Photo de couverture : Patrice Hoerner
Signal Aout 42 est considéré comme l’un des groupes pionniers de la new beat, un mélange d’EBM et d’acid, populaire à la fin des années 1980. Nous avons parlé avec Jacky Meurisse, l’homme qui se cache derrière, à propos de son groupe et du fait qu’il était très célèbre à Valence, où les gens faisaient la fête des jours entiers avec sa musique en fond. SA42 jouera en octobre au DarkMad, un événement immanquable pour tous ceux qui ont commencé à danser il y a 30 ans.
–Quelles étaient vos influences lorsque vous avez commencé à faire de la musique ?
–J’ai commencé à faire de la musique relativement jeune, j’avais à peine 16 ans, c’était en 1981. Mes influences, à l’époque, étaient principalement le punk avec des groupes tels que les Sex Pistols, The Clash… certains titres dans le style rockabilly ne me laissaient pas indifférent non plus. De plus, les sonorités électroniques utilisées dans la disco me titillaient aussi les oreilles. (« Born to Be Alive » de Patrick Hernandez et « I Feel Love » de Donna Summer). Quelques années plus tard, quand j’ai commencé à composer de vrais titres, mes sources d’inspirations étaient les titres que j’entendais dans les discothèques de l’époque : Fad Gadget, New Order, Kraftwerk, Cabaret Voltaire, DAF…
–J’ai lu que votre musique était plus industrielle et expérimentale au début. Comment la décrivez-vous ? Existe-t-il des enregistrements de cette période ?
–En effet, quand j’ai commencé la musique, avec des copains de collège, comme aucun de nous n’avait de notions de solfège, nous nous limitions à faire des performances sur scène qui étaient basées sur un concept visuel (combinaison de peintre, stroboscope et machine à fumée) qui reposait sur des rythmiques (boîte à rythmes, percussions métalliques), quelques sons de synthé (que nous avions de temps en temps à prêter par un ami) et slogans scandés dans une chambre d’échos à bande. En fait, comme nous n’étions absolument pas musiciens, c’était la seule façon que nous avions pour nous produire sur scène. C’était de l’improvisation pure, quelque part, c’était du grand n’importe quoi. Mais c’était tellement puissant et étonnant (pour l’époque) que finalement nous avons réussi à marquer notre public ! Pour ce qui est des enregistrements, non, il n’y en a pas. Je suis résolument quelqu’un tourné vers l’avenir, je ne me retourne que très rarement sur le passé en ce qui concerne les projets.
–Vous avez changé le nom du groupe en raison d’une blague avec une marque de dentifrice. Pourriez-vous nous expliquer cette blague ?
–À l’époque de ces performances, il fallait trouver un nom pour notre groupe. Et comme notre culture était principalement punk, il fallait un nom assez provocateur ! De plus, comme nous développions aussi un côté « communication » (placardage d’affiches, autocollants…) et que nous avions un look sur scène assez provocateur pour faire parler de nous, il fallait un nom qui fasse penser à de la propagande. C’est pourquoi nous avions choisi le nom de Signal en référence à la revue de propagande allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Signal, ça sonnait bien et c’était pile-poil dans l’esprit de provocation que nous voulions laisser de nous. Malheureusement, probablement par manque de culture, les jeunes de l’époque ne faisaient pas le rapprochement avec la revue de propagande, mais plutôt avec le dentifrice de la marque Signal… Pour mettre un terme à cette confusion, nous avons décidé de rajouter la date de parution de Signal qui nous avait servi d’affiche pour plusieurs de nos performances, celui du mois d’août 1942… Signal devenant du coup Signal Aout 42 ou SA42 ! Plus tard, ce nom ne nous a pas rendu la tâche facile pour deux raisons :
La première est simple : beaucoup de gens ne perçoivent pas le second degré, et font directement un raccourci un peu trop rapide avec le nom de la revue de propagande allemande de la Seconde Guerre mondiale et considèrent dès lors que SA42 est porteur d’une idéologie d’extrême droite… La deuxième est plus anecdotique, mais non sans conséquence pour SA42 : c’est qu’entre temps, aussi en Belgique, un groupe ayant, je pense, les mêmes inspirations que nous fait une percée hallucinante… Front 242 ! Le fait que Front 242 se termine par 42, ait les mêmes inspirations que nous et ait un énorme succès a fait que le public a toujours pensé que nous avions copié sur ce groupe prestigieux. Ce qui n’est, je vous l’assure, absolument pas le cas.
