Cette année, Le Guess Who est de nouveau l’un des festivals les plus intéressants de l’année, avec une affiche incroyablement variée, digne des mêmes louanges qu’elle avait reçues l’année dernière. Les curators de cette édition, et on pourrait même parler de tête d’affiche, sont Wilco, qui présentent leur nouveau disque, Julia Holter, Sunns et Savages. Parmi les groupes qu’ils ont sélectionnés, il est bon de mettre en valeur les suivants : Tortoise, Deerhoof, Steve Gunn, Lee Ranaldo, Laurel Halo, Jessy Lanza, Bob Ningen, Fennesz (que j’ai vu jouer il y a peu son Mahler remixed) ou Alessandro Cortini. À leurs côtés, faisant partie du programme général : Swans, Junun (le projet du guitariste de Radiohead), Dinosaur JR et Black Mountain.
Dans cet article, nous voulons parler plus particulièrement de certains artistes, moins connus, qui participeront aussi à cette édition du festival:
Pauline Oliveros : âgée de 82 ans, cette compositrice et accordéoniste est l’une des figures-clés de la musique expérimentale et électronique. Elle est la parfaite successeure à Charlemagne Palestine, qui avait joué ici l’année passée. Amie du grand Terry Riley et créatrice du concept de Deep Listening, elle nous démontrera comment on peut jouer de la musique avant-gardiste avec un accordéon.
Elza Soares : âgée de 79 ans, elle a derrière elle une longue carrière qui a commencé à la fin des années 1950. Sa vie est digne d’un roman-feuilleton. Elle a grandi dans la pauvreté, a vu mourir son second fils. Ensuite est arrivée la gloire. Elle s’est mariée avec un footballer, a publié certains des disques les plus décisifs de la musique brésilienne comme A bossa Negra ou Elza Pede Passegem. Toujours active, elle a été obligée de chanter en fauteuil roulant après avoir été victime d’un accident sur scène.
Patty Waters : chargée de la difficile tâche d’être la Annette Peacock de cette année, Patty a été découverte par l’une des plus grandes figures du free jazz, Albert Ayler, a enregistré pour l’incroyable maison de disque ESP-Disk et a été considérée comme l’une des plus grandes influences par des musiciens comme Diamanda Galás. Voici deux disques pour commencer à la connaître : Sings et College Tour.
Scott Fagan : pour ceux qui n’ont pas pu le voir pendant sa tournée espagnole, Fagan a enregistré South Atlantic Blues en 1968, joyau perdu du folk psychédélique entre un Donovan, un Van Morrison ou un Tim Buckley. Père biologique de Stephen Merritt des Magnetic Fields, il est de retour après autant d’années pour revendiquer sa place. Nous attendons son documentaire.
Idris Ackamoor and the Pyramids : Idris a été l’élève du pianiste mythique Cecil Taylor, a formé The Pyramids en 1972 et a parcouru l’Afrique avec son groupe, à la recherche de ses racines. Ils ont enregistré trois disques magnifiques et se sont séparés en 1977. Aujourd’hui, ils sont de retour en partie pour le grand intérêt qu’ils portent à leur musique en tant que musiciens de jazz. Ils ont enregistré un nouveau disque et le présenteront au festival.
The Ex : le groupe « punk » hollandais par excellence jouera deux fois : la première avec Fendika, groupe de musiciens et de danseurs éthiopiens, à la recherche du point de rencontre entre la musique traditionnelle africaine et le punk. Le dimanche, ils se présenteront en tant que l’Ex Festival : ils joueront trois heures et demie en improvisation avec un grand nombre de musiciens anglais et africains. Un voyage sans billet de retour.
Le Guess Who est également un festival pour voir de nouveaux artistes (tous n’auront pas 60 ans) : The comet is coming, Whitney, Anna Von Hausswolff, Beach Slang (qui ne participeront pas au final) ou Stara Rzeka.
L’électronique sera quant à elle représentée par le footwork de RP Boo et Jlin, l’omniprésent dernièrement DJ Nigga Fox, l’ambient moderne de Tim Hecker et l’ambient classique de Laraaji, ou encore par la techno de Samuel Kerridge ou de Raime.