Le nouveau disque d’Eleven Pond, dont nous vous parlions dans notre interview au groupe, est sorti. Drive est une véritable rupture, c’est un album moderne et très, très obscur. On y retrouve encore les traces de l’identité du groupe, mais avec un nouveau son qui incorpore de nouvelles références et facettes du groupe. Le disque, cinquième œuvre du groupe de Jeff Gallea, se concentre sur l’obsession pour les véhicules, mais aussi sur l’envie de rechercher l’amour, comme le présente le titre dans un jeu de mots impossible à traduire en français. Garey Spider et Asa Fox ont participé à l’enregistrement du disque, que vous pouvez écouter et acheter ici.
Le morceau titulaire, « Drive » est très électro et fait partie des chansons les plus dynamiques du disque. Jeff Gallea nous avait déjà avertis que ce disque serait terrifiant et il ne nous a pas menti. Des images d’autoroutes infinies qui traversent des villes détruites me viennent à l’esprit alors que j’écoute le morceau. Ensuite, nous avons « Headlock », autre morceau puissant qui est, cette fois, presque EBM et qui pourrait rappeler Front 242. L’électro revient avec « So Far Away », morceau imprégné de cette mélancolie qui va comme un gant au groupe. Dans « Miss Wonderful », les révolutions diminuent et les guitares montent, alors que nous voyageons dans le monde à la recherche de la femme parfaite.
Pourquoi faire une autre reprise de Velvet Underground ? La réponse est « Venus In Shells », qui présente un point de vue original où aussi bien l’interprétation de Jeff Gallea que l’utilisation du mélodica donnent une nouvelle vie inimaginable à l’un des chefs d’œuvres de Lou Reed et de John Cale. L’influence de New Order survole presque tout le disque et devient évidente dans des morceaux comme « Black Keys » dont nous connaissions une version live. Le travail des synthés de « Dream Within a Dream », où un poème d’Edgar Allan Poe est mis en musique, est l’un des meilleurs que nous ayons écouté depuis longtemps. C’est, à mon humble avis, l’un des meilleurs morceaux du disque. Le mélodica et la mélancolie reviennent dans « Tangerine », où Jeff chante avec douleur sur un fond acide de synthés. Nous aimons le contraste entre cette interprétation triste et passionnée, et cette musique qui est une véritable invitation à faire la fête. La sensualité a toujours été présente dans la musique d’Eleven Pond depuis « Watching Trees ». Elle devient la protagoniste de « When She Asks For More », morceau dont la genèse date de 1989, et où la guitare fait un retour en force inespéré.
Parfois, la vie passe trop vite et nous avons besoin de choses pour arrêter le temps et pouvoir savourer l’instant présent. Drive s’écoute et se vit, nous émeut et nous enrichit et surtout, nous rappelle qu’autrefois, les disques étaient beaucoup plus qu’un simple ensemble de fichiers.