–Saviez-vous que votre premier single, « Pleasure and Crime », a connu un énorme succès à Valence ? Un mouvement musical s’est inspiré de votre chanson comme modèle.
–Waw, je suis honoré de l’apprendre ! Je sais que SA42 a eu beaucoup de succès en Espagne, mais de là à inspirer un mouvement musical… je n’en reviens pas ! Je suis venu donner plusieurs fois des concerts en Espagne, et à chaque fois, une super ambiance, un public chaleureux et de très belles salles bien équipées. Je ne sais pas s’il y a un rapport avec ce que vous venez de m’apprendre, mais SA42 a beaucoup de succès (encore aujourd’hui) dans les pays hispanophones d’Amérique latine !
–Selon vous, de quelle façon les discothèques ont-elles aidé la diffusion de votre musique dans les années 1980 ?
–Les discothèques étaient les éléments indispensables au succès d’un titre. Il fallait d’abord passer par les dancefloors avant de vendre des disques ! À l’époque, les DJ étaient de véritables pionniers ! Ils osaient prendre des risques pour faire découvrir un titre avant les autres. Je me rappelle, quand j’ai composé mon premier « vrai » titre, « Pleasure and crime », j’avais enregistré la maquette sur une cassette audio et avais demandé au DJ du On the Beach (boîte new wave où je sortais à l’époque) s’il voulait bien passer le titre. Il a pris la cassette et quelques minutes plus tard « Pleasure and Crime » passait dans la discothèque !!! Bingo, la piste ne désemplit pas… c’est que le titre ne doit pas être trop mauvais… Je ne connais pas le nom de ce DJ, mais je lui dois une fière chandelle ! Sans sa prise de risque, aurais-je persévéré dans la musique ? Je ne sais pas si cela serait encore possible de nos jours.
–Signal Aout 42 est considéré comme l’un des pionniers de la new beat. Qu’en pensez-vous ?
–Vous savez, EBM, new beat, new wave, techno… pour moi cela ne veut pas dire grand-chose… On dit que SA42 est EBM… j’avoue que je ne sais pas vraiment pourquoi… Maintenant, je suis conscient qu’il faut classifier les musiques par genres ; mais pour ma part, je n’ai jamais essayé de faire partie de tel ou tel genre. Ce qui est « comique » avec SA42 c’est que c’est un projet qui a plus de 30 ans et qui, fatalement, a traversé plusieurs courants musicaux et qui dès lors c’est vu coller plusieurs étiquettes. Normal, je suis quand même inspiré par ce que j’entends, même si je dois vous avouer que je n’écoute pratiquement pas de musique !!! J’entends, mais n’écoute que très peu…
Mais pour répondre plus précisément à votre question sur la new beat, je suis certain que cela vient du fait du matériel utilisé pour la composition. En effet, comme je vous l’avais dit tout à l’heure, je ne suis absolument pas musicien au sens académique du terme. Il me fallait donc des instruments appropriés à mon « handicap ». Il se trouve que la marque de synthé Roland venait de sortir un instrument qui m’allait comme un gant : le Bass Line TB303 !!! Je fus donc l’un des premiers acquéreurs de cet instrument dont personne ne voulait à l’époque. Ce n’était pas un instrument pour les musiciens, mais pour moi c’était exactement ce qu’il fallait. J’avais donc deux TB303 une TR 606 un Juno 106.
C’est cette combinaison d’instruments qui a créé une nouvelle sonorité (pas moi). Je suppose que je n’étais pas le seul à avoir plus ou moins cette combinaison d’instruments. Ce nouveau son a été relayé par plusieurs méga discothèques en Belgique dont la célèbre Boccaccio : les DJ y ont mis leur petit grain de sel en ralentissant les tempos et la new beat était née. Ce fut une période de folie en Belgique, pour une fois, notre petit pays était reconnu pour sa musique dans le monde entier !!!
–La musique acid vous intéresse-t-elle ? Si oui, l’Américaine ou l’Anglaise ?
