Wrtchd Thngs, le dernier album de Chmcl Str8jckt, constitue sans aucun doute l’une de nos découvertes de l’année. Derrière ce nom plutôt étrange sans voyelles se cache non seulement « Chemical Straightjackets », un cocktail de médicaments que l’on donne à quelqu’un qui est hors de contrôle, mais aussi un groupe originaire du nord du New Jersey, qui a fait ses débuts en 2017 avec leur album homonyme. S’inspirant du passé, leur son mélange à la perfection les guitares métal old school avec la musique industrielle typique de l’ère de Wax Trax! Qui plus est, l’album est produit par John Bechdel (Ministry).
La première piste, « Wrtchd Thngs », donne un avant-goût de ce qui va suivre : la voix menaçante de Kevin Snell va désormais nous faire découvrir la nature tordue de l’être humain.
« Ode to Peckinpah (Bloody Sam) » commence sur de puissantes percussions accompagnées d’un rythme EBM. Une guitare claire, des sifflotements et même des hennissements de cheval nous plongent dans l’ambiance d’un western sanglant de Sam Peckinpah, sur un fond de rock industriel énergique. « The Only Thing That’s Real » commence sur une ligne de basse groovy très vite renforcée par de gros riffs de guitare, qui vous mène dans un rodéo infernal. Par moments, le morceau adopte un air de punk-electro, effet renforcé par la puissante voix de Snell.
L’ambiance oppressante de l’introduction de « Cut Deep » est très vite supplantée par des rythmes électroniques qui nous emportent dans un tourbillon de terreur. On devient le protagoniste d’un film d’horreur, tant l’ambiance est étouffante par moment. « Baphomet » porte le nom de la mystérieuse idole que les chevaliers du Temple sont accusés de vénérer. Avec l’introduction, on se retrouve dans une église, en train d’assister à une cérémonie. Très vite, le morceau libère toute son énergie et ses rythmes électroniques. Snell parle de l’arrestation et du massacre des Templiers en 1307 avec des voix déformées et saturées qui renforcent le sentiment d’horreur.
Le morceau suivant, « Fantasy » est une reprise d’Aldo Cova, mais on est bien loin de l’ambiance de l’originale : dès l’introduction, les bruits de laser nous plongent dans un film de science-fiction et, bien sûr, Chmcl Str8jckt met parfaitement le morceau à sa sauce, avec des guitares plus lourdes et de superbes rythmes électroniques. « Cactus » se construit lentement et est très oppressante. La guitare est accompagnée d’accords plaqués aux synthés qui renforcent ce sentiment. « Love » commence telle une ballade mais réussit à conserver son ambiance industrielle. Les notes égrenées à la guitare claire sont rapidement soutenues par des sons de synthé, qui semblent parfois remplir tout l’espace. Les paroles reprennent également le titre de l’album, « We men are wretched things », que Snell scande plusieurs fois jusqu’à la fin du morceau.
Nouveau changement d’ambiance avec « Bomb Cyclone » qui est très énergique et électronique. Une mélodie de boîte à musique introduit « Black Vulture ». Lorsqu’elle prend fin, des riffs lourds de guitares, des voix saturées et des accords plaqués à l’orgue nous transportent dans un film, dont l’ambiance rappellerait le Fantôme de l’Opéra. D’un seul coup, l’ambiance devient metal avec un changement de rythme, qui donne l’impression d’une course-poursuite où la mort est à nos trousses. Puis la chanson se termine sur une mélodie sinistre au piano et à l’orgue. Enfin, l’album finit sur « Meat Hook » dont le rythme frénétique respire la folie.
Les Chmcl Str8jckt portent parfaitement bien leur nom : ils constituent un véritable cocktail détonant qui ne finira pas de nous surprendre. Wrtchd Thngs est un véritable plaisir pour les oreilles et un renouveau de l’ère de Wrax Trax! Peut-être qu’un jour, en Europe, nous serons assez chanceux pour pouvoir assister à l’un de leurs concerts énergiques, où ils mêlent imagerie sombre et mise en scène pour faire ressortir les thèmes dérangeants de leurs morceaux.