Inicio » Interviews » Interview : Tyske Ludder

Interview : Tyske Ludder

par François Zappa

Tyske Ludder, les dieux allemands de l’EBM, ont sorti six disques de pure Electronic Body Music. Authentiques évangiles pour les croyants de cette religion, ils n’ont pas hésité à combattez les sectes hérétiques dans des œuvres comme l’EP SCIENTif technOLOGY. Claus Albers et Olaf A. Reimers apportent la parole de dieu dans El Garaje de Frank et feront des miracles le samedi 17 août au W Festival, dans une journée qui promet d’être divine.

—Vous avez commencé avec un projet plus wave. Pourquoi ce changement à l’électronique ?

—Claus : On est allés à un concert de Front 242 à Bremen à la fin des années 80. On a été très impressionné par la présentation de la performance. Comme on faisait déjà des expériences avec un synthé, passer à l’EBM était une évidence.

—Votre nom signifie « pute des allemands » en norvégien. Comment êtes-vous arrivés à choisir ce nom ? Avez-vous eu des problèmes en tournant en Norvège ?

—Claus : Quand on est passés à l’électronique, on a cherché un nom historique. Quand par la suite on a vu un documentaire expliquant le sort des femmes norvégiennes qui étaient fiancées avec des soldats allemands pendant l’occupation de 1940-1945, on s’est vite mis d’accord sur le fait de prendre le nom de « Tyske Ludder », car c’était le surnom donné à ces femmes par les Norvégiens. Les Norvégiens ont un sens de l’humour spécial. Ils adorent ce nom.

—Que pouvez-vous nous dire sur votre première cassette, Papjeda Live! sortie en 1993 ?

Olaf : Papjeda est sortie à une époque où on n’avait aucun deal pour enregistrer, avec deux autres cassettes. Je pense que c’était une chose normale pour les groupes débutants des années 90. On les a enregistrées sur un enregistreur Fostex à 4 pistes qu’on utilisait déjà pour notre projet wave, « Leaders or Men ».

—Vous dites que vous avez créé Bombt die Mörder? avec un sampler et un ordinateur Atari. Pouvez-vous nous décrire votre processus de création et l’enregistrement ?

—Olaf : On a utilisé l’Atari et le sample Ensoniq EPS pour nos deux premiers albums. Je crois qu’on a fait Bombt die Mörder? juste avec cet équipement. Ensuite, dans le studio, on a enregistré chaque son les uns après les autres sur une machine à cassette TASCAM. Voilà le processus pour les trois premiers albums de Tyske Ludder jusqu’à la fin des années 90.

—Un an plus tard, vous sortez Dalmarnock, votre deuxième album. Comment avez-vous procédé pour la création de cet album ? Pensez-vous qu’il s’agissait de la continuation du premier ?

—Olaf : Pour notre deuxième album Dalmarnock, l’utilisation d’un synthé Warldorf a eu un impact important sur notre travail. On voulait avoir un son un peu plus accrocheur et on a travaillé avec plus de mélodies. Le processus de création était complètement différent, car on a travaillé avec le studio de X Marks the Pedwalk. Je pense que c’était la première fois qu’on voyait une table à mixer. Travailler avec une limite de temps stricte pour la première fois était vraiment étrange. J’ai vraiment détesté.

—Vous vous êtes séparés après la sortie de l’EP Creutzfeld en 1996. Qu’a fait le groupe pendant ces années ?

—Olaf : Après cet EP, tous les membres du groupe sont allés dans des universités différentes en Allemagne pour leur carrière professionnelle. À l’époque, je travaillais toujours un peu sur certains morceaux de Tyske Ludder, qui se trouvent sur le quatrième album, Sojus. Mais à cette époque, je me concentrais sur le travail et ma famille.

—Neuf ans plus tard, vous revenez avec Sojus. Était-ce difficile d’écrire de nouveau des chansons ? De quelle façon le public a-t-il reçu l’album ?

