Nous venons de recevoir une nouvelle référence du label Other Voices Records : Cremator, le nouveau disque de Vukovar, qui sortira en mai, mais qui peut déjà se réserver ici.
Cremator partage non seulement le nom d’un film de Juraj Herz, mais aussi son air onirique et malsain. C’est la septième référence de Vukovar depuis la création du groupe en 2014. Parmi leurs œuvres, il convient de distinguer Emperor, Voyeurism, Puritan, l’album de reprise Fornication ou Monument, où a collaboré Michael Cashmore de Current 93. Pour Cremator, l’album de rupture non voulue, ils ont compté sur l’aide de Simon Morris de The Ceramic Hobs et Holly Hero de Smell & Quim.
La première caresse qui parvient à nos oreilles provient de la voix de Holly Hero dans l’inquiétante introduction de « Roma Invicta », qui explose aux alentours de la première minute : pendant un moment, on pense que le Bowie de l’autoroute perdue est revenu d’entre les morts. La chanson, qui n’est pas du tout commerciale, réussit à vous attraper tout en servant de porte parfaite pour l’album, en raison de son caractère à la fois expérimental et addictif. Elle introduit aussi le morceau italien, qui parcourt le disque, que ce soit comme référence à un film obscur du maître Pasolini ou au célèbre livre de Bocaccio. Partageant le nom du film de l’auteur de Saló, « Love Meetings » a un rythme martial et des sons industriels qui contrastent avec la douceur de la voix. On continue avec le morceau obscur et pesant « Interment By Mirrors », toujours avec cette influence industrielle qui nous plaît tant. « Diving for Your Memory », une reprise des The Go-Betweens, dispose d’une basse qui ferait mourir d’envie Peter Hook. Elle sonne comme si U2 avaient continué sur le chemin de Zooropa au lieu de spamer iTunes. C’est l’un des meilleurs morceaux du disque, parfait exemple de la façon de faire des reprises avec style, et à la fois, un possible single. Le disque continue avec une autre chanson, « Prurient Real », qui vous fera danser jusqu’au bout de la nuit dans n’importe quelle discothèque gothique digne de ce nom. « The Cold Lord », en revanche, est une chanson étrange, dominée par d’inquiétantes voix fantasmatiques qui gravitent sur un fond musical minime.
« Love Provocation » sonne comme des Echo and the Bunnymen électriques et heureux : on croirait apercevoir la lumière au fond du tunnel ou dans ce cas, au début de ce qui, on suppose, sera la face B. On revient à un morceau plus expérimental avec « Perennial » : des claviers planants et inquiétants, des batteries qui apparaissent et disparaissent, et une voix douloureuse dans l’un de nos morceaux préférés du disque. Si Radiohead n’étaient pas aussi bizarre, ils feraient cette musique. On revient à des rythmes où il est possible de danser avec « Voices/Seers/Voices », mais sans perdre l’obscurité qui caractérise le disque. « Orchids » est une version spoken word du morceau de Psychic TV avec Holly Hero, qui ressemble ici à une Anne Clark du XXIe siècle. On continue sur le même cours, avec la belle et hypnotique « Tomorrow’s Gone », qui est de nouveau une reprise avec beaucoup de personnalité. Les cris de « The river of Three Crossings » réussissent à créer une atmosphère maladive qui contraste encore une fois avec les belles voix et l’air presque folk du morceau. Le disque se termine encore une fois à deux voix avec la spectrale « Decameron », point final qui nous embrase de sa beauté.
Un LP très intéressant, suffisamment expérimental pour vous surprendre et avec de belles mélodies accrocheuses. C’est la fin d’une ère, étant donné que deux des membres, Dan Shea et Buddy Preston, ont quitté le groupe, mais c’est aussi la promesse d’un renouveau que nous voulons découvrir. L’édition sera limitée à 300 copies en CD, 200 en vinyles noir, 100 en vinyle gris et 50 cassettes. En plus, un single avec le morceau « Prurient » sur la face A et « Angles of Cremation » sur la face B est également sorti. Il s’agit d’une édition spéciale pour les collectionneurs de 23 copies.