Dick Taylor, guitariste mythique des Pretty Things, a également l’honneur d’avoir été le premier bassiste des Rolling Stones et membre d’un autre groupe culte, les Mekons. Maître de la six cordes capable de passer du blues à la musique psychédélique, il a joué à Madrid en novembre avec les Pretty Things, dans la salle mythique El Sol.
–Commençons par la question typique sur les Rolling Stones : quand vous avez connu Mick Jagger et Keith Richards, avez-vous pensé que le groupe deviendrait aussi célèbre ?
–Je n’ai certainement jamais anticipé la « domination mondiale » des Rolling, mais je savais que Mick avait quelque chose de spécial. Ma mère et ma sœur ont toutes deux trouvé que sa façon de chanter et de danser était assez extraordinaire, quand elles se penchaient par la porte quand on répétait chez moi.
–Beaucoup de choses ont été écrites sur Brian Jones, on lui a même dédié un film. Quels sont vos souvenirs de lui ?
–Je me rappelle tout particulièrement son sens de l’humour et sa musicalité, ainsi que sa mauvaise humeur occasionnelle. On passait de bons moments quand on répétait avant nos premières tournées.
–SF Sorrow a été publié en 1986, une année remplie de chefs-d’œuvres. Pensez-vous que le disque aurait pu recevoir un meilleur accueil une autre année ?
–Peut-être. Mais, d’une certaine façon, il a joué à notre avantage car il s’est transformé en un « classique de culte », et s’est bien vendu ces dernières années, et continue à bien se vendre.
–SF Sorrow est considéré comme étant le premier opéra rock. Comment avez-vous eu l’idée de créer quelque chose de si ambitieux à l’époque ?
–En réalité, cette idée s’est développée lors de l’écriture. Phil écrivait l’histoire en même temps, parfois les chansons conduisaient l’histoire, parfois c’était l’inverse.
–Un groupe de hip-hop appelé Wu-Tang Clan a vendu un album à un millionnaire. Une fois de plus, les Pretty Things l’ont fait avant. Comment cela s’est-il passé ? Comment avez-vous connu Philippe DeBarge ?
–Je n’ai pas participé à cela, ainsi, je ne sais pas grand-chose. Mais tout paraît assez extraordinaire d’après ce que Phil (Phil May, chanteur des Pretty Things) m’a raconté.
–À la fin des années 1970, vous avez fait de la musique sous le nom d’Electric Banana, qui a fini par être la musique de film de soft porn. Vous saviez que la musique allait connaître ce destin pendant que vous l’écriviez ? Est-ce mieux que de faire la musique d’un film pour Ken Loach ?
–Tout ce que nous savions c’est qu’elle serait utilisée pour une espèce de librairie musicale et qu’on gagnerait de l’argent. On a eu beaucoup de liberté, on s’est donc énormément amusés.
–Les Pretty Things ont été le premier groupe anglais à signer chez Motown. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?
–En théorie, ils devaient vous introduire aux États-Unis. Malheureusement, ça n’a pas fonctionné de cette manière. On nous a imposé cet accord depuis EMI, nous n’avons jamais vraiment eu de contact avec Tamla, c’est la vie…
–Pendant les années 1980, vous avez fait partie des Mekons. Au Garage de Frank, nous sommes de grands fans de leur musique. Comment vous rappelez-vous ces années de tournées et d’enregistrements avec eux ?
–Les Mekons sont tous fantastiques. J’aime les tournées et les disques que j’ai faits avec eux, de fait, cette année je joue à un festival avec Jon et Susie sous le nom de Mini-Mekons. Nous espérons faire plus de tournées dans le futur. Jon est un excellent compositeur, il a le don de convertir des idées simples en des chansons mémorables.
–Quelques années après, vous avez fait partie de deux supergroupes, d’un côté les Pretty Things & the Yardbird Blues Band et d’un autre, Pretty Things n’Mates. Je suppose que vous avez passé du bon temps lors de l’enregistrement de classiques du blues et du garage. Que pouvez-vous nous raconter de ces deux expériences ?
–Le projet des Yardbirds et des Pretty Things s’est réalisé à Chicago. Nous avons aussi fait une tournée dans la région, ça a été une expérience mémorable. En plus, on a eu l’occasion d’écouter de fantastiques blues, dont une tournée de Jimmy Rogers. Plus tard, je suis revenu et j’ai fait un disque avec Andre Williams et un autre avec les El Dorados. C’était génial.
Le disque avec les Inmates a été réalisé dans un studio de Londres. Je me suis bien amusé aussi, mais c’était moins excitant que ce qu’on a fait à Chicago.
–Les Pretty Things sont une grande influence pour les groupes de garage américains des années 70, aux côtés de Chuck Berry ou Bo Diddley. Ces groupes vous intéressent-ils ?
–Pour être honnête, on en savait que très peu sur ces groupes de garage américain jusqu’à longtemps après. Ce qui me surprend c’est le nombre de musiques que les DJ utilisent lors de nos tournées et qui sont nouvelles pour moi. On dirait qu’il y a un nombre illimité de disques de cette période et que de nombreux nouveaux groupes jouent ce style.
–De nombreux nouveaux groupes, comme Tame Impala, Woods ou Temples utilisent un son des années 70. Les groupes modernes vous intéressent-ils ?
–Simeon Soul Charger est un groupe vraiment bon qui malheureusement s’est séparé. Ses membres étaient de l’Ohio mais vivaient en Bavière. Je dois ajouter qu’il y a quelques groupes absolument géniaux, ça doit être difficile pour eux, mais je leur souhaite de continuer à faire vivre les concerts.
–Vous avez publié un nouveau disque, The Sweet Pretty Things (are in bed now, of course…) l’année dernière. Que peut-on attendre d’un nouvel album des Pretty Things ?
–Nous avons commencé à travailler sur des chansons pour un disque. On doit encore voir quelle direction il doit prendre. Pour le moment, vous en savez autant que nous…