—Olaf : On a décidé de travailler sur le quatrième album après un grand concert pour fêter notre retour au début des années 2000. On n’avait pas joué pendant des années, et d’un seul coup on s’est transformé en genre de groupe culte. C’était une expérience étrange, mais superbe. Depuis l’album précédent, je composais toujours des chansons chaque année. Ce n’était donc pas si difficile de composer Sojus. On a eu beaucoup plus de mal pour Anonymous.

—Maintenant, avec le recul, considérez-vous qu’Anonymous soit un tournant dans votre carrière ?

—Claus : Oui. Je pense qu’Anonymous est de loin notre album qui a connu le plus de succès. Après cet album, on a redéfini TL, également en tant que groupe live. À partir de ce moment, on jouait aussi dans de gros festivals européens comme le Mera Luna, l’Amphi, le WGT, l’Infest, etc. Le fait de travailler avec d’autres personnes pour la production de notre musique a également marqué un tournant dans notre musique.

Diaspora est un autre de vos excellents albums. Sur la couverture, on voit l’étoile de David et la première chanson est en hébreu (du moins je le pense). Est-ce que ça faisait partie du thème de l’album ?

Olaf : Diaspora est un album plus conceptuel et présente une attitude pro-Israël. Je crois que trois ou quatre chansons en parlent. À l’époque, on sentait juste le besoin d’en faire une déclaration. De temps en temps, on sent qu’il est temps de faire comprendre quelque chose aux gens, comme c’était le cas avec notre single « SCIENTific technOLOGY ». En effet, on était intéressés par la politique. Eh oui, la première chanson est bien en hébreu.

—Le groupe a des paroles en langue frisonne. De quelle façon cette culture a-t-elle influencé votre musique ?

—Claus : les Frisons sont considérés comme des gens froids et distants, mais si on croit en quelque chose, on défend cette opinion avec véhémence. Ce sont ces gènes qui nous caractérisent. Introvertis pendant le travail en studio et extraverti sur la scène. Tous ceux qui ont participé à un concert de Tyske Ludder savent de quoi je parle.

—Vous avez fait des reprises de Tilt, TC Matic et Jesus and the Gurus. Comment choisissez-vous les chansons que vous reprenez ?

—Claus : On reprend des chansons soit parce qu’elles nous ont influencés, soit parce qu’elles nous ont marqués. TC Matic, par exemple, nous ont accompagnés depuis les années 90 et Crack ! de SPK est pour nous du véritable art musical. Pour prendre notre décision, on se base sur notre amour pour la chanson et le contenu thématique.

Evolution est votre dernier album de 2015. Pensez-vous que la musique du groupe a évolué vers une version plus dancefloor ? La dance vous intéresse-t-elle ?

—Claus : L’évolution est plus liée au contexte textuel de l’album. L’évolution de l’humanité de l’homme qui deviendra ensuite cochon. Ici, on veut plutôt parler du contexte dans lequel le mot cochon est utilisé. Enfoiré en serait peut-être un synonyme.

—Olaf, qu’en est-il de votre projet Harmjoy ?

—Olaf : On vient de finir notre deuxième album, Iron Curtain. Velvet Glove. qui sortira le 26 avril. Jusqu’à présent, tout fonctionne bien et les gens ont l’air d’apprécier notre premier single « We Could Go On ». C’est dommage que ce soit aussi cher d’amener Dan, mon chanteur de Harmjoy, depuis San Francisco pour des concerts.

—Quels sont vos artistes d’EBM préférés ?

—Olaf : Je n’écoute plus vraiment de l’EBM. D’accord, de temps en temps, j’adore ce qu’apportent des groupes comme Wulband ou Youthcode. Je dirais que ce sont mes préférés pour le moment. Aujourd’hui, j’écoute une grande variété de style et de groupes. L’EBM n’en représente qu’une partie.

