Ce qu’on aime des festivals, c’est qu’ils nous offrent la possibilité de connaître de nouveaux groupes. AstraSonic a été l’une des belles surprises du W-Fest de cette année. Outre leur tournée intensive en Belgique, cette année, ils ont sorti une nouvelle version remastérisée de leur premier disque, Passengers, que vous pouvez écouter ici. Nous avons parlé avec Rapha Mantra, guitariste et fondateur du groupe belge qui jouera le dimanche au W-Fest, sur la scène Oliver Daout Stage.
—Quand et comment a commencé AstraSonic?
—Seb et moi, on se connaît depuis 2015. On faisait partie d’un groupe de reprise de The Cure. Début 2017, on a commencé à faire des sessions d’improvisation avec basse et guitare, et on a enregistré ces premières idées dans mon studio. J’ai ajouté de la batterie et du clavier, jusqu’à une douzaine d’instruments. AstraSonic est né en avril 2017. On a mis nos morceaux sur Soundcloud, et on a cherché un chanteur qui a dû passer un test. JC a réussi ce test avec brio en chantant sur notre single « New Angels » et a rejoint le groupe en mai 2017. Le disque est sorti en janvier 2018. Tim s’est joint à nous après plusieurs concerts sous forme de trio, il y a un an, en août 2018. On s’est rendu compte que, pour les concerts, on avait besoin d’un batteur.
—Au début, vous vouliez enregistrer un album de coldwave. Quels groupes vous influençaient ?
—Quand j’ai commencé à faire de la musique, mes premières influences étaient Joy Division, Sister of Mercy, Killing Joke, The Cure et Siouxsie and the Banshees. Dans les années 90, comme beaucoup de gens, j’ai été emporté par la vague de Seattle, mais j’étais aussi fan des Smashing Pumpkins, des Pixies et de Tool. Aujourd’hui, j’écoute des groupes comme Editor, Interpol, et aussi des groupes indépendants comme Principe Valiente, Holygram… Seb est principalement fan des Cure. Il aime également le post-punk des années 80, tout particulièrement Joy Division. En fin de compte, nos influences sont très variées. Tout le monde dit que notre musique a l’air tout droit sortie des années 80, mais c’est impossible de nous qualifier de groupes post-punk. C’est difficile de nous classer dans un style particulier, et c’est parfait. L’idée est de créer sa propre signature musicale.
—Par la suite, lorsque votre chanteur a rejoint AstraSonic, le groupe a ajouté des influences de rock américain. Quels groupes vous plaisaient ?
—JC a des influences de chanteurs comme Eddie Vedder de Pearl Jam et Bruce Dickinson de Iron Maiden.
—Est-ce facile pour un groupe comme vous d’attirer des jeunes à vos concerts ?
—Ce n’est pas facile. Au sud de la Belgique, en Wallonie, les moyens de communication et la radio ont peu à peu concentré leur programmation depuis la fin des années 90 à la pop française, en passant par le rap. Beaucoup de jeunes n’écoutent que ça, à part ceux qui écoutent du métal. Une bonne partie de nos fans de notre pays ont 40 ans ou plus. Heureusement que le reste du monde existe. Dans le nord de la Belgique, en Flandres, c’est très différent car ils sont restés plus proches de la culture anglaise. Pour les jeunes Anglais, le rock alternatif est encore présent, tout comme en Allemagne et en Italie. Les réseaux sociaux nous permettent de communiquer et d’être connus par un public plus ample.
—L’année dernière, vous avez sorti votre premier album. Que pouvez-vous nous dire sur le processus d’écriture et d’enregistrement ?
—Pour la partie musicale, Seb et moi on a composé 8 des 10 titres. JC a créé les mélodies du chant et les textes. J’avais composé « Sunset » bien longtemps avant le projet AstraSonic. JC l’interprète avec la mélodie du chant et les textes que j’ai écrits. Pour « I Will Wait », il s’agit d’une ancienne composition de JC, qui est tout comme moi, multi-instrumentiste et compositeur. Je me suis juste chargé de l’électro.
Pour l’enregistrement, c’était un véritable challenge. On avait une date limite située en janvier 2018. C’était intéressant de se motiver et de se concentrer pour atteindre cet objectif pendant 8 mois. On a enregistré tout le premier album dans un studio maison. Les parties instrumentales ont été enregistrées chez moi et JC a enregistré ses voix chez lui. On a aussi mixé l’album, mais le mastering a été fait par un ingénieur du son professionnel.
—Qui écrit les paroles des chansons ?
—JC a écrit les paroles des chansons, sauf pour « Sunset ».
—Est-ce difficile d’avoir un groupe indépendant de nos jours ? Comment faites-vous la promotion du groupe ?
—Aujourd’hui encore, nous n’avons pas de label. On s’occupe tous du management du groupe, ce qui, bien sûr, n’est pas facile. Seb est celui qui se sent le plus à l’aise du point de vue de la communication. En outre, il connaît beaucoup de personnes de la scène underground belge. Il y passe beaucoup de temps. On a aussi la chance d’être entouré de fans motivés et loyaux, qui participent aussi à la promotion du groupe. Par exemple, on ne s’occupe plus de vendre le merchandising en concert, ni des flyers, ni des événements Facebook. L’un de nos fans nous a aidés à réécrire les statuts de notre ASBL. Un autre a créé notre texte de promotion et notre press-book. Au fil des mois, on a développé une petite équipe. Depuis le début, avec notre premier single et tout particulièrement grâce au crowdfunding, on a développé nos réseaux sociaux au maximum. Pour ce qui est des médias, notre album a été bien reçu et a eu des critiques positives. Nos chansons passent sur les radios indépendantes en Allemagne, en France et en Belgique. Ce serait bien pour nous d’avoir un label, mais pour le moment, on est surtout à la recherche de bookers internationaux.
