Hide My Face est le premier EP du duo français Dalhia. Paru le 30 octobre 2020, il est disponible au format numérique et disque compact.
« Énorme ! » me suis-je exclamé dès la fin du premier titre. J’ai pour habitude de toujours prendre des notes lorsque j’écoute une musique pour la première fois avec El Garaje. Là, je n’ai pas pu tant j’étais accaparé par ces sons que je n’avais encore jamais entendus. Le moins que l’on puisse dire, c’est que pour un premier EP, Rachel Geffroy (chant) et Simon Vouland (batterie/machine) ont placé la barre à un niveau stratosphérique. Si au premier abord, la note de presse que nous a soumise Dalhia nous a surpris, les qualités d’écritures et l’inventivité du duo ont eu vite raison de nos doutes. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’un groupe associe le hip-hop, la dark electro, le post-punk, un soupçon d’indus, de la coldwave et bien d’autres sons qu’on adore chez El Garaje. Un véritable fourneau, un creuset d’alchimiste où toutes ces influences se fondent à la perfection pour former un genre hybride.
Hide My Face aborde des thèmes fondamentaux tels que le féminisme, les angoisses existentielles, la perversion et l’emprise. Le ton est grinçant. La musique sombre et torturée étonne, fascine et attire irrésistiblement l’oreille titre après titre. Ainsi, dans « Your Bitch is My Target », les intervalles serrés prédominants dans le titre créent une tension exquise sur une basse lancinante. « Hide My Face » est probablement la piste la plus âpre. Si la chanson commence sur une ambiance assez statique, l’accompagnement brutal qui s’ensuit la fait voler en éclat. Elle s’ancre dans des sonorités plus darkwave avec une conclusion terrifiante où Rachel scande et crie. Une musique violente pour un sujet qui l’est tout autant, une sempiternelle répétition illustrée par la reprise de l’instrumentation du début du morceau. « Sublimation » est le titre le plus mélodieux. Il y a du vocodeur. Oui, mais là, c’est différent ! Nous sommes très loin des utilisations abusives dont cet outil fait l’objet dans certaines musiques purement commerciales ce qui témoigne d’un sacré manque de goût, voire de capacités vocales. Dans « Sublimation », le vocodeur n’est pas un cache-misère, mais un instrument à part entière utilisé judicieusement pour sublimer la ligne vocale. « La marche de la mort » met en avant une dualité entre voix et rythme pour un rendu des plus glaçants. « In Love with the Snow » est sans doute le titre qui « sonne » le plus hip-hop. Une chanson vraiment intéressante avec ses petits jeux rythmiques et interruptions.
Après écoute de Hide My face, c’est sans étonnement que je découvre que le duo s’est illustré au Printemps de Bourges. Avec un univers aussi étonnant riche en rythmiques lourdes, en textes percutants et en instrumentations brutes de décoffrage, il ne nous reste plus qu’à découvrir Dalhia en concert, ce que nous attendons avec impatience.