Originaire de l’Ohio, Hexadiode revient sur Ibex, leur premier album sorti en août 2016, avec une version instrumentale (Ibex instrumental) parue le 2 avril 2021. Cette nouvelle sortie est disponible au format numérique. L’album original est quant à lui disponible au format numérique, disque/vinyle et disque compact.
Comme son nom l’indique, le nouvel Ibex offre à l’auditeur une version purement instrumentale de ses titres originels de 2016, mais aussi étendue pour certains d’entre eux, bien que cela ne saute pas aux yeux de prime abord. L’instrumental transfigure radicalement l’essence de ces chansons même si l’esthétique industrielle, dark et électro reste inchangée. La voix humaine étant le seul élément organique de l’album d’origine, la supprimer rend l’univers musical d’Hexadiode plus froid, en nuances de gris, de noir et de métal où l’humain n’a plus sa place. Pour résumé, onze titres aux instrumentations travaillées, nimbés d’un parfum de science-fiction dystopique des plus savoureux.
Proposer une version instrumentale au public 5 années après la parution de l’album d’origine est une excellente démarche qui offre la possibilité de (re) découvrir l’univers d’Hexadiode et d’écouter Ibex différemment. Malgré le bien-fondé de cette initiative, il semble, après une écoute comparative des deux albums, que la version 2021 ne contient pas autant de nouveauté que l’on serait en droit d’attendre dans une seconde édition d’album.
Même une version instrumentale d’une œuvre musicale quel que soit son genre ou son instrumentation devrait être une occasion de repenser l’œuvre d’origine en profondeur afin de lui conférer une nouvelle identité par de nouveaux arrangements qui compenseraient l’absence de chant. Une opportunité qui ne semble pas avoir été saisie par Hexadiode. En effet, les parties de chant de l’album d’origine ont tout simplement été supprimées sans que la trame des titres et leur orchestration soient repensées. Si cela peut avoir un certain intérêt comme dans « Inversion », une composition plus lente où l’absence de chant révèle tout le potentiel contemplatif du titre, cela peut aussi engendrer l’effet inverse, une impression de creux, de manque comme dans un plat sans sel. La sensation est flagrante lorsque l’on écoute les deux versions de « Subatonic ». Et elle se ressent malheureusement dans la majorité des titres.
Quelle version écouter ? L’instrumentale, l’originale ou les deux ? Une question à laquelle chacun aura une réponse différente. De ce fait, il est évident que mes commentaires sur le dernier album d’Hexadiode ont indubitablement été influencés par mon écoute comparative des deux versions. Peut-être auraient-ils été différents si j’avais procédé différemment. Cependant, qu’il soit une redite ou un cadeau à destination de fans impatients, Ibex instrumental n’altère aucunement l’excellence de l’album d’origine. Il permet d’en apprécier pleinement l’instrumentation et de mesurer le grand talent des artistes.