–Comme je vous le disais tout à l’heure, j’entends beaucoup de musique, mais n’en écoute pratiquement pas… donc, pour moi, vous dire si c’est américain ou anglais est impossible. Je dirais que Detroit me dit quelque chose. Tout ce que je peux dire, c’est que chaque style de musique a de bons sons et l’acid, acid house, etc., ne font pas exception.
–Si l’on considère la new beat comme un sous-genre de l’EBM, pourriez-vous expliquer comment ce genre est devenu si populaire en Belgique ?
–Je pense que la new beat doit surtout son succès grâce aux discothèques. En Belgique, à cette époque, il y avait une flopée de méga dancings. D’ailleurs, la Belgique est toujours un pays tourné vers la musique, c’est quand même le pays des grands festivals, les gens y viennent du monde entier pour faire la fiesta ! Pour la new beat, c’était un peu la même chose, une grosse fiesta sur de gros sons lancinants. La fête durait du samedi soir jusqu’au lundi matin… et pour certain, sans dormir !
Peut-être aussi de par sa situation géographique, coincée entre l’Angleterre, l’Allemagne, la France et la Hollande, la Belgique était le terrain idéal pour mélanger toutes ces cultures, ces genres. La Belgique est quand même le pays du surréalisme !!! La new beat en est probablement une petite partie. À partir des années 80, la petite Belgique a prouvé qu’elle avait quelque chose de particulier à proposer dans le monde de la musique, et ce, encore aujourd’hui avec de très bons artistes en tous genres.
–Saviez-vous qu’il existe un autre groupe d’EBM, Pro Patria, qui s’appelle comme votre premier album ? Que pensez-vous du fait que votre premier album soit considéré comme un classique ?
–Oui, je connais le groupe Pro Patria. J’ai déjà eu l’occasion de communiquer avec Peter Vercauteren. Je connais aussi très bien Seb aka Sebmer Blondwülf qui vient de rejoindre le groupe. Je n’ai hélas pas su aller les voir en concert lors du W Festival de cette année, mais en ai entendu de très bons échos ! Ce serait vous mentir que de dire que le fait d’être considéré comme un classique ne me fait rien ! Bien entendu, recevoir des félicitations, des compliments et de la reconnaissance est très gratifiant. Je pense aussi cependant qu’il faut toujours rester humble, car j’ai connu des artistes vraiment bons qui ne réussissent pas à percer et d’autres, plus mauvais, qui cartonnent. C’est certain, pour réussir il faut un minimum de talent, mais il faut aussi de la chance (être au bon moment au bon endroit), c’est pourquoi la modestie est toujours de mise.
–Comment s’est passée la composition de votre second album Contrast, chose toujours difficile à faire ?
–Je n’ai pas eu de difficultés particulières. À l’époque, je vivais uniquement de la musique, j’avais mon propre studio d’enregistrement et travaillais exclusivement pour mon éditeur Disco Smash. J’avais donc pas mal de projets annexes pour lesquels il fallait une retombée financière. Par contre, SA42 a toujours été pour moi une cour de récréation où je pouvais faire ce que je voulais sans devoir prendre en compte le côté rentable de la chose. C’était pour moi une véritable passion et un moyen d’expression. C’est donc tout à fait sans difficulté que j’ai composé cet album. Tout comme les suivants d’ailleurs. Contrast fut un peu l’album expérimental de SA42.
–Qui faisait les nombreux mix de vos chansons qui apparaissaient dans les maxis 45 tours ?
–Les titres en versions maxi de SA42 n’ont été remixés que par moi. Ces versions étaient destinées à passer en discothèque et étaient un peu donc orientées dance.
–Que s’est-il passé après votre troisième album Conviction ? Pourquoi avez-vous arrêté de faire de la musique avec SA42 ?
–En 1995 pourtant en pleine période de succès (Pleasure Games, Le Park, DJPC…) avec les meilleures places dans les charts européens, des disques d’or, et de très bonnes perspectives d’avenir pour SA42, je décide d’arrêter complètement la musique ! Depuis 1988, je vivais uniquement de la musique et travaillais exclusivement pour mon label (Disco Smash/Blackout Records). Après 7 ans de travail acharné et malgré bon nombre de succès, j’étais dégoûté de la façon de travailler de mon label (vision complètement différente sur la façon de continuer à faire perdurer les projets…). Ajoutez à cela une bonne proposition d’emploi dans un tout autre domaine et une famille qui s’agrandit… je me suis posé des questions existentielles… J’ai donc pris la décision de passer à une autre vie. J’avais bien l’intention de continuer la musique en parallèle… mais bon… cela est resté une intention durant 12 ans !!!
