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Psychic TV : une autre télévision est possible

par François Zappa

Le monde est sans doute trop occupé à ses affaires pour prêter attention au dernier disque de Genesis P-Orridge, sorti sous le nom de Psychic TV. En outre, le fait de l’avoir publié en vinyle avec une édition postérieure de 500 exemplaires en CD n’aide sûrement pas. Snakes est un disque parfait pour s’immerger dans l’univers particulier de l’un des pionniers de la musique industrielle.

Il est cependant difficile de se faire à l’œuvre de cet homme qui compte plus de 100 disques à son actif, la plupart d’entre eux étant enregistrés en live. La carrière de Psychic TV oscille entre plusieurs changements de style : influencé par la musique industrielle (au début, Peter Christopherson et Geff Rushton faisaient partie du groupe, puis ont formé le mythique Coil), Genesis est tombé amoureux de l’acid et de la techno (à la fin des années 1980, avec des disques comme Jack the Tab – Acid Tablets Volume One, Teckno Acid Beat, Toward Thee Infinite Beat et Beyond Thee Infinite Beat) puis s’est laissé emporter par une nouvelle (et ancienne) vague psychédélique qui a englouti ses dernières réalisations.

Le sens de l’humour a toujours été présent dans son œuvre : pendant sa période électronique, il éditait ses disques de façon à ce qu’ils ressemblent à des compilations de plusieurs groupes qui montraient à quel point la scène acid britannique était féconde. Ses reprises de thèmes classiques sont toujours intéressantes, que ce soit le « Good Vibrations » ou le « Je t’aime » de Gainsbourg ou encore « Interstellar Overdrive » de Pink Floyd

Psychic TV a connu un moment de pause quand les Throbbing Gristle se sont réunis pour jouer en Espagne pour le Primavera Sound et pendant la période où Genesis s’est consacré à son projet de spoken word, Thee Majesty.

Influencée par le krautrock et Hawkwing, sa nouvelle œuvre, Snakes est l’un de ses disques les plus psychédéliques. L’album est le fruit de son voyage à Berlin et de son intérêt pour le vaudou. La voix de Genesis paraît affligée, chose que nous avions seulement pu écouter dans son disque précédent, Mr. Alien Brain vs. the Skinwalkers, en 2008.

La section rythmique du disque commence de façon très neworderienne avec « After you’re dead, she said » (un morceau classique du groupe), pour ensuite continuer avec le space rock triste de « Burning the Old Home ». « (It Was) Never Enough » pourrait également faire partie de Hell Is Invisible… Heaven is here, sorti en 2007. Cependant, je n’imagine pas l’étonnante « Snakes » dans un autre disque. À la fin, Genesis nous propose un thème instrumental qui rappelle ses œuvres plus expérimentales : « Project Expect! ». Et, pour finir, « Overdriven Overlord » rend hommage à « Astronomy Domine » des Floyd.

En décembre, nous avons eu la possibilité de le voir en concert à Milan. Le groupe sonne professionnel, si on peut parler ainsi d’un groupe dirigé par Genesis P-Orridge. Ils ont commencé par la reprise de Nilsson, « Jump into the fire » (du superbe Nilssonson), pour continuer avec un saut dans le passé au son de « Just like Arcadia » (d’Allegory and Self, de l’année 1988), de « Have Mercy » également connue comme « Papal Breakdance » (de Mr. Alien Brain Vs The Skinwalkers, de 2008) et de certaines chansons de ses derniers disques, aussi bien reçus par la critique que les anciens.

Voir « The Ballad of Jane and Genesis » revêt un intérêt particulier si l’on souhaite comprendre son aspect actuel et sa vie. Il y explique sa relation avec sa défunte épouse Jane et son projet artistique Pandrogeny Project, où ils désiraient s’unir en une seule entité, au moyen d’opérations pour se ressembler physiquement.

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