Definitivos ont sorti plusieurs disques classiques du punk belge, ont marqué Courtrai sur la carte de la musique et après plusieurs changements de formation, ils se sont séparés. Mais depuis 2010, ils sont revenus, avec la formation originale et la sagesse acquise au cours de leurs années d’expérience. On a interviewé Rik Masselis, batteur du groupe. Pour les voir, il faudra se rendre le samedi au W-Fest, devant la scène Olivier Daout Stage. Définitivement punk.
—Vous avez commencé votre carrière de musicien avec P.I.G.Z, sans doute l’un des premiers groupes belges de post-punk. Pourriez-vous nous en dire plus sur votre expérience dans ce groupe ? Vous n’avez sorti qu’un seul single sous ce nom, n’est-ce pas ?
—Pour notre premier concert avec P.I.G.Z., on a joué en première partie des The Runaways. Pour notre deuxième concert, on a joué au First Belgian Punk Contest, qu’on a gagné. Grâce à cette victoire, on a pu enregistrer « Bloody Belgium/Shall I/ Stooges ». On a fait quelques concerts avec The Kids, et joué en première partie d’Iggy Pop. Mais en raison de disputes internes, le groupe n’a duré qu’un an.
—Definitivos était le nom d’une marque de cigarettes portugaises. Pourquoi avoir choisi un tel nom ?
—Après la séparation de P.I.G.Z., un ami, qui revenait de vacances au Portugal, m’a rapporté un paquet de Definitivos. J’ai d’abord pensé : si je remonte un groupe, j’utiliserai ce nom. On avait donc le nom avant même de former le groupe.
—Que pouvez-vous nous raconter sur les débuts du groupe ? Quelles étaient vos influences ? L’année dernière, on a interviewé Red Zebra, et ils nous ont révélé que voir un concert des Kids a été une révélation pour eux. Et vous, aimez-vous les Kids ?
—Bien sûr qu’on aime les Kids. Ils ont eu un gros impact sur de nombreux groupes belges. Ils sont encore l’un des meilleurs groupes live de notre pays. Sinon, je peux citer d’autres groupes qui nous ont influencés : Ramones, Undertones, Buzzcocks, Gang of 4, Killing Joke, etc.
—Grâce au W-Festival, on en apprend beaucoup sur le post-punk et le punk belge. L’année dernière, on a aussi assisté au concert de Struggler. Cette année, ce sera de votre groupe. Quel autre groupe nous recommandez-vous ?
—Red Zebra sont toujours bien présents, mais c’est aussi le cas de Siglo XX, et de la nouvelle génération de groupes, comme Whispering Sons.
—Le premier single du groupe porte le nom du premier album de Pere Ubu. Aimez-vous ce groupe ?
—Oh oui. Ils ont sorti leur album avant, mais c’était une coïncidence qu’on ait utilisé le même titre. On travaillait sur ce titre bien avant de l’avoir enregistré.
—Pourriez-vous nous en dire plus sur « The Modern Dance », votre premier single ?
—On était sur le point de se séparer quand on a enregistré « The Moderne Dance ». C’était tout, ou rien. On a choisi le même studio que Red Zebra pour « Can’t Live in a Living Room », car on aimait le résultat. Si vous écoutez les deux chansons, il est possible que vous entendiez les similarités au niveau du son. On a sorti la chanson, et elle a connu un succès fulgurant. J’ai dû en faire un deuxième tirage aussi vite que possible.
—Le groupe a tourné avec DAF. Leur musique est très différente de la vôtre. Comment s’est passée la tournée ? Comment a réagi le public ?
—Le public a réagi très positivement à notre musique, même si ce n’était pas vraiment ce à quoi les gens s’attendaient. Même Herman Schueremans était impressionné. Il voulait nous prendre en première partie de Bow Wow Wow, mais on n’a plus eu de nouvelles de notre chanteur, Lucien, et on a dû annuler le concert.
—Comment était Courtrai dans les années 80 ? Votre deuxième single parle de votre ville, n’est-ce pas ?
—Courtrai était une ville monotone quand on a enregistré notre deuxième single. Rien ne se passait vraiment, jusqu’à ce que des salles comme Limelight ou On the Beach commencent à faire venir des groupes comme Killing Joke, The Sound, A Certain Ratio, Tuxedomoon et autres.
—« Courtrai Tonight/Take over » a été produit par Serge Feys de TC Matic. Comment s’est passée votre collaboration ? A-t-il influencé votre son ?