–Vous avez acheté un studio en 1988. Comment le studio a changé votre carrière musicale ?
–Le fait d’avoir un studio en 1988 change complètement les perspectives ! À cette époque, avoir un studio coûte très cher ! Investir tant d’argent peut faire réfléchir et tous ne sont pas prêts à prendre le risque ! Une fois le risque pris, avoir tout le matériel à disposition vous rend la tâche bien plus facile et ouvre bien des horizons par expérimentation ! Pour ma part, le risque a été payant. Je ne comptais pas mes heures de travail, pour moi c’était le paradis… je vivais de ma passion ! Il fallait aussi quand même rentabiliser le matos, je me suis alors mis à créer des projets parallèles (Pleasure Games, etc.) et à remixer des groupes du label tels qu’Amnesia…
–Nombre de vos titres ont été sortis par Disco Smash Productions. Comment avez-vous commencé à travailler avec ce label ?
–Disco Smash était l’un des magasins de disques incontournables de la région (Mouscron-Courtrai-Lille) et était le fournisseur des DJ des discothèques du coin. Bruno Vangarsse, le vendeur, importait des pièces uniques, c’était le disquaire incontournable. Un ami à moi m’avait dit que le patron du magasin s’était lancé dans l’édition de disque. En effet, Michel Nachtergael venait de produire et d’éditer un artiste de disco italien, Michael Fortunati, avec le titre « Give me up ». C’est donc tout à fait naturellement que je suis allé voir Bruno au magasin pour lui proposer les titres « Pleasure and Crime » et « Lovely Trees ». Le courant est tout de suite passé avec Bruno et SA42 était ainsi devenu le deuxième artiste de Disco smash… quelques mois plus tard, le maxi « Pleasure and Crime » était sorti !
–Vous avez travaillé sur des projets comme Amnesia, Pleasure Game et DJPC. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
–Amnesia était le projet de Stephan Novak qui avait suivi le même chemin que moi en allant trouver Bruno au magasin avec le titre « Ibiza ». « Ibiza » fut dès sa sortie un hit dans tous les clubs new beat. Stephan a ensuite fourni un album d’Amnésia devenu culte, Hysteria, qui est un monument du style !!! Ensuite j’ai donné quelques coups de main pour la suite et fait quelques remix. Par la suite Stephan Novak a été écarté par Disco Smash pour des raisons qui m’échappent.
DJPC, c’est une sacrée anecdote… C’est Patrick Cools qui vient me voir pour faire un titre ensemble. On fait le titre « Insomniak » et en fin de journée Patrick me demande ce que je préfère… co-signer le titre ou me faire payer la journée de studio… Comme un con, j’ai répondu paye-moi le studio ça ira ! (un tien vaut mieux que deux tu l’auras) (cf : le film « Shinning » avec Jack Nicholson) mon cul, ouais. Par la suite, pour me remercier le label m’a confié la composition de quelques titres pour l’album.
Pleasure Game : c’est un projet de Bruno et moi-même avec les titres phares : « le Dormeur » et « le Seigneur des Ténèbres ». Par la suite, encore une fois pour des raisons qui m’échappent, le label décide, hélas, de faire de ce projet quelque chose de plus « commercial »…
–Que pourriez-vous nous dire à propos de Le Park/Mundo Vision/Tanaka ? Vous avez mené ces projets à bien avec presque les mêmes personnes, n’est-ce pas ? Pourquoi travailler sur autant de projets avec différents noms ?
–Je n’ai rien de spécial à dire sur Mundo Vision et Tanaka. Ce sont des titres « alimentaires ». Par contre Le Park est une de mes fiertés. C’est un projet que j’ai réalisé avec un de mes amis : Johann Betremieux. Les titres « Litchies » et « Naked True » ont été des hits dès leur sortie. Un album était prévu, mais on est en 1995 l’année ou je décide de changer de vie… En fait, il ne faut pas perdre de vue que la musique était mon unique occupation, 10h par jour / 5 jours semaines… 200 heures par mois… 2000 heures par an !!! Il y a forcément des titres qui sont composés et qu’il faut sortir. Il est impossible de sortir tous ces titres sur un seul projet. Donc on multiplie les projets. Vous savez, je ne sais même pas le nombre de titres que j’ai composés et qui sont sortis, mais c’est plus d’une centaine !