—Qui a eu l’idée de faire un remix de Dragon’s Flight de Fatherless Child ? Prévoyez-vous de faire d’autres remix ?
—On est amis du groupe Dageist. Nicolas, en plus de faire des remix sous le pseudo de Fatherless Child, travaille aussi sur les parties électros et les mix du groupe. Dès qu’il peut jouer du clavier, il rejoint Davide et Fred sur scène. Seb lui a proposé de remixer un titre. On est très contents du résultat, la voix de JC est encore plus belle. Pour l’instant, on n’a pas prévu d’autres remix. On va se concentrer sur notre deuxième album tout en faisant la promotion du premier. Mais rien ne dit qu’on ne répétera pas l’expérience à l’avenir.
—Que s’est-il passé avec le crowdfunding qui devait servir à sortir votre album sur CD ? Au final, vous l’avez juste remastérisé?
—Avec le crowdfunding, on avait prévu de faire le mastering, la conception du design, sortir 300 copies et créer les T-shirts. Plus tôt cette année, on a décidé de remixer et de remastériser l’album à nos propres frais. On a dû recommander de nouvelles copies car il ne nous en restait plus. Avec une année de recul, on a compris nos erreurs de mix et on voulait faire un mastering plus moderne et moins années 80. Aujourd’hui, les 300 personnes qui possèdent la première version de l’album en ont un nouveau, qui deviendra peut-être le joyau des collectionneurs plus tard.
—Comment se passe votre tournée ? J’ai vu que vous aviez joué en Belgique et en France. Pensez-vous visiter le reste de l’Europe à l’avenir ?
—Si tout se passe comme prévu, la tournée de la deuxième tournée aura lieu au printemps ou en été l’année prochaine. Notre objectif principal est de faire plusieurs tournées dans plusieurs pays, comme l’Allemagne, la Hollande, l’Angleterre, la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal. En fait, dans tous les pays d’Europe où on pourrait jouer au moins deux dates à la suite. C’est pourquoi on recherche des bookers de ces pays afin qu’ils nous aident et qu’on ait de bons contacts.
—Une anecdote de tournée à nous raconter ?
—Quand on joue, c’est une véritable fête pour nous. On y prend beaucoup de plaisir, mais on aime aussi rencontrer nos fans et d’autres groupes. On a été tout particulièrement intéressés et amusés par le projet #Belgitude. L’une de nos fans est institutrice, et elle a présenté des groupes belges à ses élèves. On a participé au projet. Sa classe a écouté l’album, et comme les enfants l’ont adoré, elle a organisé un concert à l’école. Le public était assez nombreux, car tous les parents étaient invités. On a joué devant les enfants, qui étaient en première file. Ils nous regardaient, les yeux pleins d’étoiles. Les parents, dix mètres plus loin, nous regardaient avec un intérêt certain. Pour notre titre « I Will Wait », les enfants avaient préparé une chorégraphie. Ils se sont vraiment amusés, ce qui nous a motivés. De fait, JC qui avant ce concert était toujours un peu réservé sur scène s’est déchaîné. Il est même allé dans le public pour changer. Depuis, il l’a fait quelques fois. Merci, les enfants.
—Allez-vous sortir un deuxième album ?
—Oui, l’année prochaine, si tout se passe bien. Cette fois, on se mettra moins la pression et on prendra le temps de bien faire les choses pour que tout soit parfait.
—Comment était votre concert en première partie de Cock Robin ? Vous étiez supposés jouer aussi en première partie de Peter Murphy, n’est-ce pas?
—C’était vraiment une chouette expérience de faire la première partie de Cock Robin. On a vraiment été bien accueillis par l’équipe d’organisation du W-Fest. Erik De Ridder, l’organisateur, nous a fait une magnifique offre en nous proposant ce concert. L’équipe aussi, les roadies, les volontaires, tous sont super sympas et hautement qualifiés ! Cock Robin est aussi une personne de très accessible, et parle très bien français. Pour le concert en première partie de Bauhaus, on a eu un problème contractuel. Bauhaus a réorganisé sa tournée et un autre groupe associé à leur label a été automatiquement programmé en première partie. Erik De Ridder a fait tout son possible pour qu’on puisse jouer, mais tout ça créait beaucoup de problèmes pour l’équipe de Bauhaus. Leur agent a refusé catégoriquement deux jours avant la date. Bien sûr, on était déçus, mais nous ne sommes qu’au début de notre histoire, et notre groupe a déjà connu de superbes expériences depuis.
—Que pouvez-vous nous dire sur votre concert au W-Fest ?
—Pour nous, ce concert est très important. C’est une excellente occasion d’atteindre un public européen. On va se donner à 200 % et laisser un merveilleux souvenir aux personnes présentes et à nos fans.