—Claus : Cette question demande une vraie définition de l’EBM et je pense que définir l’EBM est très difficile. Des publications sont toujours assignées au secteur de l’EBM, et je les adore. Mais je suis sélectif. Je préfère la musique industrielle et je suis un fan inconditionnel de Ministry et de Skinny Puppy. En plus, j’écoute différents styles de musique et mes nièces ainsi qu’Olaf m’influencent beaucoup. Olaf, bien sûr, traîne 24H/24 sur Internet et m’envoie des chansons très bizarres. Tous ceux qui ont participé à l’une de nos légendaires soirées alcoolisées savent de quoi je parle. Par contre, j’aime toujours Bring Me The Horizon.

Vio et moi même on s’intéresse aux langues et à tout ce qui s’y rattache. Pensez-vous que l’allemand soit la langue qui correspond le mieux à l’EBM ? Pour nos oreilles françaises et espagnoles, l’allemand est un peu agressif et semble être parfait pour le style.

—Claus : Je pense que chacun devrait chanter dans la langue avec laquelle il se sent le mieux, indépendamment du genre musical. C’est difficile de dire quelque chose de profond à moins d’utiliser sa langue maternelle. Ça dépend toujours de ce que vous voulez dire. Si je veux dire quelque chose de superficiel et que je m’engage dans une conversation du même type, je peux le faire dans une langue étrangère. Si je veux aller droit au but, je choisis ma langue natale. Dans le cas contraire, je cours le risque de sembler ridicule. C’est pour ça que la majeure partie de nos textes sont en allemand.

—Pensez-vous qu’en général, le son de l’EBM est coincé entre 1988 et 1995 ? Je ne dis pas que ce soit quelque chose de négatif, bien sûr.

—Claus : Qu’est-ce que l’EBM, exactement ? Je ne veux pas parler de la mort de l’EBM ou de ce qui compose l’EBM. Pour moi, l’EBM n’est pas seulement un style, mais aussi une attitude envers la vie. Je ne crois pas que l’EBM soit coincé, c’est juste une branche de la musique électronique qui ne connaît plus vraiment de changements, mais qui vit du mélange de différents styles d’EBM. L’EBM fera toujours partie de ma vie.

—Pensez-vous que grâce à Trump, les États-Unis domineront le monde ? Je veux dire par là que ce doit être une occasion en or pour le groupe d’écrire des paroles. Il y a tant de choses à dire.

—Claus : En effet, des têtes de cons dominent de nouveau l’histoire du monde. Mais on est plus intéressé par la façon dont ça a pu se produire. Qui sont les personnes qui suivent ces connards à l’aveuglette ? On s’intéressera à cette question de plus près dans le prochain album. On donnera notre point de vue avec notre dureté habituelle.

—Pensez-vous que votre musique et l’EBM en général peuvent intéresser les jeunes ? Je veux dire, les jeunes qui écoutent du trap et ce genre de musique pourraient trouver la même rage et le même sens de rébellion dans votre musique, pas vrai ?

—Claus : Je n’aime pas trop prédire de quelle façon l’EBM et la musique en général influencera les jeunes à l’avenir. Je crois que toute la scène électro, parce qu’elle vieillit et parfois à cause de sa très grande intolérance, a perdu l’occasion d’inspirer les jeunes. Je me rappelle d’un groupe de cybergothiques qui auraient voulu faire partie de cette scène, mais qui a été intimidé par l’establishment. Comme c’est difficile de changer, ce sera très difficile à l’avenir d’avoir de nouvelles recrues dans cette scène. Ça affecte à la fois le public et les groupes.

—Que nous préparez-vous à l’avenir ? Un nouvel album ?

—Claus : Olaf vient de fini le travail pour le nouveau CD de Harmjoy. Je crois que dès qu’il récupérera, on commencera à travailler sur un nouvel album. Mais je ne peux pas vraiment dire quand nous aurons fini cet album.

—Que pouvez-vous nous dire de votre concert au W Festival ?

—Claus : Du travail et de la sueur.

Laisser un commentaire

* By using this form you agree with the storage and handling of your data by this website.

This website uses cookies to improve your experience. We'll assume you're ok with this, but you can opt-out if you wish. Accept Read More