Le label franco-espagnol Unknown Pleasures est déjà devenu un spécialiste des disques de reprises. Après un premier Honoris consacré à Death In June en voici un deuxième, cette fois-ci dédié à The Sisters of Mercy et à The Sisterhood. Le label a également sorti un hommage à Genesis P-Orridge dans le passé, un à Daniel Darc et son groupe Taxi Girl et un autre à l’inimitable Noir Désir.
Parmi les artistes qui rendent hommage au groupe classique d’Andrew Eldritch, nous retrouvons certains noms familiers du label comme le projet de Cold synth Selfishadows, les gothiques The Raudive le post-punk de Versari ou Chris Shape, créateur du magnifique Shape to Deform. On retrouve également la grande collaboration de cette année entre Kill Shelter y Antipole, Years of Denial, dont nous vous avons beaucoup parlé au cours des derniers mois, et Deathtrippers, qu’on a découverts grâce à la compilation Dead Wax. Sébastien Faits Divers collabore une fois de plus avec le patron du label HIV+, comme ils l’ont fait sur l’album de reprise de Death in June, où figurait aussi le folk gothique d’Opium Dream Estate. Enfin, nous tenons à souligner qu’un certain nombre de projets et de groupes qu’on ne contrôlait pas vraiment jusqu’à présent collaborent également : la darkwave de Swesor Bhrater post-punk/shoegaze par Delphine Coma, le rock gothique de A Wedding Anniversary (formé en 1988) et Karloz M. avec ses projets Stranger Dreams et MNFCTR.
Quant aux reprises, je dirais que celles de Chris Shape, Swesor Bhrater et Years of Denial sont celles qui s’approprient le mieux la musique des Sisters : le premier crée un morceau de synthwave frénétique, le second lui donne une touche indie des années 80 qui me fait penser à Microdisney et le duo incarne le groupe d’Eldritch, tout en ayant un son semblable, grâce à la voix caractéristique de Barkosina Hanusova.
Pour le reste, Kill Shelter et Antipole soulignent magnifiquement la mélancolie de « Nine While Nine ». A Wedding Anniversary s’avèrent être des élèves doués avec leur reprise de The Sisterhood. Le classique « Marian », de la main de Selfinshadows semble encore plus gothique. Delphine Coma se montrent très respectueux d’« Amphetamin Logic », tout comme Deathtrippers de « Burn ». Versari donnent une touche hymnique à « Heartland ». Sébastien Faits Divers et HIV+ tirent pleinement parti de « Flood II », l’une des dernières compositions les plus passionnantes de Sisters of Mercy, à laquelle ils ajoutent des touches électroniques et profitent de la liberté que leur offre le morceau. Pour terminer Opium Dream Estate transforment « Some Kind of Stranger » en un titre encore plus obsédant et mélancolique et The Raudite et font un travail phénoménal dans les atmosphères de « Colours ». En guise de bonus, on peut se délecter d’un titre original en français de Maman Küsters de « Flood I ».
En bref, cet album plaira-t-il aux fans de Sisters of Mercy ? Sûrement. Ces nouvelles versions en valent-elles la peine ? Ça ne fait aucun doute. Est-ce un album intéressant pour ceux qui veulent découvrir de nouveaux groupes ? Absolument, moi-même, j’ai noté quelques noms. Cela fera-t-il de nous de meilleures personnes ? Ce n’est pas gagné, car même le groupe du grand Eldritch n’y est pas parvenu.