-tu pour ton nom de groupe ?
—Ha ha, bonne question. Je ne sais pas vraiment. Je trouve que la musique est très sensuelle et sexuelle. Du coup, « Electronic Lust Music », c’est parfait.
—In 2016, tu as sorti l’EP Edge, avec des remixes d’autres artistes d’EBM comme Autodaf, Hardwire ou Pouppée Fabrikk. Tu préfères être remixé par des artistes issus de la même scène ou des artistes issus de scènes différentes ?
—J’aime que ce soit des artistes que j’aime et respecte qui remixent mes chansons. Le genre m¡importe peu. En général, je préfère lorsque les groupes font leur propre remix.
—La même année, tu as sorti ton premier album, Hardline. Il comporte des chansons écrites à différents moments de ta carrière. Uniformiser l’album n’a pas été trop difficile ?
—Non, pas vraiment, chaque chose a trouvé sa place, je crois.
—L’édition spéciale inclut 4 nouveaux morceaux et quelques remix. As-tu écrit ces chansons spécialement cet album ?
—Oui, cependant, j’ai passé moins de temps sur ces morceaux que sur ceux de l’album.
—Pour cet album, tu as travaillé avec Pontus Stålberg (SPETSNAZ). Selon toi, qu’a-t-il apporté au son du groupe ?
—Pontus n’a pas du tout participé à la production et n’a eu aucune influence sur le son. Cependant, il s’est occupé du mastering et a fait un travail d’enfer. J’ai toujours été un grand fan de SPETSNAZ et Pontus, et on a des goûts similaires en matière de musique.
—Dans Hardline, tu chantes dans trois langues différentes, non ? Choisis-tu les langues lors du processus d’écriture des paroles ?
—Oui. Ensuite, les paroles doivent avoir le bon son et trouver la bonne chanson. C’est un processus naturel.
—Tu as dit que la plupart des groupes d’EBM contemporains ne sont pas old school. Comment décrirais-tu ce son d’EBM oldschool ?
—Eh bien, techniquement, utiliser un ordinateur et des plug-ins pour faire la production, ce n’est carrément pas oldschool. Un son « oldschool » impliquerait l’utilisation d’un séquenceur ou d’un ordinateur pour contrôler des synthés. Mais il faudrait utiliser uniquement du matos « physique ». Parfois, je me perds un peu lorsque toute la production est faite à 100% sur ordinateur.
—Dans l’E.P. Wapenrustning, on retrouve un remix de Spiritual Front. Qu’aimes-tu dans la musique de ce groupe italien si différent de ce que tu fais ? Tu as choisi l’un de ses albums comme l’un des meilleurs LP, c’est bien ça ?
—Oui, j’adore l’album Black Hearts in Black Suits, où la musique est composée par Stefano Puri. Il existe également des vidéoclips incroyables de Spiritual Front, et Simone Salvatori est vraiment sympa. On s’est rencontrés quelques fois au fil du temps, et je lui ai demandé de retravailler Wapenrustning, car je sais qu’il est fan d’EBM.
—Tu as expliqué qu’Extreme Unspoken Tension est basé sur l’atmosphère étouffante qui règne en Europe. Penses-tu que la crise du coronavirus a empiré la situation entre les pays européens ?
—Aucune idée. J’espère qu’on tirera des leçons de cette crise, et que quelque chose de positif en résultera. Le mot clé ici, c’est la « considération ». J’espère que les gens apprendront des routines d’hygiène de base et commenceront à montrer plus de considération les uns envers les autres.
—Penses-tu que le son d’ELM a évolué dans cet album ?
—J’espère que l’expérience d’écoute sera meilleure. Ça se voit au niveau de la prod. Beaucoup plus de travail et d’efforts ont été faits sur les voix.
—Tu as dit « J’aime travailler avec des machines fiables qui ont un bon son indémodable ». Tu peux nous dire quel matos tu utilises pour enregistrer tes albums ? Qu’est-ce que tu recherches dans un synthé ?