–En 2007 après une interruption de 10 ans, SA42 revenait avec un 4e album, Transformation. De quelle façon avait évolué l’EBM ?
–Je savais que tôt ou tard, j’allais recomposer, car pour moi c’est un moyen d’expression, c’est plus fort que moi. Donc après plus de 10 ans de silence je m’y suis remis. En 2007, l’album Transformation est terminé. Je me rappelle qu’à l’époque, un jeune éditeur allemand était venu me voir moi et Michel Nachtergael pour acheter les droits d’édition pour compiler des titres de SA42. Ce jeune éditeur s’appelle André Kobliha et son label Out of Line. Aujourd’hui Out of Line est devenu un label majeur et le premier disque sorti chez eux fut la compilation Immortal Collection de SA42. Eh oui, le Out of Line 001 est… Signal aout 42.
C’est donc tout naturellement que je les ai contacté pour mon retour et… bingo André est enchanté par le résultat de Transformation. Cet album fut encore une fois un succès ! Personnellement je ne me suis pas soucié de comment la musique avait évolué pendant ces 10 ans, j’ai simplement fait ce que j’avais envie de faire, quitte à ne pas plaire… apparemment cela a plu.
–En 2010, vous avez sorti le 5e album de Signal, Vae Victis. Il était disponible avec un CD supplémentaire de remix de différents artistes sous le nom de Northen Alliance. Cette idée venait de vous ? De quelle façon avez-vous choisi les artistes qui allaient remixer vos chansons ?
–Effectivement, c’est mon idée. Le fait d’être revenu dans le monde de la musique et de faire pas mal de concerts m’a permis de rencontrer pas mal de monde. Les gens que je rencontre sont souvent de bonnes personnes très sympathiques et avec une personnalité riche. En créant cette Northen Alliance, c’était une façon de rendre hommage à ces artistes de ma région et que je connais personnellement. Depuis j’en connais encore bien plus. J’ai la chance de m’entendre avec beaucoup de monde dans le milieu de la musique.
–En 2013, vous sortez votre 6e album, Inspiration. Vous y avez écrit des chansons inspirées d’autres artistes et vous donniez des indices grâce à leurs titres. Comment avez-vous eu cette idée ?
–C’est bien cela. J’ai eu cette idée tout simplement, je me suis dit que le 6e album serait peut-être le dernier et qu’il était temps de rendre hommage aux artistes qui m’ont inspiré le plus. On dit toujours que nous sommes ce que l’on mange, c’est vrai : et je pense qu’en tant que compositeur on est ce qu’on écoute. En faisant cela, je me suis aussi lancé un petit défi. Ce n’est pas si évident à faire que cela ne peut paraître. C’était aussi un petit jeu avec mon épouse qui a la même culture musicale que moi. Quand j’avais terminé un titre, je lui faisais écouter et lui demandais à quel groupe ça lui faisait penser… et à chaque coup, elle avait bon.
–L’un de vos deux derniers projets parallèles s’appelle Grand((o))Signal, avec Tcheleskov Ivanovitch de Grandchaos. Vous avez sorti deux versions différentes du même album. Pourquoi ?
–Tcheleskov m’a rejoint pour les concerts lors de mon retour en 2007. Nous avons tous les deux les mêmes sources d’inspiration, nous venons du même univers musical. Tché m’a demandé de faire un projet commun, ce que j’ai accepté. Nous avons dans un premier temps sorti ce projet sur le format Dropcard limité à 200 exemplaires, ensuite une édition CD sous le label Unknown Pleasures Records. Pour cette seconde édition, l’éditeur voulait quelques modifications par rapport à l’édition initiale sur Dropcard. Ce fut une bonne collaboration chaleureusement accueillie par les critiques.
–Qu’en est-il de Crystal Blakout et Jacky Meurisse Project ? Pourquoi avoir décidé de le sortir sous votre nom et non pas celui de Signal ?