—Quand on est entré dans le studio ICP, on a été très impressionnés. The Stranglers et OMD venaient juste de terminer leurs sessions d’enregistrement. Mais Serge était quelqu’un de très sympa, il nous a tout de suite mis à l’aise. Oui, il a en quelque sorte influencé notre son, car on utilisait le même kit de batterie et les mêmes amplis que TC Matic.
—Votez-vous pour le parti Sp.a ? Je vous demande, car Philippe De Coene a été, pendant un temps, le chanteur de votre groupe. Comment décririez-vous cette expérience ?
—Chaque membre du groupe vote selon ses convictions. Frank était candidat pour les élections de Sp.a. Travailler avec De Coene était différent, mais amusant.
—La musique de Definitivos change énormément avec le troisième single, « Sight Seeing », qui sort en 1985. Pensez-vous que c’était dû à la présence de nouveaux membres du groupe, ou la musique a-t-elle juste pris une direction différente ?
—Philippe et Dominiek ont apporté de nouvelles idées, mais la scène musicale a aussi changé. Serge Feys a ajouté des claviers, ce qui a aussi changé notre son.
—Sur votre page Web, on peut lire que la dépression a touché la scène musicale belge et que le groupe s’est séparé. Que s’est-il réellement passé ?
—Je suppose qu’on s’est juste dit : « OK, c’est la fin ». Personne ne s’intéressait plus à nous. Philippe a commencé sa carrière d’homme politique, et on a senti que quelque chose était différent.
—Que pouvez-nous nous dire sur votre vie après la séparation du groupe ? Avez-vous joué dans d’autres groupes ?
—Philippe et Marnik sont partis. On a commencé à jouer des morceaux qui étaient plus power rock, et on a changé notre nom pour s’appeler The Whydads. On a enregistré un album, That’s Why, et on a tourné avec des groupes comme The Scabs, Aroma di Amore, La Muerte… La tournée s’appelait « Harde Tijden » (Temps difficiles). Et c’était vraiment le cas. Ensuite, tout le monde s’est marié, a fondé une famille, et c’était la fin.
—Pourquoi le groupe est-il revenu en 2010 ?
—En 2007, on a vu sur un site Internet appelé « Killed by Death » que beaucoup parlaient encore de « The Modern Dance ». Quelqu’un nous a suggéré de nous réunir. Frank, Dominiek et moi, on a refondé le groupe. Avec un chanteur plus jeune, on a donné quelques concerts sous le nom de Relatinos. Ensuite, on a décidé de rejouer avec Lucien et on a fait notre comeback sur un Monster Truck qui se déplaçait dans les rues de notre ville natale.
—La compilation de cette année, appelée Courtrai Tonight, inclut de nombreuses chansons enregistrées en 1984, mais que vous n’avez jamais sorties. Pourriez-vous nous raconter l’histoire qui se cache derrière ces morceaux ? Pourquoi ne les avez-vous pas sortis dans les années 80 ?
—Il s’agissait d’une démo pour un mini LP, une maison de disque était intéressée, mais comme on avait changé le line up, il était impossible de sortir les chansons.
—Vous tournez depuis 2010, pas vrai ? Comment vous accueille le public ?
—Oui, on tourne de nouveau. Je crois qu’au début, les gens étaient curieux de voir si « les vieux » étaient toujours d’attaque. On a été surpris de constater que nos fans sont restés très fidèles, et que des jeunes venaient à nos concerts. Travailler de nouveau avec notre guitariste d’origine, Peter, a boosté le groupe l’année dernière.
—L’année dernière, le groupe a sorti un best of, appelé Courtrai Moderne : Definitive Definitivos. On peut y écouter une nouvelle chanson. En plus, le groupe a sorti un nouveau single, 18:38. Allez-vous enregistrer un nouvel album ?
—Non, mais il ne faut jamais dire jamais.
—Lucien, le chanteur, s’est cassé le bras récemment. Est-ce qu’il va bien ?
—Lucien est un gars solide. Il sera sur pied pour le W-Fest.
—Que pouvons-nous attendre de votre concert au W-Festival ?
—On va fêter notre anniversaire avec un aperçu de 40 ans de Definitivos : de « The Modern Dance » à « 18h38 ». Certaines chansons ont été réarrangées, d’autres seront jouées sous leur forme d’origine. On fera peut-être 2 ou 3 reprises.
Crédits photo : Couverture – Tom Der Stede / Première et deuxième photos – Gregory Vlieghe / Troisième photo – Creeping Mac Croki