—J’utilise beaucoup de logiciels, mais aussi pas mal de matos. J’adore le son du Pro One, de l’Arp Odyssey et du Yamaha TX81z. Ce que je recherche dans un synthé ? La capacité à générer des sons de basse agressifs, simples et bruts !
—Pour l’album de remix, tu as collaboré avec Rummelsnuff pour la chanson « Zerfahren ». Comment l’as-tu rencontré ? Aimes-tu son travail ?
—Je l’ai rencontré lors d’un concert à Bruxelles, et on a beaucoup parlé. J’adore ses chansons, c’est un genre de vagabond, de poète étranger. Il a sorti une double compil sur vinyle il y a peu, je l’écoute souvent.
—Dans les notes de ton premier album, on peut lire « With a strict ‘less is more’ sound architectural approach. » Dirais-tu que tu as un son minimal ?
—Hmm. Une approche simple et honnête est la meilleure pour tous les aspects de la vie. Quand on parle de la production de la musique électronique, il y a tant d’options et de possibilités, que parfois, les choses peuvent être trop compliquées et surproduites. Faire les choses simplement ne signifie pas pour autant utiliser la façon la plus simple et la plus cliché, mais penser, ressentir puis exécuter d’une façon honnête et directe.
—Dans cet album, tu remixes tes propres chansons. Est-ce difficile d’imaginer son propre travail d’une autre façon ? Qu’essaies-tu d’accomplir quand tu te remixes ?
—Comme je l’ai dit, je préfère quand les groupes font leurs propres remixes. Il suffit d’écouter les 12″ de remix des années 80, comme ceux de Depeche Mode ou Nitzer Ebb. Aujourd’hui, tout le monde remixe tout le monde, et en général, le résultat est merdique.
—J’ai lu que le batteur de Nitzer Ebb, Duc Nhan Nguyen, fait maintenant partie d’ELM. Il va jouer de la batterie sur scène ? Tu peux nous en dire plus ?
—Oui, c’est le cas. Il allait jouer avec moi pour la première partie du concert de Front 242 le 13 mars, mais à cause du coronavirus, le concert a été annulé. Mais on va remettre ça, vous pouvez en être certains. Nhan est vraiment quelqu’un de super, et on verra comment vont les choses pour les futurs lives.
—Tu aimes les arts martiaux. Penses-tu que les pratiquer t’aide à avoir cette énergie requise pour jouer les chansons d’ELM ?
—Je pense que la musique et les arts martiaux sont similaires. Tu t’exprimes, et il faut le faire avec honnêteté. L’agressivité et le désir sont liés. Il faut de la présence et de l’énergie pour les deux !
—J’ai lu que, selon toi, la scène suédoise n’a jamais apprécié ta musique autant qu’elle le devrait. Tu peux nous expliquer ?
—Je ne trouve jamais ma place, je ne sais pas pourquoi. Je pense que c’est principalement dû au consensus.
—Comment vis-tu ces journées de confinement ? Tu composes ?
—Mis à part le fait que c’est difficile d’un point de vue financier, ça ne me pose pas de problème d’être confiné. Ça ne change pas vraiment les choses pour moi. Voyons quelles seront les conséquences mondiales à long terme. Sinon, oui, j’ai été très productif et j’ai eu la chance de pouvoir organiser mes différents projets.
—Je sais qu’aujourd’hui, c’est difficile de penser à l’avenir, mais que peut-on attendre d’ELM ?
—Un nouvel album d’ELM pour bientôt, ainsi que de la musique composée sous le nom de Peter Elm. J’ai toute une sélection d’instrus que je veux sortir.
—Tu as déjà joué en Espagne ? Comment décrirais-tu tes concerts ?
—Non, je n’ai jamais joué en Espagne, mais j’adorerais. Mes concerts sont généralement énergiques et à un rythme soutenu. J’ai toujours aimé monter sur scène !