–J’ai décidé de sortir Blackout sur le nom de Jacky Meurisse Project, car les compositions ne correspondent pas à ce qu’attendent les fans de SA42. J’ai composé cet album un peu comme une récréation, sans devoir suivre des codes, laisser libre cours à mon imagination. C’est une composition « plaisir ». Pour ce projet, j’ai suivi le même procédé que pour Grand((o))Signal, c’est-à-dire une première édition sur Dropcard et ensuite une édition CD chez un éditeur espagnol : Müsex industries.
Pour votre interview, je peux déjà vous dire en exclusivité qu’un deuxième opus de Jacky Meurisse Project est sur le point de voir le jour. Et non je ne l’ai pas utilisé pour SA42, c’est bien trop différent… Tout comme pour l’album Insurrection, les compositions sont prêtes depuis un bon bout de temps ! J’attends simplement d’avoir de l’inspiration pour le terminer.
–Comment a été reçu Insurrection ? Pensez-vous que nous vivons une époque où il faut être rebelle ?
–La sortie de l’album Insurrection a eu lieu le 7 juin, juste avant les vacances d’été. De plus, étant donné que je travaille avec un gros label, Out of Line, qui gère beaucoup d’artistes et qu’SA42 n’est pas non plus son fer de lance (commercialement parlant), il est encore un peu tôt pour savoir ce qu’il en est en termes de vente. Ceci dit à part pour les très très gros artistes les ventes ne sont plus ce qu’elles étaient il y a 25 ans. Par contre ce que je peux dire, c’est que l’album a été unanimement très bien accueilli par tous les critiques ainsi que par les fans. J’en suis d’ailleurs moi-même particulièrement fier. Pour ce qui est d’être rebelle, je pense que c’est inscrit dans mes gènes… c’est même parfois assez fatiguant, j’ai déjà prouvé à plusieurs reprises et à une époque, que j’étais capable de faire des titres plus commerciaux et que je pouvais donc rentrer dans le moule, mais comme je le dis, c’est plus fort que moi, il faut que je m’entête à faire de la musique à contre-courant, c’est une façon pour moi de m’exprimer, d’essayer faire prendre conscience aux gens qu’il n’y a pas qu’une seule façon de penser.
C’est clair qu’aujourd’hui il y a plus de raisons d’être rebelle qu’il y a 20 ans. Je pense aussi que notre monde a toujours eu besoin, a encore et aura toujours besoin de rebelles pour soit freiner les ardeurs destructrices de certains ou au contraire bousculer l’immobilisme abrutissant d’autres. L’insurrection dont je parle dans mon dernier album est : d’une part, simplement l’actualité… il n’y a qu’à regarder les infos et voir tous ces affrontements, ces manifestations, ces actes de violence, la pauvreté, les discriminations, les ingérences en tous genres… Et d’autre part, une insurrection plus personnelle que chacun d’entre nous devrait avoir intérieurement face à l’endoctrinement voir au lavage de cerveau que nous subissons tous de la plupart part des médias des réseaux sociaux… Je me dis simplement qu’il serait peut-être temps d’essayer de penser de par soi-même et de ne pas se laisser bêtement influencer.
Le Mal a mille visages, il rôde, à chacun de nous de le repérer et de le combattre ! Voilà la devise qui pourrait illustrer le mieux le nouvel album Insurrection.
–Que pouvez-vous avancer sur votre concert au DarkMad ?
–Je suis fier de jouer au DarkMad et de faire partie d’une aussi belle affiche ! Je suis très content, car la rencontre avec le public espagnol est toujours très chaleureuse. Je suis confiant, car j’ai déjà joué pour l’organisateur Manuel Ángel González il y a déjà quelques années, aussi à Madrid, et tout s’était très bien passé. En plus cette fois Manuel met vraiment tout en œuvre pour que l’événement soit exceptionnel. Je crois que c’est un vrai amoureux du genre de musique et qu’il se donne à fond. Je sais aussi qu’il y aura pas mal de nationalités dans le public, les places ont été vendues dans beaucoup de pays. Il y aura quelques Belges qui feront le voyage pour l’occasion. J’ai aussi hâte de voir les autres groupes en concert, car l’affiche est vraiment top. SA42 sera accompagné d’une bande de copains, nous serons une dizaine et nous prévoyons de profiter de notre passage à Madrid pour visiter ensemble les coins les plus sympas de la capitale espagnole… le tout dans la bonne humeur ! 😉