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Chronique du Le Guess Who? 2016

par François Zappa

En ayant assez des festivals où jouent toujours les mêmes groupes et d’un public qui demande toujours la même chose, je me suis de nouveau rendu au festival d’Utrecht. Cette année, ils fêtaient leur dixième anniversaire avec une affiche du tonnerre.

Le vendredi, à cause du retard de l’avion, j’ai raté le concert des Filles de Illighadad. Après avoir enfilé le bracelet, je suis allé au RASA, une des salles où sont organisés les concerts, à 5 minutes du Tivoli, la « base du festival ». Le concert de Idris Ackamoor and the Pyramids a commencé avec quelques minutes de retard. Selon moi, ce concert est l’un des meilleurs du festival. Le groupe s’est mélangé au public et pendant que Sandor Merlin Mosss, le batteur aux origines cubaines prononçait quelques mots en espagnol, l’audience s’est levée pour se rapprocher de la scène et danser. Ils jouent une espèce de funk jazz avec des touches de musique latino. On retrouve dans la musique et dans la tenue d’Idris des clins d’œil à Sun Ra. En tant que leader du groupe, Idris a joué quelques-uns des meilleurs solos du concert. À ses côtés, au violon, Sandra Pointdexter et son regard triste. Son solo, qui a commencé sur un style très classique s’est transformé en samba, ce qui je crois, nous a tous surpris.

Je suis arrivé un peu tard pour Tim Hecker, et la salle était entièrement plongée dans l’obscurité. J’ai dû suivre le regard des gens pour savoir dans quelle direction regarder. Les gens ont fini par s’allonger au sol au son de sa musique électronique difficile, qui évitait les moments les plus prenants du disque, sol qui les emmenait au ciel. J’ai adoré.

De là, après quelques moments de repos, j’allais au concert de Low de A Dead Forest Index, pour terminer la journée. Même si à cette heure, j’aurais aimé une musique plus entraînante, ils ont donné un bon concert. En plus, le mélange limoncello et vin m’avait complètement détruit.

Le samedi, nous avons commencé avec Ryley Walker, qui à cette occasion s’est présenté avec un groupe, et quel groupe ! Lui est un frontman fantastique et sa pop folk aux longs développements instrumentaux était parfaite pour bien commencer la journée. Julia Holter, que cette fois j’ai pu voir de près (et elle avait l’air d’avoir fumé, bien que je puisse me tromper, mais bon, on est en Hollande après tout) a été géniale. Elle a joué les chansons de son dernier disque, quelques nouveautés et elle a fait l’éloge du festival bien qu’elle ne semblait plus se rappeler du nom des artistes qui y jouaient. Ensuite, on avait prévu d’aller voir Dinosaur JR, mais impossible, car la salle était pleine. Direction donc Elza Soares, pour avoir une bonne place. Son concert est le seul qui a dépassé l’horaire d’au moins une demi-heure. Dernièrement, en raison d’un accident, elle doit chanter assise, mais cela ne l’a pas empêchée de donner l’un des meilleurs concerts du festival. Dès la première chanson, « Coração do mar » on pouvait deviner que ça allait être une prestation de qualité. Elle a chanté la plupart des chansons de A mulher do fim do mundo. Tout était dans le sentiment. De là, direction la première partie du concert de The Ex avec Fendika, où le punk énergique des premiers s’est allié à la musique des seconds. Ensuite, Fendika a joué une demi-heure en solo, puis les deux groupes ont terminé ensemble pour la partie finale. Si dans un autre article je dis que le meilleur groupe avec des guitares du moment est Swans, pour moi The Ex font partie du top 10.

J’en ai profité pour me reposer un peu dans la même salle jusqu’à l’arrivée de Wooden Shjips, qui ont un bon son bien psychédélique. La fin de la fête a été assurée par le trio instrumental de The comet is coming. Très divertissants et parfaits à l’heure où les gens ont envie de faire la fête.

En principe, le dimanche était le jour que je préférais. J’ai commencé avec Phurpa, un collectif russe qui à cette occasion s’est présenté en duo. Ils font une espèce de chant guttural, une espèce de drone avec la gorge accompagné parfois d’instruments traditionnels de la religion tibétaine. Je n’ai pas réussi à me connecter à leur musique. Scott Fagan venait présenter son classique South Atlantic Blues.  Il a cassé une corde de sa guitare, et en attendant qu’on lui rapporte, il nous a fait un discours, parfois un peu déconnecté, qui a un peu rompu la magie de son concert. Ensuite Pita, le chef de Mego, a fait un petit concert d’électronique qui m’a enchanté.

Patty Waters a joué avec un trio qui inclut le pianiste Burton Greene, avec qui elle avait enregistré ses disques les plus célèbres. Le concert s’est divisé entre des thèmes instrumentaux où Patty se reposait et entre les chansons où elle chantait, avec un émotif « Moon, Don’t Come Up Tonight ». Après, Pauline Oliveros, morte récemment, armée de son accordéon et de nombreux effets, nous a démontré pourquoi son nom ressort du panorama de la musique expérimentale. Jamais je n’aurai pensé qu’il était possible de faire autant de sons différents avec un accordéon. Samuel Kerridge a commencé doucement, mais a ensuite mis le paquet. Après un grand concert de Sunns, puissants et avec beaucoup de chansons, j’ai fini le festival avec JLin, DJ de footwork qui nous a fait danser  jusqu’à ce que l’heure maudite arrive de prendre le dernier tramway.

Mon seul regret : ne pas être arrivé le jeudi pour profiter plus de ce festival unique.

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